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  • : AFRIQUE-PAUVRETE-AVENIR
  • : Ce blog traite des causes endogènes et exogènes liées à la pauvreté de l'Afrique. Il fait par ailleurs un pont entre l'Afrique et la France: la françafrique.
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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 13:30

 

 

QUATRIEME PARTIE

 

Photob 001POUR UNE IDENTITE ACCEPTABLE ET RESPECTABLE

 

 

 

« Nous prétendons désormais vivre et mourir égaux comme nous sommes nés : nous voulons l’égalité réelle ou la mort [] Peuple, ouvre les yeux : reconnais et proclame avec nous la République des Egaux. »

 Manifeste des Egaux

 

 

 

 

Comment rendre la France  acceptable et respectable aux Français d'aujourd'hui et à ceux de demain, d'où qu'ils viennent ? C’est la seule question qui vaille la peine d'être posée et qui devrait être la préoccupation centrale des politiques. Vivre en France, c’est vivre dans un pays qui s’est donné des exigences de liberté, d’égalité et de fraternité. Dans ce cas, les individus, Français et étrangers, sont exigeants envers la République au titre de ses valeurs et de son idéal. C’est aussi au nom de ces principes que la France est critiquable au-delà de ses frontières. Il y a trois domaines d’action dans lesquels la France choque.

 

1-D’abord quand elle développe des inégalités et des injustices sur son territoire même.

Lors de la première et la deuxième guerre mondiale, il a fallu mobiliser des milliers d'Africains pour sauver la métropole contre l'Allemagne, l'ennemie de l’époque. Aujourd'hui, au nom de l'amitié franco-allemande soutenue par l'Union européenne, le Président Sarkozy fait surveiller les frontières européennes contre les Africains qui seraient tentés d’immigrer en Europe. L'Histoire a-t-elle un sens ?

 A la faveur des trente glorieuses, la France a fait venir des milliers d’immigrés africains en vue de contribuer à la reconstruction du pays. Et pourtant, ils ont été les premiers à payer le prix des crises économiques des années 1980 par le biais des expulsions massives.

L’image de l’Africain véhiculée par les politiques est celui d’un exilé de la famine africaine échoué en France, qui vit aux dépens des salariés français, blancs en l’occurrence. C’est à juste titre que l’Africain est traqué afin d’être expulsé. La morale la plus élémentaire voudrait qu’on leur fasse amende honorable plutôt que de les traiter en criminels. Les criminels,  en l’occurrence c’est la françafrique, qui pillent leurs terres, y mettent le feu et la guerre, les rendant de la sorte inhabitables par ceux-là mêmes qui ne souhaitent rien tant que d’y trouver un peu de dignité, à défaut des petits boulots étant donné que la migration africaine, « ce n’est plus une migration de travail mais plutôt de désespoir.»1 

C’est aussi le même type de discours qui est formulé contre les Arabes, un discours qui renforce les préjugés et alimente l’amalgame entre terroristes, musulmans, voile, burqa etc.

La conséquence, à n’en point en douter, est le rejet de l’autre, ce qui est toujours source de frustration.

De nombreux étrangers vivants en France depuis des années, - certains qui y sont nés - qui paient des taxes d'habitation, donc, qui participent au bon fonctionnement des mairies et des communes - sont tout simplement privés de droit de choisir  leurs élus. On leur refuse le droit de voter, un geste pourtant démocratique dans un pays démocratique. On leur refuse ainsi le droit de savoir ce qu’on fait ou ne fera pas de leur argent. A ce sujet, le président de l'assemblée, Bernard Accoyer2  a déclaré: « les Français ne sont pas encore prêts». Je fus abasourdi et je me suis posé la question : Qui a peur du vote des étrangers les Français ou les hommes politiques ? Chaque homme politique parle au nom du peuple français.  Or le peuple, c’est nous ! Et pourtant chacun parle en notre nom sans réellement solliciter notre avis. C’est l’effet de la peur de l’opinion. Or, un homme politique est celui qui ose, qui prend les risques qui propulsent la cité vers un idéal. Pour y arriver, il ne doit pas être prisonnier de l’opinion. Effectivement, si François Mitterrand avait eu peur de l’opinion, la peine de mort n’aurait jamais été abolie en France.

Chez les victimes de ces inégalités, il y a sans doute le rejet du pays à leur égard, ce qui peut se traduire chez l’individu par diverses réactions affichées ou masquées envers les symboles de la République, car l’homme n’aime que lorsqu’il se sent aimé.

La République prône l’égalité de traitement et devait se donner les moyens d’y parvenir dans tous les domaines de la vie, tant dans l’accès au logement que dans l’accès au travail. Par ailleurs, l’accès aux grandes écoles devait être possible pour tous les enfants de la République. Le fait de dévier ou de contourner le problème, n’arrange pas des choses. Il ne s’agit pas non plus de trouver des solutions sous le coup d’un fait divers médiatique. Mais bien au contraire, de résoudre une fois pour toutes le problème d‘inégalité de chances. L’égalité des chances devrait être une réalité et non un discours ; car de nombreux jeunes sont condamnés d’avance à l’échec. Or le courage politique et de vrais moyens sont indispensables pour les sortir du cercle infernal de l’échec. 

Par ailleurs il faut une politique de contraintes envers toute la société afin de créer des structures mixte dans lesquelles chacun peut se réaliser.

A cet égard, l’exemple des Etats-Unis devrait nous inspirer. En effet, grâce à la politique de l’«affirmation action », plus de 50% d’Afro-Américains ont un niveau de vie moyen, tandis qu’au moins 20% d’entre eux sont dans la haute sphère de la société américaine. L’élection de Barack Obama n’est donc pas un hasard. Par ailleurs, des nombreuses populations minoritaires qui se sentaient exclues se sont approprié les symboles de la République par le biais de cette élection.

La réussite des politiques de mixité devait favoriser la réconciliation et l’affirmation de la Nation française car il n’y a pas de nation sans fraternité.

 

2-Ensuite, quand la politique de la France ne dénonce ni ne condamne les inégalités, les injustices et l’oppression dans le monde.

Les capitalistes voyous continuent de nous exploiter à la même allure qu'au XIXe siècle. Mais cette fois, les règles sont tellement masquées qu’il devient presque impossible de s’en rendre compte. Ce qui est honteux et inhumain, c’est d’user de nous comme de vils instruments et de nous estimer qu’en proportion de la vigueur de nos bras.

90% de la richesse du monde est propriété exclusive des 10% d'habitants de la terre. 95% parmi eux  vivent en Occident. Pendant ce temps chez les « damnés de la terre », les forçats de la faim, un enfant meurt  de malnutrition  toutes les cinq minutes, dans l’indifférence la plus choquante. C’est là que les hommes politiques réunis en G83 ou G20 doivent intervenir pour atténuer les conséquences extrêmes liées à ces inégalités. Toute attitude contraire, si on n’y prend garde, conduirait aux revendications par la violence et revêtiraient des formes de sédition.

 

3-Enfin, quand la France elle-même est actrice des atrocités dans le monde.

           Aujourd'hui comme hier, les grandes sociétés industrielles continuent de polluer et à détruire l’équilibre du monde. Elles sont seules responsables de la destruction et de la mutilation de l'environnement qui explique chaque année des milliers d'éco-réfugiés dans le monde. C’est à eux, les pollueurs de payer le prix et pourtant le Président Sarkozy était prêt à faire payer la taxe carbone aux milliers de ménages déjà appauvris. Comble d'injustice ! Tant que les forts feront les lois, elles seront toujours en leur faveur.

Au nom de la liberté, la France a écrit l’article 1 de la Déclaration des Droits de l’homme. Au nom de la liberté, elle a contaminé d’autres peuples européens notamment avec le code civil de Napoléon. A cause des valeurs que prônaient la France, l’Angleterre a aboli l’esclavage en 1807 ainsi que l’Amérique du nord suivies par le Portugal et l’Espagne. La France patrie de la liberté, de l’égalité et de la fraternité n’a aboli ce commerce de la honte qu’en 1848. Je pense que lorsqu’on s’appelle la France avec des idéaux de 1789 on devait condamner la violation de ces droits et non y participer, pour finalement être les derniers à abolir officiellement l’esclavage. Officiellement seulement, car le colonialisme est l’autre image de l’esclavage. Et que dire de la françafrique qui n’est que la continuité du colonialisme ? Tout ceci me conduit à penser que la France a nié les Droits de l’homme chaque fois qu’il s’agissait des peuples non occidentaux et surtout quand elle avait des intérêts économiques en jeu. Elle a détruit les identités nationales, les valeurs africaines, elle a spolié, elle a exproprié. Quand on est la patrie des Droits de l’homme, on n’a pas le droit d’agir de la sorte. A moins qu’on me dise que l’Afrique est trop riche pour les Africains. 

Monsieur le Président, la Françafrique fait la honte de la République française. Elle pille, corrompt et elle assassine, c’est à ce prix que nos voitures roulent en France. Les Africains ont droit à un partenariat respectable susceptible de les aider dans leur marche vers le développement. Au lieu de cela, la France a mis en place une véritable machine qui fabrique des pauvres par milliers. Au centre du système, la françafrique, arme politique redoutable qui s’appuis sur la présence de l’armée française en Afrique, armée mobilisable pour mater tout soulèvement populaire. Présence toujours critiquée par les populations mais réclamée par les chefs d’Etats africains. La françafrique s’appuie aussi sur la machine de la francophonie qui maintient la domination culturelle de la France sur ses colonies au détriment des cultures africaines. Sur le plan économique, la françafrique peut compter sur les missions de la coopération française, une coopération que seuls leurs promoteurs peuvent définir. Pour des milliers d’Africains, la coopération française, tout comme le F.M.I. et la Banque Mondiale servent à étouffer le continent africain sous le poids de la dette. La françafrique peut compter enfin sur un de ses piliers parmi les plus redoutables qui appauvrissent les colonies françaises d’Afrique au profit de leur métropole : le franc CFA, monnaie utilisée dans les quatorze pays, ‘’anciennes colonies’’. En somme, la françafrique a précipité l’Afrique dans des convulsions violentes dont elle croyait être sortie lors de la décolonisation. Ce qui donne des cinquante ans d’indépendance, une image de honte. Plus on avance dans le temps, plus l’Afrique est en danger, car les gouvernements n’existent pas pour le peuple ; ils ne pensent qu’à recevoir la bénédiction de l’Elysée pour conserver leur pouvoir.

Dans tous les cas, les violations de ses propres principes créent des frustrations qui se traduisent directement ou indirectement par de rejet de la République et de ses symboles dans un premier temps. Et dans un deuxième temps, ces violences prennent autres formes, il suffit d’une étincelle pour que cela éclate et embrase la Nation. Par ailleurs, ces violations répétées de ses propres principes la discrédite tout simplement, ici comme ailleurs. La fraternité, c’est une chimère dont les ‘’minorités visibles’’ sont engouées, mais qui leur passera comme l’égalité. Quant à la liberté, elles n’y entendent rien. Il faut la Liberté, l’Egalité et la Fraternité, et non les théories de gouvernement, des phrases, des discours d’idéologues qui font grandir l’indignation. Soyez juste, Monsieur le Président. Mes mots sont un cri du désespoir car le peuple sans travail ne peut vivre de paroles.

 

 

 

 

1 Catherine Wihtol de Wenden, Directeur de recherche au CNRS(CERI)

 

2 Invité sur LCI le 12/01/10

 

3 Les sept pays les plus industrialisés plus la Russie

 

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