La Françafrique est le nom que l'on a donné aux relations que la France entretien avec l'Afrique au sud du Sahara plus précisément l'Afrique francophone composée des anciennes colonies françaises. Celles-ci étaient regroupées en deux ensembles l'Afrique Equatoriale Française avec pour capitale Brazzaville et l'Afrique Occidentale Française avec Dakar pour capitale. Elles devaient servir de débouchés pour les produits industriels et les manufactures via la France. Par ailleurs, les colonies étaient des réserves de matières premières pour la métropole, donc la France.
Mais, dans les années 1960, ces colonies vont connaître l'émancipation politique qui oblige la France du Général De Gaule, inventeur de la Françafrique, à accepter les indépendances des pays africains jusque là sous sa domination. Dès l'instant, un nouveau rapport de force s'est mis en place. Si pendant la colonisation, la domination de la France sur ses colonies fut totale et directe, il en sera autrement après les indépendances. La France va instaurer une domination indirecte sur les pays africains. Cette domination va s'appuyer sur la corruption des dirigeants africains au solde de la France souvent au prix du sang du peuple noir mais aussi et surtout par l'exploitation presque frauduleuse des ressources minières dont regorge ce continent : c'est la Françafrique.
Des chefs d'Etats africains seront manipulés, d'autres assassinés au nom des intérêts de la France en Afrique. Cette dernière exige des dirigeants africains une collaboration très proche de la soumission. Des insoumis comme Sekou Touré qui a proclamé l'indépendance de la Guinée en 1958 contre l'avis de De Gaule sont destitués par toutes sortes de manoeuvres.
Au Congo, Fulbert Youlou voit son pouvoir menacé en 1963 par les révoltés congolais. Ce prêtre très détesté par le Vatican croyait naïvement être protégé par De Gaule qui le lâche en mettant à sa disposition la logistique nécessaire pour fuir le palais présidentiel jusqu'à Kinshasa avant de regagner le Portugal.
Felix Mounier, un opposant camerounais, est empoisonné en France par un agent de la sécurité française.
Au Gabon, Léon Mba est surveillé 24h / 24h par Jacques Pigot, ce français va installer son bureau au palais du président gabonais pour ne pas râter un seul évènement, une seule activité du président. Ainsi, au Gabon, au nom de ses intérêts économiques, la France étouffe toute opposition contre monsieur le président très fidèle ami de la France, trop malléable et trop soumis. Léon Mba, trop idéal pour la France et le pétrole gabonais sera le protégé de l'Elysée par l'intermédiaire de Focard. Ainsi, la France sera à l'origine du changement de la constitution gabonaise en 1966 qui donnait l'opportunité à Mbongo, un autre ami fidèle et soumis d'être nommé vice- président de la République.
Il deviendra président après la mort de Léon Mba. Mbongo sera l'acteur majeur du pillage de son pays par Elf qui contribue à hauteur de 70 pour cent au budget gabonais. Ce qui aura pour conséquence, la dépendance absolue de Mbongo envers Elf et la France.
Au Nigéria la France sera à l'origine d'une guerre civile que l'on refuse de nommer génocide. En effet, pour avoir le monopole du pétrole du Biaffra, une province pétrolière du Nigeria, Elf va entrainer la population locale dans une opération sordide qualifiée de pétrole contre arme. En 1978, Biaffra fait sécession. La riposte de l'armée
nigériane fut atroce. Les civils furent tués. Malgré le soutien logistique de la France via Libreville, cette guerre va se solder par la défaite du Biaffra. On y comptera 1 million de morts.
Déjà en 1960, un scénario pareil avait vu le jour au Katanga, une province minière du Congo kinshasa. En effet, lors des indépendances, la France par peur de tout perdre dans ce grand pays d'Afrique, nhésita pas à armer les katangais contre les indépendentistes. Cette province fera sécession sous le contrôle de la France qui voulait garder la main mise sur ses matières premières.
Au Bénin, le régime soviétique de Kérekou a échappé aux nombreux coups d'Etat qui ont tour à tour raté. Ces coups d'Etats ont été orchestrés par la main visible de la France en la personne de Bob Denard.
Au Centrafrique, Bokassa devient président depuis 1965 avec l'aide de la France qui y place une base militaire pour toute fin de dissuasion et de persuasion envers l'opposition. Cet ami personnel de Giscard d'Estain n'hésitera pas à offrir à son hôte des plaquettes de diamant. Mais pour effacer toutes les traces de ce cadeau, Giscard organise l'opération Baraccuda, une descente militaire au palais du président Bokassa. Il sera destitué alors qu'il est en visite en Lybie chez son nouveau protégé. Giscard le remplacera par david Dako.
Les années Mitterand connaitront d'autres scandales mais Focard est écarté du système de la françafrique pour être remplacé par christophe Mitterand. Mais, le mentor du système même éloigné va réussir à paralyser le clan Mitterrand qui n' y restera que 10 ans. Focard reviendra à la tête du système à 72 ans grâce à Chirac .
La cohabitation en France permet aux deux systèmes de fonctionner de façon parallèle. Mais en 1988, Mitterrand est réélu. Il s'en suit une succession d'évènements comme la chute du mur de Berlin, l'éclatement de l'U.R.S.S. et pour terminer, la révélation des affaires scandaleuses d'Elf en Afrique sous la haute protection de la françafrique.
Source: France 2