Sarkozy voulait sans doute un débat serein et sans passion; A l’arrivée, certains se posent la question de l’utilité d’un tel débat dans la République. Pourtant, il n y a rien de choquant à déterminer la relation qui nous unit les uns aux autres au sein de notre pays. Car, il faut le dire, la France n’est pas un conglomérat des mois isolés, mais une réelle communauté qui a une (histoire ?) qui cimente le sentiment du vivre ensemble et qui aspire à bâtir un même avenir. Nous pouvons bien sûr construire un même avenir malgré le fait que le passé ne nous rapproche pas tout à fait.
Est-il possible d’avoir un même futur quand on n’a pas eu un même passé ? Je réponds à cette question par l’affirmative. Le cas le plus frappant est celui des Etats-Unis. En effet, l’actualité de ces dernières années sur ce pays nous donne à constater que les fils des anciens propriétaires d’esclaves et les fils des anciens esclaves sont assis ensemble autour d’une même table. Bien évidemment, il y a encore des montagnes à gravir, des victoires à remporter sur des esprits non encore évolués. Mais pour y arriver, il faut une farouche volonté des uns et des autres. J’appelle les uns, français par le droit du sang et les autres, français par le droit du sol.
La question revient, comment les autres vont-ils se situer si nous-mêmes nous ne connaissons pas notre place dans la République ? Sommes-nous un peuple en voie de perdition ? Se définir, est si lamentable au point d’exiger l’arrêt du débat dans un pays pourtant démocratique! Et pourtant, l’exercice pouvait être aisé. Réfléchir au moins une fois dans sa vie à cette question autour d’un café ou d’un dîner. Seul ou en famille. Cette question pouvait nous ouvrir la porte vers d’autres plus philosophiques certes, qui suis-je ? Qui est l’autre ? Quelle est ma place ? Quelle est la place de l’autre ? Quelle est la nature de ma relation avec l’autre ? Si des questions sont philosophiques, il n’est pas obligatoire d’être philosophe pour y répondre. Ces questions à mon avis sont pleines de sens et ont tout leur intérêt.
Pour une fois, il y a un sujet sur la place publique, certains veulent l’enfermer dans l’hémicycle. Descartes attirait déjà l’attention de ses collègues en leur disant que le bon sens est la chose la mieux partagée du monde. Sur des sujets comme celui-là, chacun devait avoir quelque chose à dire. Il ne s’agit pas de fuir le débat. Mais d'écouter, savoir prendre conscience de l’autre. Cela demande évidemment une bonne dose de tolérance. Écouter un discours contraire au sien c’est pourtant cela la base de la démocratie. Celle-ci admet le débat contradictoire. Le mal vient du fait qu’il y a encore des gens qui continuent de penser qu’ils ont la certitude d’avoir raison sur tout. Et pourtant le fondement de la question est de s’interroger sur son identité afin de mieux se définir soi-même. Platon, le sage grec ne disait-il pas « connais-toi, toi-même » ?
Qui a peur de se connaître, dans le sens de se regarder dans un miroir? Ce que Freud appelle une cure psychanalytique! Cela soulève un autre sujet sur l’affirmation de son existence. Comment peut-on exister sans se définir ? Car l’affirmation de soi précède l’existence de soi. Qui a peur de débattre avec soi- même ? Qui veut étouffer ce débat ? Quels sont leurs mobiles inavoués ? Ce sujet, me permet de comprendre qu'ils ont peur de se mirer c’est-à-dire faire une " introspection historique", ils ignorent leurs origines et de ce fait manifestent un refus catégorique de les connaître. Ne rien connaître pour mieux se protéger, la formule est bien connue. Car sans nul doute nombreux se rendront compte que Vercingétorix n'était pas français, mais gaulois.
Il reste un fait. Se connaître soi même ne doit pas être un motif d'exclusion de l'autre bien au contraire. Se connaître permet de mieux s'ouvrir vers l'autre. Par conséquent, au lieu d'utiliser ce débat pour catégoriser et hiérarchiser les Français comme cela est le cas avec Monsieur Sarkozy, nous aurions eu une France réconciliée sur la base de la connaissance qui favorise la compréhension des uns et des autres.