J'ai beaucoup hésité avant d'écrire ces lignes tellement que ce débat sur l'identité nationale enchaîne des passions mêlées à la haine des étrangers dans certains cas et rabaissent la France et les français dans d'autres cas. L'identité nationale détermine la place d'un homme dans une nation ou encore la place de la nation en cet homme. Je vais y aller par quelques exemples.
Quand je suis à Londres, c'est avec un réel plaisir que je salue des français que j'y croise par sentiment inavoué d'appartenance. Tout de suite les conversations s'engagent parce qu'on se sent si proches sans pourtant se connaître. Les mêmes français, croisés en France, je ne les aurai sans doute pas salués spontanément.
Je ne fête le 14 juillet que lorsque je suis à l'étranger. La même fête en France, me laisse indifférent.
Le drapeau français, en France je ne le regarde pas du tout. Et pourtant à l'étranger je prend le temps d' apprécier ses belles couleurs.
Dans le même registre, je ne me rappelle pas avoir chantér la marseillaise en France, d'ailleurs je n'apprécie pas ses paroles. Mais, quand je suis à l'étranger il m'arrive de façon très volontaire de la chanter mais aussi de l'apprécier l'espace d'un séjour.
Autre exemple, je ne partage pas les positions politiques du président Sarkozy ainsi je ne supporte pas de le regarder ou de l'écouter dans les médias. Cependant, une fois, j'étais dans un pays étranger, je me suis déplacé pour répondre à l'invitation qu'il avait donné aux Français s'y trouvant.
Je peux enchaîner des exemples.
Il ressort un sentiment paradoxal qui se manifeste par mon appartenance et mon attachement à la France quand je suis hors de la métropole et un sentiment d'indifférence lorsque je suis en France. Cette indifférence peut s'expliquer par les regards de ceux qui se disent vrais français, un regard de rejet. Et l'inconscient réagit à ce rejet par une indifférence totale à tout ce qui touche à la France en France.
Le problème dans mon cas viendrait des vrais français étant donné que je suis d'origine étrangère. D'où vient le problème ?
L'étude de l'histoire la plus reculée de ce pays montre que la France, considérée comme espace géographique n'appartient pas à un groupe particulier. Nous sommes tous immigrés que cela remonte à 1800 ans ou à 6 mois. Ceux qui se disent vrais français sont un groupe d'imposteurs qui nous prennent pour des cons et voudraient nous faire croire que la France est à eux. Et même si ce groupe venait à exister, pour leur mémoire, il avait perdu ce privilège dans la nuit du 4 Août 1789. A compter de cette date, les terres de ce pays relevaient du domaine public.
La France à ceci de particulier, très particulier, personne n'est français de sang, mêmes pas les gaulois. Le sang français n'existe pas. La différence vient du fait qu'il y a des gens qui savent d'où ils sont venus et d'autres qui ignorent tout de leur origine. Mais, l'ignorance n'est pas un prétexte pour prétendre être un vrai français. Il s'agit d'une ignorance contre laquelle il faut lutter. Par ailleurs, c'est parmi ces imposteurs qu'on trouve un nombre élevé de racistes tellement qu'ils ont la certitude que ce pays leur appartient.
Ils empêchent les autres de participer à la vie de ce pays ou tout simplement de l'aimer. Ils ignorent l'histoire et la géographie de notre douce France. O misérable! Quel imposteur me définira les limites de la France de 1080 ? Et où était-il lui ou quelqu'un des siens ?
Toute la question se résume sur l'appartenance et l'attachement à la France. Notre pays dans son innocence ignore tout de nos débats teintés de xénophobie qui se résument à peu près à ceci: Un français non conforme par la couleur de sa peau restera sans autre forme de procès un étranger aux yeux de l'imposteur. Il doit fournir en tous lieux et en tous temps les preuves de sa françalité. Pour y répondre, nos jeunes des banlieues brandissent leurs cartes nationales d'identité. Et, depuis peu, ils chantent aussi la marseillaise qui fera la gloire des enfants de la patrie. Ce qui révolte, c'est qu'une minorité des enfants de la patrie dressent des barrières qui empêchent de croire, de rêver, d'aimer ce pays sans avoir reçu de lui le droit de barricader les autres. Ils ont la certitude que notre douce France est en danger à cause de nous. Ils veulent la nettoyer, la rendre propre, blanche. Pour y arriver, ils trient. Car à leurs entendement, il y a des vrais et des faux français selon les critères que seuls leurs auteurs maîtrisent.
Tous le temps, je suis condamné à justifier ma nationalité comme si cela choquait qu'un étranger deviennent Français. Tu es français depuis quand ? Pourquoi as tu changé de nationalité ? Pourquoi es tu venu en France ? Des questions trop basses et honteuses pour des réponses aussi basses et gênantes.
En 2010, certains ignorent encore que les traités internationaux reconnaissent et garantissent la mobilité des personnes et que chacun a le droit de prendre la nationalité du pays dans lequel il réside s'il le souhaite et s'il remplit les critères.
En France on distingue aisément deux cas: Les uns sont français et les autres sont devenus français. Être français et devenir français ne confère pas plus de droits à l'un et moins de droits à l'autre. Les droits de l'homme et du citoyen garantissent l'égalité en la matière.
Être français, c'est avoir au moins un parent français au moment de sa naissance. Inutile d'en faire la demande. Heureusement d'ailleurs qu'à la naissance l'enfant ignore tout de sa nationalité et de celle de ses parents. Il a juste envie de vivre et de grandir heureux. C'est les autres qui lui diront, tu es français. Et , il répondra sans doute, ça veut dire quoi maman ? Nous sommes français et toi aussi tu es français. Ah bon, et Mamadou et Rachid aussi sont français ? Les parents sans réfléchir répondent: non, c'est des étrangers. C'est le cheminement normal de toutes les balivernes.
Devenir français, c'est en faire la demande soi même à sa majorité ou plusieurs années après son entrée en France. Le processus peut être long: une période de clandestinité et de stratégies ou mécanisme de survie qui ne prendra fin qu'au moment de sa régularisation par les autorités. Devenu résident, il faut au moins cinq ans pour être candidat à la naturalisation. Il s'agit de témoigner de son attachement pour la France. Répondre à plusieurs critères. En somme, une vraie enquête de police. Si vous êtes sans défaut, on vous accorde le droit d'être français.
Dans cette phase, devenir français confère à l'individu déjà mature et conscient de sa démarche, un sentiment d'appartenance à une communauté, ce que nous appelons identité nationale. Alors que dans le premier cas, être français ne confère aucun devoirs à sa naissance. L'enfant appartient à ses parents . Pour lui, la nation n'existe pas. C'est l'école , si elle y arrive, qui va lui inculquer le sentiment d'appartenance à une communauté en l'occurrence la France. Il faut dire qu'il n'a pas obligation au nom de sa françalité de créer et développer en lui le sentiment de vivre ensemble et d'appartenance à la France.
Au regard de ce qui précède, quel baromètre utiliser pour déterminer le degré d'attachement à la France ? Cela nous aurait permis de déterminer entre les uns, nés français et les autres, devenus français qui sont plus français que les autres. Déjà, tenter de répondre à cette question, c'est faire preuve d'un esprit non évolué. L'identité nationale comprise comme lien qu'un individu a avec la France ne saurait être ni mesurée ni prouvée. Quoi que l'on dise et quoi que l'on fasse. Donner son sang pour son pays n'en est pas la preuve. Ce geste peut aussi être interprété comme signe d'une ignorance certaine ou d'une aliénation qui amène un homme devenu fanatique à défendre une cause inhumaine. Nous connaissons l'histoire des milliers des Nazis qui pour la plupart agissaient en automates, privés de toute faculté de raisonner. Ils donnaient leur sang pour l'Allemagne pensaient-ils. Aujourd'hui, nous sommes assez éclairés et comprenons qu'ils souffraient d'une pathologie pas trop loin de la folie de grandeur. Pour tout dire, ils étaient fous. L'actualité récente nous révèle un autre cas: la xénophobie italienne qui sévit dans le sud de l'Italie. Une véritable chasse à l'homme. Les massacres des travailleurs africains, immigrés en Italie au vu et au su de tout le monde sans la moindre condamnation nationale et internationale. Agissent -ils par amour pour la patrie ou par effet de manipulation de conscience par la mafia ? La manipulation explique le fait que l'homme perd sa qualité d'homme au point de s'abrutir au même rang que certains animaux non encore domestiqués.
Au fait, question qui vaille la peine d'être posée, c'est comment rendre la France acceptable et respectable aux français d'aujourd'hui et de demain d'où qu'ils viennent ?
Il n'est pas certains que cela soit la préoccupation de nos hommes politiques. Des nombreux étrangers vivants en France depuis des années, qui paient des taxes d'habitation, donc, qui financent les mairies et les communes sont tout simplement privés de droit de choisir leurs élus. On leur refuse le droit de voter, un geste démocratique dans un pays démocratique. On leur refuse ainsi le droit de savoir que fait-on ou que fera-t-on avec leur argent. Trêves de rêverie. Le président de l'assemblée, invité le 12/01/10 à LCI, interrogé sur la question a déclaré: " les français ne sont pas encore mûrs". Je suis choqué. Dites moi, qui n'est pas mûrs ? Qui a peur du vote des étrangers ? Moi, je suis français, et pourtant mon avis n'intéresse pas les hommes politiques. Ils viennent chacun à son tour parler au nom du peuple français. Peuple français, oui, tu es pris en otage toi et la France. Je suis sûr d'une chose, la France est trop précieuse pour la laisser aux mains des politiciens.