Qui est Français ? Répondre à cette question permet de se déterminer et de s’orienter. Se déterminer par rapport à sa relation avec son pays. S’orienter dans la dynamique et l’idéal de la République c’est–à-dire s’intégrer et aspirer à la Nation française qui se dessine.
Ce débat devait aussi aider à répondre à une autre question : comment devient-on Français ou mieux par quel mécanisme suis-je devenu Français ? La deuxième question renferme des éléments nécessaires pour répondre à la première. Il faut souligner, qu’il s’agit avant tout d’une invitation à soi-même. Il s’agit de sa propre image telle qu’elle se dessine sur le miroir de la Nation. La question s’adresse d’abord à soi-même avant de s’orienter vers l’autre. C’est là que le bât blesse. Car, nous ne sommes pas tous en mesure de nous poser les mêmes questions. Et même si, par miracle, nous y parvenions, nous n’aurions pas tous la même réponse. Se poser la question, bien plus y répondre, nécessite un effort qui peut selon les cas engendrer biens des tourments. Ce qui arrive souvent chez les êtres très faibles d’esprit, même si tout le monde est pourvu du bon sens selon Descartes.
Il est évident qu’un nouveau-né ne s’interroge pas sur sa nationalité, son pays, sa famille et toute autre chose qu’il n’a pas choisie. Mais, une fois devenu adulte, rien ne le dispense de se poser les questions sur son identité. A mon avis, c’est le début de son acceptation, de son affirmation et de son existence. Surtout, il faut le dire, il n’est pas obligé de rester Français. Car, le droit international permet à quiconque le souhaitant, s’il en correspond aux critères, de prendre la nationalité du pays dans lequel il vit à condition, bien sûr, que ce pays reconnaisse le droit du sol. Il aurait été important que ce droit soit affiché sur la place publique, c’est-à-dire porté à la connaissance de tous. Cela pourrait aider à comprendre certaines réalités qui dans certains cas dépassent le cadre français, car la France est signataire de plusieurs traités internationaux,[1] ce qui l’engage à les respecter. Par conséquent, si certains étrangers ont choisi la France comme terre d’exil, ce n’est pas parce que les autorités françaises étaient mieux disposées que les autres, c’est au contraire, parce que ces autorités sont obligées, j’ai envie de dire, condamnées, à le faire.
En 2010, certains ignorent encore que les traités internationaux reconnaissent et garantissent la mobilité des personnes, et que chacun a le droit de prendre la nationalité du pays dans lequel il réside, s'il le souhaite et s'il correspond aux critères.
Etre Français, c’est croire aux valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, acquises depuis 1789. Mais, le simple fait de croire aux valeurs de la République est largement insuffisant, il faut encore les défendre contre les nostalgiques d’un temps révolu.
L’Egalité de tous les français en tout lieux et en tout temps est un héritage considérable de la Révolution, « la République des Egaux » selon les mots de G. Babeuf.[2] Ainsi, la remise en cause de ce principe, d’une manière ou d’autre, sera à l’origine de la fracture du pacte républicain. Par conséquent, on s’autoproclamant « Français de souche», par opposition au « Français de feuille » ou « Français de papier », on s’octroie sournoisement des privilèges sur la base de la « préférence nationale » chère à Le Pen qui se traduit dans ce cas : « préférence blanche».
Agir dans ce sens, c’est remettre à jour le principe d’inégalité de traitement, avec tous les risques qui en découlent chez les victimes. Mais, c’est aussi en finir avec les acquis de 1789, dans ce cas, les opprimés feront une nouvelle Révolution. Enfin, c’est mettre la Nation en périr, car une Nation ne tient que si tous ses fils partagent le même rêve.