La révolution des pauvres aura t-elle lieu ?
Après les émeutes des banlieues parisiennes en 2007, les révoltes des indignés grecs et espagnols, la Grande Bretagne vient de vivre quatre nuits d'émeutes marqués par des pillages et des saccages des biens. Les jeunes révoltés ont brûlé des bâtiments et les maisons. Ces violences des jeunes envers la société soulèvent une question : qu'elle est l'origine de ces révoltes ?
Certains comme David Cameron pointe du doigt l'effondrement de l'ordre moral dans les sociétés occidentales. Il met en cause la faiblesse du système éducatif qui a tourné le dos à l'autorité des parents et des enseignants. Le manque d'autorité dans la société a eu pour conséquence de fabriquer des enfants rois qui échappent à tous les types de contrôle.
La situation de ces enfants s'aggrave quand ceux-ci viennent des familles monoparentales. Il faut le dire, c'est dans ces familles qu'on trouve la majorité des enfants en difficultés, des révoltés qui s'en prennent à la société toute entière.
Pour pallier à ces violences, David Cameron propose le rétablissement de l'ordre moral par le moyen de l'école. Selon lui, Il suffit de remettre l'autorité à l'ordre du jour pour que les pauvres en révolte acceptent agréablement leur condition de vie sans risque de s'indigner. Et, au cas où certains d'entre eux tenteraient de se révolter, il suffirait de dresser contre eux les forces de l'ordre dont la mission est le maintien de l'ordre et la discipline utiles aux paisibles citoyens.
On remet au centre du débat la place de l'école dans les sociétés occidentales. Pour tout dire, l'école a échoué dans sa mission de transmission des valeurs.
Des quelles valeurs parle t-on ?
Pour les riches, la mission de l'école consistait à inculquer aux pauvres et à leurs enfants l'ordre, la discipline et l'obéissance à l'autorité. Qu'ils admettent comme relevant de la volonté divine les inégalités sociales.
Cependant pour les pauvres, l'école a une autre mission, celle de jouer la mission d'ascenseur social. En effet, en considérant à tort que l'école est le socle de l'égalité des chances pour tous sans distinction de la condition de naissance, les pauvres et leurs enfants croyaient ou voulaient croire que les diplômes permettaient de changer de conditions de vie. Aujourd'hui, ceux qui ont fondé leurs espoirs sur l'école constatent que les simples diplômes ne suffisent pas. Ils sont toujours pauvres et exposés à la précarité malgré des nombreuses années passées à l'école avec succès pour certains.
L'école a échoué n'ont seulement parce que les pauvres et leurs enfants refusent la soumission, l'obéissance et l'autorité d'une société dirigée par les riches mais aussi parce que les enfants des pauvres héritent la pauvreté de leurs parents. Ce qui maintien et dans certains cas accroît les inégalités sociales.
Tout compte fait, les inégalités de naissance subsistent après les études et prennent d'autres formes qui rendent la vie des pauvres, soit 80% de la population mondiale, aussi difficile que celles de leurs parents. Pendant ce temps, en face d'eux, toute une caste privilégiée par les conditions de naissance font et défont à volonté des crises financières et économiques. Cette minorité possède 90% de la richesse mondiale et fait plier tous les politiques à leurs causes.
Ces riches vivent dans l'insouciance. Ils spéculent et détruisent tout le système économique en manipulant des chiffres et des lettres. Je parle des agences de notation qui nous prennent en otage. Ces spéculateurs devant qui nos gouvernements sont dépourvus de moyens de défense sont les maîtres du monde. De ce point de vue, rien n'a changé.
Ainsi, nos dirigeants au lieu de gouverner dans le sens du développement social, prennent des lois qui enfoncent les pauvres tout en accordant des avantages fiscaux aux riches.
Où est l'ordre moral ? De quel côté se situe- t-il ?
De celui qui sait que la société ne lui donne aucune chance de s'en sortir et qui utilise tous les moyens à sa disposition (même la violence) pour faire valoir son droit à une vie digne ou de celui qui met en place des mesures qui limitent des solidarités financières dont dépendent des milliers des familles sous couvert des crises financières et économiques fabriquées de toutes pièces par des spéculateurs sans foi ni loi sous la haute protection des politiques ?
En France, les sociétés du CAC 40 réalisent plus des bénéfices qu'au paravent. On le sait depuis peu, qu'elles ne payent presque pas d'impôt grâce aux paradis fiscaux et autres choses de ce genre. En même temps, le gouvernement français a décidé de réduire les aides pour l'hébergement d'urgence des pauvres afin de réaliser des économies. Où est la morale ?
Nous vivons maintenant dans des sociétés qui dérivent par la seule faute des gens ni foi ni loi. Au lieu de s'interroger sur les malaises qu'ils infligent aux pauvres qui n'ont peuvent plus, ils décident sans gène de s'interroger sur les révoltes que les pauvres opposent à leurs politiques désastreuses.
Les riches et les politiques n'arrivent plus à diriger la société. Ils n'arrivent plus à faire vivre la société en harmonie. Ils détruisent toute espérance et toutes les solidarités. On n'arrive plus à vivre entre les jeunes et les vieux, entre les élèves et les enseignants, entre les étrangers et les autochtones etc. Chacun se méfie de chacun comme les français et les allemands au temps de la grande guerre.
Toutes leurs mesures anti-sociales exposent les pauvres aux puissants. Les pauvres ne se sentent plus protégés. Ainsi, ils se révoltent par mécanisme de survie. C'est la nouvelle forme de la lutte des classes.
Les puissants qui soutiennent toutes ces lois immorales sont tous immoraux. Loin d'être les garants de la morale, ils s'en prennent avec virulence aux révoltés qui expriment leur désarroi. On voit bien que les puissants n'ont que les intérêts économiques à défendre. C'est dire qu'ils sont mal placés pour parler de l'ordre moral, car ils représentent la classe des corrompus. Les politiques ne représentent plus le peuple qui les a élu, bien au contraire, ils font les jeux des grands patrons qui rapinent des pauvres et les enfoncent dans la boue. Ils défendent des forts au détriment des faibles. Ils prennent partis pour des patrons au lieu des salariés.
Au lieu de moraliser des pauvres, il vaut mieux vous moraliser. Au lieu de spolier des pauvres, il vaut mieux leur donner du pain. Tant que cela ne sera pas compris, des pauvres se révolteront toujours. Et si rien ne change, ils feront leur propre révolution. Oui, c'est le prix de la survie. Braver l'interdit, braver l'ordre, braver la discipline, braver l'autorité, braver l'état et les symboles de l'état est la nouvelle lutte pour la vie pour des indignés. Il s'agit d'une question de vie ou de mort.