14 janvier 2011
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Ce qui se passe en Tunisie depuis trois semaines n'est rien d'autre qu'une forme de révolution de la rue: c'est la révolution des pauvres, des affamés, des damnés de la Terre, des gens sans voix, des laissés pour compte...la révolution du ventre.
Ou la jeunesse tunisienne renversera les forteresses du pouvoir; ce qui sera interprété comme la première révolution du ventre dans le Monde, ou les renégats reprendront le contrôle des choses; ce qui sonnera la fin de la révolte et la fin de toutes les formes d'espérance pour la jeunesse tunisienne.

Le Prince a "compris" que le peuple n'est pas con. Il a "compris " que toutes les dictatures ont une fin. On ne peut pas priver un peuple de sa liberté tout le temps. On n'a pas le droit de se moquer de la population. On ne peut prétendre gouverner un pays et ne servir que les intérêts de sa famille et sa belle famille. On n'a pas le droit de s'auto-proclamer indispensable et illustre pour le peuple. Personne n'est irremplaçable, même pas le Pape.
Alors, pour quelle raison muselle t-on tout un peuple ? Pour quoi- a t-on peur de la presse au point de la condamner au silence ? pourquoi emprisonne -t-on les opposants politiques ?
Il a fallu plus de soixante dix morts pour comprendre que le pays n'est pas le bien privé du Prince. Il a fallu plus de 23 ans de pouvoir pour constater avec étonnement que le peuple a faim. A t-on le droit d'injurier son peuple de terroristes et de voleurs quand celui-ci réclame à manger ?
Être Prince éloigne du peuple; c'est avec raison que l'on dit que le pouvoir rend aveugle; car le confort du palais est incompatible avec les odeurs des quartiers populaires. De toute façon, le peuple pue.
Pour n'avoir pas compris à temps que la faim tue et que la pauvreté n'est pas un luxe à offrir à son peuple, Monsieur le Prince, ce peuple exige votre départ maintenant; 2014, pour les affamés, c'est si loin. Comprenez cela; car on ne peut pas gouverner contre son peuple. On n'utilise pas l'armée à son service contre la Nation à moins que cette Nation soit vous. Vous autorisez l'armée à tirer sur le peuple ? C'est le signe que le Prince a perdu la raison.
Votre pouvoir a été trop autoritaire. Aujourd'hui, le peuple l'a fragilisé. Ce même peuple refuse de vous accorder le temps de le réformer.
Par ailleurs, quel type de stratégies contre la pauvreté comptez vous adopter d'ici 2014 alors que vous aviez eu plus de deux décennies pour cela. Une chose est sûre, un Prince qui a plus de dix ans de pouvoir dépense plus son énergie à durer qu'à gouverner pour son peuple; car le pouvoir use et fatigue. Mais il faut être un démocrate pour s'en rendre compte.