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  • : Ce blog traite des causes endogènes et exogènes liées à la pauvreté de l'Afrique. Il fait par ailleurs un pont entre l'Afrique et la France: la françafrique.
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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 10:26

Le commerce transsaharien existe depuis l’antiquité, y compris celui des esclaves. L’introduction du chameau,    au IIIe s, facilite le commerce.

En Afrique noire, l’esclavage est ancien, posséder des captifs pris au combat est un signe de richesse et de puissance ; cette forme d’esclavage est issu de la traite interne, les esclaves sont destinés aux sociétés locales, en particulier à l’empereur et sa cour.

A partir du VIIIe s, à la suite de la conquête arabe, les musulmans systématisent, organisent de nouvelles formes de traite négrière englobées sous l’appellation de traites orientales, ensemble à l’intérieur duquel on distingue la traite transsaharienne. Le Coran ne remet pas en cause l’esclavage, sous condition que l’esclave ne soit pas musulman. Ces traites arabo-musulmanes commencent donc au VIII° s, elles précèdent la traite atlantique et lui survivent au moins jusqu’à la fin du XIX° s voire début XXe s.

Les routes transsahariennes relient le nord au sud selon 3 axes principaux :

  • L’axe reliant la Tripolitaine au Kanem par Zawila

  • L’axe reliant les villes de Tunisie comme Tunis, Kairouan ou l’Algérie avec Alger

à Gao ou Tombouctou au Mali par Warghla…

  • L’axe reliant les villes du Maroc comme Fès, Sidjilmassa aux royaumes du Soudan par le Touat

  • « la traite vers le monde arabo-musulman et vers l’Asie orientale » (Elikia M’Bokolo, Afrique noire, histoire e

    civilisation, tome 1 : jusqu’au XVIII° S, Hatier, 1997)

Il est difficile d’estimer le nombre d’esclaves vendus mais cela se monte à plusieurs millions : Elikia M’Bokolo dans son ouvrage « Afrique noire, Histoire et civilisations, tome 1, Des origines au XVIIIe s » (chapitre 3 p170-176), pense qu’une évaluation est impossible. Il fait référence cependant aux estimations de Ralph Austen mais à utiliser avec précaution. Ces extraits sont publiés dans le manuel « Regards sur l’Afrique » rédigés par Joseph Ki Zerbo et Elikia M’Bokolo (Hatier, 2010).

Pour Olivier Pétré-Grenouilleau (in La Documentation Photographique n°8032, « Les traites négrières » 2003) 17 millions de captifs auraient été déportés par les différentes traites orientales entre 650 et 1920 dont 9 millions pour la traite transsaharienne ; les traites internes (destinées à alimenter en esclaves les sociétés d’Afrique noire) ont, au total, quant à elles conduit à la réduction en servitude d’un peu plus de 14 millions de personnes. Dans l’Atlas des esclavages de Marcel Dorigny et Bernard Gainot (édition Autrement, collection Atlas / Mémoires, 2006) la traite transsaharienne est donnée sous forme de graphique : le total, de l’an 700 à 1900, est de 7,450 millions d’esclaves.

 

Ralph Austen “ “The trans-saharan slave trade : a tentative census”, in HA.Gemery, et J.Hogendorn (eds), The Uncommon Market : Essays in the Economic History of the Atlantic Slave Trade, New York, Academy Press, 1979, pp. 66 et 68 ; African Economic History, Londres, James Currey, 1987, p275.

 

L’exemple d’une route des esclaves du royaume du Mali au Maroc.

 

Dans la période de notre Moyen-âge, les royaumes du Soudan comme celui du Mali islamisés, participent à la traite des esclaves : la guerre, les razzias permettaient de capturer des esclaves pour les vendre aux marchands arabo-musulmans qui recherchaient des esclaves non musulmans.

Au Mali, les villes comme Tombouctou, Djenné et Gao, surtout aux XIIe et XIII siècles, sont les plaques tournantes du commerce de l’or, des esclaves…, et relient le Sahel à la Méditerranée par les routes du désert. Ce commerce enrichit l’élite et les marchands intermédiaires convertis à l’Islam.

carte des « échanges transsahariens entre VIII° et XVI° s » dans Histoire de l’Afrique ancienne VIII-XVI° s, dossier n°8075, mai – juin 2010, de P. Boilley et J-P Chrétien, La documentation photographique.

Au XIIIe siècle, Soundjata Keita aurait élaboré la charte du Manden (en 1222 ?) qui condamne l’esclavage… mais dans la réalité la traite continue et se développe ; les mêmes routes ont toujours été utilisées pendant 1400 ans et cette traite négrière a même perduré jusqu’au XIXe s.

Au XIVe siècle, Tombouctou devient le principal pôle commercial, d’après le géographe musulman Ibn Battûta qui est l’un des premiers à décrire la ville, les routes qui y mènent.

Les caravanes se dirigeaient alors vers le nord, en direction du Maroc et de la côte méditerranéenne en passant par les oasis du Sahara. Pour assurer la sécurité et éviter que les caravanes ne soient pillées, l’armée bien organisée du royaume du Mali protégeait ces routes commerciales. Les souverains marocains avaient fait construire des forteresses le long des routes pour les haltes. Cependant le trajet était long (environ deux mois de marche pour parcourir 1500,1800 km à travers le désert), dangereux et pénible pour les esclaves entravés, privés d’eau. La mortalité était importante.

tableau montrant la traite orientale arabo-musulmane, le génocide voilé, Tidiane N’Diaye, Gallimard, 2008.

Sidjilmassa, à la porte du désert, était le point de passage obligé pour les caravanes, lien entre l’Afrique « blanche » et l’Afrique « noire ». La ville était fréquentée par des marchands arabo-musulmans venus de Fes, Marrakech…

Arrivés à Marrakech ou dans toutes autres villes de la côte méditerranéenne, les esclaves étaient vendus au marché sur la place publique ou dans les souks ; les hommes étaient utilisés dans les grandes plantations, dans les mines de sel, dans l’armée, dans les harems comme eunuques et les femmes pour les travaux domestiques et les harems.

représentation du marché des esclaves de Marrakech dans « Les civilisations de l’Afrique », Maucler et Moniot, Casterman, 1987.

 

D’autres routes traversaient le Sahara en direction du Caire et de la Mecque comme le montre le pèlerinage de Kankan Moussa en 1324. Celui-ci, précédé de milliers d’esclaves, fait halte au Caire pour rendre visite au sultan. A son retour, il rentre au Mali accompagné de lettrés, d’intellectuels, d’architectes arabes et fait construire des mosquées à Tombouctou, Djenné.

 

un extrait de l’ouvrage d’Ibn Battuta, Voyages, 1352, au sujet de la cour de l’empire du Mali, où il fait mention d’environ 300 000 esclaves armés qui suivent le Mansa.

l’Atlas dit « Catalan », d’Abraham Cresques (1325-1387) paru dans La Documentation Photographique (pp 24-25) n°8075, mai-juin 2010.

 

 

Abolition de l'esclavage : Maroc,1922; Afghanistan, 1923, Irak, 1924, Transjordanie et Iran, 1929; Bahrein, 1937; Koweit, 1949; Qatar, 1952; arabie Saoudite, 68; Oman, 70; Mauritanie, 80! Et l'esclavage persisterait dans les régions du Soudan et de la Mauritanie!

 

 

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