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  • : Ce blog traite des causes endogènes et exogènes liées à la pauvreté de l'Afrique. Il fait par ailleurs un pont entre l'Afrique et la France: la françafrique.
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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 12:28

Photob 0011) l’origine du Ghana
Ce royaume aurait été fondé vers 770 par les Soninkés, un peuple animiste vivant à la lisière sud du Sahara depuis le
IVe siècle et maîtrisant la métallurgie. Il est mieux connu à partir de 734 quand les arabes entrent en contact avec ce
qu’ils nomment le « pays de l’or », unifié par la dynastie des Cissé Tounkara dont les rois se faisaient appeler « kaya
maghan » (roi de l’or). Le Ghana est aussi appelé empire Wagadu («ville des troupeaux » en Soninké). « Ghana » ou
« Gana » est donc à l’origine le nom que porte le souverain, qu’on peut traduire par « roi de l’or » « maître de l’or »,
ou encore « chef de guerre » selon les auteurs. L’apogée du royaume se place entre la fin du Xe et le début du XIe
siècle.
2) L’organisation du royaume
Ce royaume était organisé sous la forme d’une fédération dont la personne du roi assurait l’unité. Dans les provinces,
soit des gouverneurs représentaient le roi, soit les monarchies locales étaient laissées en place en échange d’otages et d’un tribut. Le « Ghana » était un roi presque absolu, mais les chroniqueurs arabes aiment à détailler des scènes « à la Saint Louis sous son chêne » qui montrent à la fois qu’il était proche de son peuple et juste : audiences quotidiennes, procès sous la forme d’ordalies…
Un système de taxes commerciales perfectionné était en place, ce qui permettait et justifiait à la fois l’existence d’une
administration nombreuse, appuyée par une armée efficace. Selon les sources, le Ghana pouvait mobiliser 200 000
fantassins, dont 40 000 archers. La maîtrise du fer et de la cavalerie est aussi soulignée. L’organisation de cette armée fait un peu penser au système féodal : pas ou peu d’armée permanente, mais des troupes levées dans les provinces en cas de besoin.
En matière de religion et de culture, il semble que les rois du Ghana appréciaient de jouer sur les deux tableaux de
l’animisme (récit de Ouagadou-Bida, le serpent sacré qui apporte la prospérité) et de l’Islam. Leur royaume était donc
mixte à partir du VIIIe siècle comme le montre l’organisation de la capitale, Kumbi Saleh (au sud de l’actuelle
Mauritanie). Cette agglomération de 20 000 habitants était formée de deux villes séparées de quelques kilomètres :
l’une pour les musulmans, l’autre pour les animistes, où résidait le roi…musulman. Cette coexistence semble avoir été pacifique. Pas de trace de dhimma ou de conflits interreligieux.
Autre caractéristique originale pour un royaume en théorie musulman : les coutumes funéraires et successorales : Le
roi défunt aurait été enterré dans une case remplie d’objets usuels et de quelques serviteurs vivants ( ?) recouverte de
terre jusqu’à former un tertre. En outre, les dynasties étaient matrilinéaires : la coutume voulait que ce soit le fils de la
soeur du roi qui hérite du trône.


3) une richesse légendaire
La prospérité du Ghana était fondée sur deux ressources :
- le royaume contrôlait la route vers les régions aurifères du Bambouk et du Tekrour et faisait figure d’eldorado pour
les arabes et berbères. Tous les voyageurs et les géographes arabes insistent lourdement sur l’or : « Une terre où l’or
brillait comme des plantes dans le sable, ou comme des carottes cueillies au soleil », « …le roi du Ghana, qui est
l’homme le plus riche du monde par son or. », « …Quand il siégeait devant les gens, [le roi] posait devant lui une cape
décorée d’or. […] la cour se tenait dans un pavillon en forme de dôme, autour duquel se trouvaient dix chevaux
recouverts d’or. […] Des chiens, d’un fin pedigree, gardaient les portes de la cour, portant des colliers d’or et d’argent.
[…] dans la cour, il y avait un pilier en or, auquel il attachait son cheval. » D’autres encore insistent sur les cordes en
soie qui entravaient ses milliers de chevaux, ou sur leur harnachement en or. Il semble même que les rois du Ghana
aient établi des lois pour éviter toute surproduction/dévaluation de l’or, mais sur ce sujet les sources sont vagues :
certains parlent d’une répartition des trouvailles : pépites pour le roi, poussières pour ses sujets.
Apparemment, le royaume n’avait pas le contrôle direct des mines d’or qui appartenaient à un autre peuple, les
Wangara. Cependant il dominait le commerce en contrôlant les débouchés. C’est par exemple le Ghana qui avait le
pouvoir déterminant de définir le poids du lingot d’or.
- Deuxième source de richesse, le commerce transsaharien. Il permettait l’échange d’or, d’esclaves, d’ivoire, de plûmes d’autruche venues d’Afrique subsaharienne contre du cuivre, du sel, des chevaux, des livres, du tissu et des dattes venues du Maghreb. Il semble qu’au moins aux débuts, ce commerce ait été pratiqué sous la forme du commerce silencieux, sans contact direct entre les populations.

 

4) le déclin du Ghana
Les sources insistent sur les relations « compliquées » que le Ghana entretenait avec les Berbères sahariens. La plupart du temps ces relations étaient pacifiques, avant tout commerciales : des Berbères étaient même sujets du Ghana. Le point de friction récurrent entre les deux partenaires semble avoir été la ville commerciale d’Aoudaghost. Cette ville symbolise la tentation des deux parties de contrôler les ressources de l’autre à leur source pour se passer de son intermédiaire.
En 990, Adouaghost passe brièvement sous le contrôle des berbères unifiés par un dénommé Tilutane. Il semble
même qu’un roi du Ghana ait été assassiné à cette occasion. La ville est vite reprise, mais en 1054, les berbères unifiés par le mouvement almoravide d’Ibn Yasin la reprennent, avant de pousser en 1076 jusqu’à Kumbi Saleh, qu’ils
détruisent ( le massacre de ses habitants reste semble-t-il un enjeu mémoriel important encore de nos jours). A cette
date, les Almoravides contrôlent donc seul le commerce transsaharien. Le Ghana s’est replié vers le sud sans disparaître tout à fait : il retrouve son indépendance en 1087, quand le dernier chef Almoravide meurt.
La structure fédérale du Ghana ne résista cependant pas à ces revers de fortune : les provinces qui avaient profité des
guerres avec les berbères pour prendre leur indépendance (dont le Tekrour ou le Bambouk) refusèrent de retourner
dans le giron du Ghana. Des troubles durables génèrent le commerce. Une nouvelle route commerciale évitant le Ghana et aboutissant à Walata fut ouverte en 1224. Privé de ses ressources, le Ghana fut remplacé par le Sosso, puis annexéen 1241 par l’empire du Mali.
Il semble en outre que la surexploitation des forêts ait suscité une sécheresse durable, poussant les Soninkés à l’exil.
Cette sécheresse pourrait aussi correspondre à l’optimum climatique médiéval observé en Europe à cette période

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