III-3-2 : LES REPUBIQUES DES ETHNIES
Depuis la colonisation, on constate avec amertume, que plus de la moitié des guerres en Afrique sont d’origine ethnique, car les relations interethniques ne sont pas soudées à l’intérieur des territoires. Les Koongos, par exemple, ont toujours rêvé de reconstituer leur royaume. Ils gardent entre eux des bons rapports, mais où qu’ils soient, ailleurs comme à l’intérieur des Républiques nouvelles, le sentiment du vivre ensemble avec d’autres ethnies ne subsiste presque pas. Ce sentiment d’hostilité est également ressenti par d’autres ethnies à l’égard des Koongos. De fait, les pays africains dans leur forme actuelle ne sont pas faits pour devenir des Nations étant donné qu’ils concentrent en leur sein des peuples trop différents, et qui voudraient le rester ; « les divisions, l'ethnicité… empêchent l'émergence des nations.»2A l’origine du désordre, il y a l’acte de Berlin de 1885 qui regroupa des ensembles sociaux liés par des rapports d’hostilité dans un même territoire. Par ailleurs, l’absence de l’Etat dans ces pays complique encore la situation. Il est important de souligner que les grandes Nations européennes étaient à l’origine formées de communautés ethniques différentes par leurs cultures et diverses par leurs niveaux d’organisation. Mais ces ethnies ont fondu en un tout vivant au bout d’un cheminement long et difficile soit ? la volonté manifeste de vivre ensemble soit encore ? par la force des l’Etats. En Afrique, les ethnies ont été contraintes, de cohabiter sur un même territoire. Tant que l’Européen était là, cela semblait tenir, par la terreur bien sûr. Dans ce rôle, les nouveaux dirigeants échouent. Ainsi, chaque ethnie, pour mieux être servie, lutte-t-elle pour placer quelqu’un des siens plus haut. Et le dirigeant dans ces conditions-là, est tout simplement l’otage de son ethnie car incapable de s’élever au-dessus de son groupe primaire. Cette atmosphère s’épaissit d’autant plus que l’espace à partager, la ville, reproduit à l’identique les espaces ruraux ethniques. De la ville européenne, on passe à la ville-ethnicité. Il faut souligner que par principe la ville européenne est née suite au développement économique. En Afrique, la ville n’est pas consécutive au développement économique, ce qui fait d’elle un espace de loisir permanent. En lui conférant cette dimension, la ville devient tout simplement un poids.