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  • : Ce blog traite des causes endogènes et exogènes liées à la pauvreté de l'Afrique. Il fait par ailleurs un pont entre l'Afrique et la France: la françafrique.
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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 12:33

Photob 001Il existe peu de sources pour comprendre ce qui s’est passé entre la destruction du Ghana (1076, Al Bakri) et
l’avènement du Mali en 1235. Seul Al Idrisi évoque la région en 1154. Plusieurs royaumes semblent prendre le relai,
dont notamment le Tekrur, le Sosso et surtout les Songhay qui fondent Gao à cette époque.
Le Mali émerge donc d’une période de désordre. Il est fondé par les Malinkés, un peuple de pasteurs et de
commerçants dont le territoire est idéalement placé, entre les régions productrices d’or et le Ghana. Le mot Mali aurait
plusieurs significations en Mandingue : « là où habite le roi » ou « hippopotame » référence à la noyade du fondateur
Sundiata Keita dans un fleuve, ou encore « ceux qui portent chance ». Les malinkés, eux, appelaient leur pays
« Manden ». Comme pour le Ghana, l’immense majorité des sources provient des voyageurs et géographes arabes.


2) Le rôle de Sundiata Keïta
La création du Mali est l’oeuvre de Sundiata Keita, un personnage à la fois historique et légendaire dont l’épopée reste
un grand classique des griots (lutte du roi lion contre l’usurpateur Sumanguru) De façon très classique, il fonde son
royaume en unissant les Malinkés contre un ennemi commun, le roi du Sosso, Soumaoro Kante, qu’il bat en 1235 lors
de la bataille de Kirina. Il se fait alors appeler « Mansa », ce qui signifie « roi des rois » et reprend globalement les
recettes qui ont réussi au Ghana : profiter d’un rôle de carrefour et contrôler des routes commerciales vers le Sahara et
vers les régions aurifères.
Son organisation du Mali autour de sa capitale, Niani, reprend elle aussi les grandes lignes de celle du Ghana : structure à la fois fédérale et féodale du royaume (provinces dirigées par des gouverneurs, appelés « farin » ou royaumes vassalisés, gardés par des garnisons mandingues) et administration efficace (ministres spécialisés aux compétences bien délimitées, secrétaires pour les relations écrites avec le monde musulman). Son armée aurait regroupé 100 000 hommes : aristocratie à cheval accompagnés d’archers ou de lanciers, chaque province devant fournir un contingent.
Il innove cependant sur certains points comme le contrôle de la population. Elle est divisée en 30 clans spécialisés qui
rappellent les castes: 16 clans d’hommes libres, 4 clans de griots, 5 clans de marabouts et 5 clans d’artisans. Il fige
donc la société en rendant les métiers héréditaires. Pour décrisper les relations sociales, il officialise le système de la
parenté à plaisanterie (impolitesse rituelle entre clans ou familles). C’est cependant surtout par la Charte du Manden
que le règne de sundiata Keïta est devenu légendaire. Ce texte poétique quelque peu anachronique place la vie et la
liberté au dessus de tout.


4) L’apogée du Mali
La dynastie des Keïta règne avec une seule interruption jusqu’en 1389. Elle choisit de conserver une mixité religieuse :
Les couches dirigeantes sont islamisées, ce qui facilite le commerce vers le Maghreb et le Moyen-Orient, mais le peuple reste fidèle aux croyances animistes. L’Islam est aussi utilisé comme un moyen de contrôle social, grâce à l’introduction de la Charia et des tribunaux islamiques au début du XIVe siècle. Cette religion permet également d’unifier les différentes ethnies qui composent l’empire : nomades sahariens (Mesufa, Berbères, Touaregs), nomades
sahéliens (Fulbe, Peuls) et agriculteurs (Tukuloor, Soninke, Songhay, Wolof et Mandingues).
Parmi les rois de la dynastie Keïta, on peut retenir Aboubakri II, qui lança deux expéditions pour explorer l’océan
Atlantique et ne revint pas de la seconde, et surtout Mansa Mussa (ou Kankan Mussa). Le Mali atteint son apogée sous
le règne de ce roi qui a marqué les chroniqueurs arabes lors de son pèlerinage à la Mecque en 1324- 1325. Sa suite de 8000 serviteurs a impressionné et sa prodigalité légendaire en or aurait provoqué une dévaluation durable du dinar en Egypte et en Arabie. Sous son règne, les villes de Gao et Tombouctou sont construites en s’inspirant de l’architecture arabe (brique et toits plats). Cette prospérité se poursuit sous le règne de Mansa Suleyman, bien connu grâce à la visite d’Ibn Battuta. Tombouctou atteint alors 170 000 habitants et compte plus de 150 écoles. Selon la tradition, 7077 villages auraient entouré la capitale, Niani. On estime alors la population de l’empire à 40 millions d’habitants.
Tout comme le Ghana, le Mali a fondé sa puissance sur le contrôle du commerce entre la zone équatoriale et le Nord de l’Afrique : on retrouve les mêmes règles (taxes, droit exclusif du roi sur les pépites) et les mêmes marchandises (cola, or, sel). Seule nouveauté, l’importance du cuivre, exporté des mines royales de Takkeda vers le sud.


5) le déclin du Mali
Après la mort de Mansa Suleyman en 1360, des querelles de succession qui dégénèrent en guerre civiles affaiblissent le Mali. Les peuples voisins, Mossis, Touaregs, Peuls et Songhays en profitent pour l’attaquer, ce qui a pour effet
d’étouffer peu à peu le commerce : perte de Tombouctou, Walata, Gao, puis de la Gambie qui permettait de commercer
avec les nouveaux arrivant portugais. Le Mali survit : le Mansa reste le souverain officiel de nombreuses chefferies et
reçoit des ambassades portugaises en 1495, mais il devient une puissance secondaire, contrôlant de moins en moinsde provinces, déclinant lentement jusqu’en 1546.

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