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  • : AFRIQUE-PAUVRETE-AVENIR
  • : Ce blog traite des causes endogènes et exogènes liées à la pauvreté de l'Afrique. Il fait par ailleurs un pont entre l'Afrique et la France: la françafrique.
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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 13:49

Alice Miller décrit dans cet article comment les pires maltraitances subies par les enfants qui créent des lésions dans leurs cerveaux dans l’enfance sont à l’origine de la violence et de l’horreur des tyrans et des dictateurs et comme l’enfant fut accusé d’être génétiquement mauvais, porteur de "gènes du mal" pour servir en réalité de bouc émissaire (comme cible) aux parents qui en avaient encore besoin pour décharger sur lui leur propre violence issue de leur propre enfance.




Texte


D’où vient le mal dans le monde et comment se génère-t-il ?
 
Il n’est plus possible de mettre en doute, aujourd’hui, que le Mal existe et que certains individus sont capables d’une extrême destructivité. Chacun peut s’en faire une idée grâce à la télévision. Mais ce constat n’entérine nullement l’idée fort répandue que certains êtres humains naissent "mauvais". Tout dépend, bien au contraire, de la façon dont ces personnes ont été accueillies à leur naissance et traitées par la suite. Les enfants qui font dès le début de leur vie l’expérience de l’amour, du respect, de la compréhension, de la gentillesse et d’un soutien affectueux, développent évidemment d’autres traits de caractère qu’un enfant qui se heurte dès le départ à l’abandon, la négligence, la violence ou la maltraitance, sans avoir près de lui une personne bienveillante qui lui permette de croire à l’amour. Quand manque cet élément - ce qui est le cas dans l’enfance de tous les dictateurs que j’ai étudiés - l’enfant aura tendance à glorifier la violence qu’il a subie et à l’exercer lui-même plus tard, sans limite, chaque fois qu’il le pourra. Car chaque enfant se forme par l’imitation. Son corps n’apprend pas ce que nous voulons lui inculquer par des mots, mais ce qu’il vit par lui-même. De ce fait, un enfant battu et maltraité apprend à battre et à maltraiter, alors qu’un enfant protégé et respecté apprend à respecter et à protéger les plus faibles que lui. Parce qu’ils ne connaissent l’un et l’autre que cette expérience.


Le nouveau-né est innocent

Le Dr Brazelton, pédiatre américain bien connu, a filmé un groupe de mères en train de tenir et de nourrir leur bébé, chacune d’une façon qui lui était propre. Plus de 20 ans après, il a reproduit cette expérience avec les femmes issues de ces bébés, qui étaient devenues mères à leur tour. Il était stupéfiant de constater qu’elles se comportaient avec leur enfant d’une manière absolument identique à celle que leur mère avait eue avec elles, bien qu’elles n’aient évidemment gardé aucun souvenir conscient de cette toute première époque de leur vie. Ce que Brazelton a prouvé par là, entre autres choses, c’est que nous sommes guidés dans notre comportement par des souvenirs inconscients qui peuvent être soit positifs et agréables, soit traumatiques et destructeurs.

L’obstétricien français Frédéric Leboyer a montré dans les années 70 que les enfants mis au monde sans violence et art3327 femmes sexualite mutilationaccueillis avec amour ne poussent pas des cris désespérés, mais qu’ils peuvent même sourire quelques minutes après la naissance, sans montrer le moindre signe d’une quelconque destructivité. Lorsqu’on ne sépare pas un bébé de sa mère, comme c’était encore courant dans les cliniques des années 50, il se crée entre la mère et l’enfant une relation de confiance qui aura des effets positifs sur sa vie entière. Car, en présence de son nouveau-né, la mère sécrète une hormone appelée "hormone de l’amour", l’ocytocine, qui lui permet de comprendre intuitivement les signaux de l’enfant et de répondre par empathie à ses besoins. Michel Odent décrit ce phénomène dans son dernier livre, L’amour scientifié (Ed. Jouvence, 2001).

Pourquoi ces notions capitales, qui ouvrent de nouvelles voies dans la connaissance de la nature humaine, ne sont-elles pas répandues dans le grand public ? Les travaux de Leboyer ont certes modifié l’image de l’accouchement ; mais la société ne semble pas encore avoir pris conscience des conséquences philosophiques, sociologiques, psychologiques et même, dernièrement, théologiques, qu’implique sa découverte de l’innocence du nouveau-né. Cela peut se constater dans de nombreux domaines, à l’école, dans le système pénitentiaire, en politique. Tous ces domaines sont gouvernés par l’idée que les punitions, en particulier les punitions corporelles, que l’on désigne par le terme de "corrections", sont efficaces et inoffensives. Ce qui se sait encore trop peu, c’est que l’on génère par les châtiments corporels le Mal que l’on essaie par la suite - plus ou moins vainement - de réprimer par des coups redoublés.

Le Mal se reproduit à chaque génération

Il était courant, au Moyen Age, de croire à l’enfant "de substitution" - le changelon, fils du Diable que ce dernier plaçait81ASCI-00000029-001 dans le berceau de mères bien intentionnées après leur avoir volé leur bébé. L’histoire ne dit pas avec qui le Malin avait pu avoir ces rejetons méchants et diaboliques, ni ce qu’il faisait des gentils enfants volés ; mais le fait est que les mères en question étaient tenues d’élever ces enfants "à la dure", c’est-à-dire d’une façon particulièrement cruelle, pour en faire des êtres humains convenables.

Aujourd’hui nous ne croyons plus à ces échanges d’enfants. Mais la croyance en l’efficacité des châtiments, l’idée que l’on peut rendre un enfant difficile "raisonnable" en le punissant, semblent encore irréfutables à la plupart des gens. Sigmund Freud lui-même pensait que si un sadique éprouve du plaisir à tourmenter autrui, c’est parce qu’il n’a pas réussi à sublimer suffisamment sa "pulsion de mort" - une pulsion que nous posséderions tous en naissant.

La génétique, elle, propose une version entièrement nouvelle du Mal inné. Il existerait, dit-on, des gènes qui pousseraient certains individus à faire du mal - même s’ils ont reçu "beaucoup d’amour" durant leur enfance. Pour ma part, jusqu’à aujourd’hui, je n’ai encore jamais rencontré une telle personne. L’enfance de tous les criminels en série et de tous les dictateurs dont j’ai étudié l’histoire fait apparaître sans exception des éléments d’une extrême cruauté ; en règle générale, cependant, les intéressés eux-mêmes dénient ces faits. Et pas seulement eux. Une bonne partie de la société semble vouloir nier ou ignorer de telles corrélations.

L’apprentissage de la violence

Si l’on prend la théorie génique au sérieux, on devrait être en mesure, alors, d’expliquer la chose suivante : pourquoi, 30 ans environ avant le Troisième Reich, de si nombreux enfants (des millions) seraient-ils nés avec de "mauvais gènes" précisément en Allemagne ? Des enfants qui plus tard, sans autre raison, auraient été prêts à exécuter les ordres barbares d’Hitler ? Pourquoi cela se serait-il produit à l’époque, alors que l’apparition massive de tels gènes n’est plus constatée aujourd’hui dans ce pays ? Je ne cesse de poser cette question, mais je ne reçois jamais de réponse, car on ne peut y répondre. Ce qui est établi, en revanche, c’est que les subordonnés d’Hitler ont tous été des enfants dressés de bonne heure à l’obéissance. Eduqués par des moyens brutaux, humiliés, ils se sont ensuite défoulés sur des innocents de leurs sentiments réprimés de colère et de rage impuissante - parce qu’ils pouvaient enfin, avec la bénédiction d’Hitler, le faire sans risquer d’être punis. Aujourd’hui, l’éducation donnée en Allemagne est généralement différente. Mais là où la brutalité de l’éducation subsiste toujours, l’emploi de telles méthodes se manifeste par trop clairement dans le comportement des jeunes : ils dénient à leur tour les souffrances liées aux humiliations qu’ils ont subies, s’en prennent à des boucs émissaires et font de leur attitude une idéologie.

La théorie génique, en fait, nous aide aussi peu à comprendre le Mal que le conte du changelon et la théorie de la pulsion de mort. D’après des enquêtes statistiques (Olivier Maurel, La Fessée, Editions La Plage, 2001), la population mondiale reste encore convaincue à plus de 90% que les enfants ont besoin d’être frappés. Nous devons enfin admettre la vérité que le Mal existe, certes, mais qu’il n’est pas inné et qu’il est au contraire produit par la société, chaque jour, chaque heure, sans interruption, dans le monde entier. Cela arrive aussi bien dans la pratique de l’accouchement que dans l’éducation des jeunes enfants, qui plus tard pourront ETRE AMENES à commettre des méfaits s’ils n’ont pas auprès d’eux un témoin secourable. Dans l’enfance des criminels en série et des dictateurs, on ne trouve aucun témoin secourable.

La dynamique de l’horreur à travers l’exemple des dictateurs

Tout dictateur fait subir à son peuple des sévices identiques à ceux qu’il a subis autrefois, quand il était enfant. Les humiliations qu’il a vécues plus tard, en tant qu’adulte, ont sur ses actions une influence beaucoup moins grande que les expériences émotionnelles des premières années ; celles-ci restent à tout jamais codées dans son cerveau, mais la plupart du temps elles ne sont pas accessibles. Comme chaque dictateur ou presque dénie sa souffrance (son immense impuissance d’autrefois face à la brutalité), il ne peut la décoder et a toujours besoin de nouveaux boucs émissaires, afin de venger cette ancienne terreur qui remonte à son enfance et ne plus avoir à la ressentir. Des exemples le montrent clairement :

Le père d’Adolf Hitler, Alois, était un enfant naturel. On fit peser sur lui le soupçon qu’il était le fils d’un commerçant juifimage003 de Graz, au service duquel sa mère Maria Schickelgruber se trouvait lorsqu’elle est tombée enceinte. Un soupçon pas facile à écarter, car la grand-mère d’Adolf Hitler a perçu pour son fils, pendant 14 ans, une pension de ce commerçant. Sans doute Alois a-t-il beaucoup souffert de ce soupçon, comme le prouvent d’innombrables modifications de son patronyme (Heidler, Hydler, etc.) A ses yeux, être né illégitimement et taxé de surcroît d’une origine juive constituait une honte intolérable, une humiliation impossible à effacer. Le moyen le plus simple pour lui de se défaire de cette rage refoulée, il le trouva dans les châtiments quotidiens de son fils Adolf. J’ai raconté cette histoire en détails dans mon livre C’est pour ton bien et l’ai reprise dans mes deux derniers ouvrages, Chemins de vie et Libres de savoir, pour illustrer la façon dont la haine se constitue et mettre en évidence le rôle de l’enfance dans ce processus. Dans toute l’histoire de l’antisémitisme et de la persécution des Juifs, aucun dirigeant encore n’avait eu l’idée que tout citoyen de son pays devrait prouver sur trois générations qu’il n’était pas juif, sous peine d’être mis à mort. Ce fut la folie toute personnelle d’Hitler, celle qui remontait à l’insécurité de son existence quand il était un enfant constamment menacé et humilié dans sa propre famille. Des millions de personnes ont payé de leur vie pour que cet enfant, devenu plus tard un adulte sans descendance, puisse se venger en projetant inconsciemment le scénario de son enfance sur la scène politique.

Reconnaître que notre mémoire corporelle et émotionnelle agit en nous, indépendamment de notre conscience, ne nous est pas facile. Que cela nous contrarie se comprend, d’abord parce que ces découvertes sont nouvelles et encore peu familières, mais surtout parce que le contrôle de cette mémoire nous échappe. Pourtant, c’est justement la prise de conscience de ce phénomène qui peut nous permettre de mieux la contrôler et de mieux nous protéger contre ses effets. Une mère dont la main "dérape" contre sa volonté ignore, en général, qu’elle frappe son enfant uniquement parce qu’elle y est poussée par son propre corps et par les souvenirs inscrits dans ce dernier (les mères qui n’ont pas été frappées quand elles étaient enfants ont rarement la main qui dérape). Mais lorsqu’elle le sait, elle est mieux à même de l’éviter, de se dominer et d’épargner de la souffrance à son enfant aussi bien qu’à elle-même.

Comme Hitler, Staline ignorait que sa mémoire corporelle le poussait à projeter sur la scène de la vaste Union soviétique son histoire personnelle d’enfant cruellement menacé, dépourvu de témoin secourable. S’il l’avait su, il aurait pu mieux contrôle ses angoisses, ce qui eût évité des millions de morts. Et si ce savoir avait été du domaine public, à l’époque, les gouvernements auraient peut-être mis en place, au cours des cinquante années qui ont suivi, des stratégies adaptées susceptibles d’empêcher la dangereuse accumulation de pouvoir entre les mains d’un seul individu, et ce dans le but de combattre ses propres peurs. Rien, durant cette longue période, n’a eu lieu dans ce sens.

Staline, enfant unique, né comme Hitler après trois enfants morts, fut battu dès son plus jeune âge par un père irascible et presque toujours ivre. Jusqu’à la fin de sa vie, et malgré d’importants succès, il souffrit d’une manie de la persécution qui le poussa à supprimer des millions d’innocents. De même que l’enfant Staline, autrefois, devait craindre à tout moment d’être tué par un père imprévisible, l’adulte Staline, plus tard, redoutait jusqu’à ses plus proches collaborateurs. Mais il disposait alors du pouvoir, ce qui lui permettait d’écarter cette terreur par l’humiliation d’autres personnes.

Mao était le fils d’un professeur "à poigne", qui a voulu lui inculquer l’obéissance et le savoir au moyen d’une discipline de fer. Nous savons quelles connaissances Mao a voulu inculquer plus tard à son immense peuple, sans doute avec de meilleures intentions, mais par la violence et au prix de 35 millions de morts. Ceausescu, lui, avait grandi dans une seule pièce avec dix frères et sœurs ; plus tard, il obligea les femmes roumaines à avoir des enfants qu’elles ne désiraient pas.

La liste d’exemples est infinie. Malheureusement, nous nous refusons à prendre de tels faits en considération. Nous pourrions pourtant en apprendre comment la haine se constitue et nous serions moins à sa merci, dans l’avenir, si nous prenions au sérieux la façon dont elle se forme.

La constitution de la haine

Pourquoi recherchons-nous si activement le Mal inné dans les gènes ? Pour la simple raison que la plupart d’entre nous avons été des enfants corrigés qui redoutent la résurgence de ce qu’ils ont refoulé, à savoir la souffrance liée aux humiliations subies autrefois. Comme nous recevions simultanément le message "C’est pour ton bien", nous avons appris à réprimer ces souffrances ; mais le souvenir des dites humiliations est resté emmagasiné dans notre cerveau et dans notre corps. Parce que nous aimions nos parents, nous croyions ce qu’ils affirmaient _ que les corrections étaient bonnes pour nous. La plupart des gens le croient encore et soutiennent que l’on ne peut élever les enfants sans les frapper, c’est à dire sans les humilier. Ils restent de ce fait dans le cercle vicieux de la violence et du déni des anciennes humiliations, autrement dit dans la nécessité de la vengeance, des représailles, de la punition. Les émotions liées à la colère, réprimées dans l’enfance, se transforment chez les adultes en une haine meurtrière, laquelle est récupérée idéologiquement par des groupes religieux et ethniques. L’humiliation est une toxine difficile à éliminer, parce qu’elle est utilisée à son tour pour éliminer et produit de nouvelles humiliations, qui ne font qu’entraîner une spirale de la violence et une occultation des problèmes.

corpsPour sortir de cet engrenage, nous devons nous confronter à notre propre vérité. Nous AVONS ETE autrefois des enfants humiliés, victimes de l’ignorance de nos parents, eux-mêmes victimes de leur propre histoire et de leur enfance non digérée. Mais aujourd’hui, adultes, nous ne sommes plus obligés de le rester. Nous avons la possibilité de regarder notre histoire en face, de reconnaître que frapper des enfants est inutile et même dangereux - parce que l’emploi de tels procédés engendre la haine et des désirs de revanche qui se retourneront contre nous et contre la société tout entière, inévitablement, si nous persistons dans l’ignorance et le refus de savoir. Enfants, nous n’avions pas d’autre choix que de dénier la vérité, sans quoi nous n’aurions pu supporter cette souffrance et y survivre. C’est le déni de sa souffrance qui permet à un enfant battu de survivre dans une situation intolérable pour lui, et peut-être minimisera-t-il cette douleur toute sa vie. En fait, le prix qu’il aura à payer pour cela sera très haut, parce que son corps connaît la vérité et que la mémoire émotionnelle ne trouve parfois à s’extérioriser que dans des symptômes de maladie. Mais elle s’extériorise surtout dans l’opinion inébranlable que les enfants ont besoin de coups.

Contrairement à l’enfant, nous, adultes, disposons d’options plus saines que le déni. Nous pouvons choisir de savoir et de nous connaître nous-mêmes, au lieu de nous laisser conduire uniquement par le savoir émotionnel et inconscient de notre corps, lequel nous maintient dans la peur de la vérité. Peut-être qu’en beaucoup d’entre nous vit un petit Staline, qui en dépit de son immense pouvoir avait toujours peur de son père et se cramponnait au déni. Comme Hitler, il croyait que la destruction de millions de personnes finirait par le délivrer de cette terreur qui le tourmentait. Il n’en a rien été. Une telle illusion conduit au crime de nombreux enfants autrefois humiliés.

Munis des connaissances actuelles, nous pouvons arriver progressivement à d’autres représentations et d’autres solutions que celles qui nous ont été transmises par une tradition millénaire de violence, de répression et de représailles (avec la faiblesse, l’ignorance et la peur qui se cachent derrière). Si nous restons englués dans ces schémas, nous n’apprenons rien des faits qui s’offrent à nous en permanence. Et ceux-ci ne sont pas uniquement à chercher dans des crimes de masse, mais aussi dans les exemples positifs de l’Histoire qui sont restés ignorés, également, pendant des milliers d’années.

Comment Jésus a-t-il été élevé ?

Jésus, figure adorée par toutes les églises chrétiennes, a été élevé par des parents qui le considéraient comme l’enfant de Dieu. On peut supposer qu’ils ne l’ont jamais battu, qu’ils lui ont témoigné le plus grand respect et le plus grand amour. Nous connaissons les résultats de cette éducation, fondée sur l’amour, la tolérance et le respect : quelqu’un qui a transmis à son tour ce qu’il avait reçu, la compassion, la tolérance, l’amour, le respect. Comment se fait-il qu’en 2 000 ans aucun représentant de l’Eglise ne se soit orienté dans ce sens ? Que l’Eglise ne se soit jamaisJESUS élevée contre le châtiment corporel des jeunes enfants ? Que la charité, la tolérance et le pardon soient prêchés aux adultes et pratiqués à leur encontre, mais expressément refusés aux enfants ? Que les parents de Jésus n’aient jamais été offerts en exemple aux croyants ? Que des écoles chrétiennes d’Afrique protestent, au contraire, quand le gouvernement de la République des Comores veut interdire que les enfants soient frappés dans les écoles ? Il est dit dans cette pétition que le châtiment corporel des écoliers fait partie des obligations religieuses. On ne peut donner à tout cela d’autre explication que celle-ci : les adultes qui perpétuent par leurs actions une tradition de pouvoir, de représailles et de vengeance, restent prisonniers des humiliations refoulées qu’ils transmettent inconsciemment à la génération suivante.

Conséquences

Aujourd’hui, nous pouvons voir sur un écran d’ordinateur les lésions qui subsistent dans le cerveau des enfants maltraités ou négligés. De nombreux articles de chercheurs spécialisés dans l’étude du cerveau (dont Bruce D. Perry, pédopsychiatre par ailleurs) traitent de ce sujet non seulement dans des publications scientifiques, mais aussi sur Internet. Il est grand temps de s’éveiller d’un long sommeil. Nous, adultes, n’avons plus à redouter de nulle part ce danger d’anéantissement qui a constitué de fait une menace réelle pour nombre d’entre nous durant l’enfance. Nous n’avons plus besoin de nous cuirasser contre quelque chose qui est derrière nous. Mais d’autres dangers nous menacent de l’intérieur de nous-mêmes, si nous ignorons le savoir que détient notre corps. Il peut être dangereux de ne pas saisir les vrais mobiles de nos actions, d’être incapable de les comprendre. En revanche, la connaissance de notre histoire peut nous libérer d’avoir à fuir encore, inutilement, des dangers révolus, à réemployer sans cesse des stratégies inadaptées et à rester émotionnellement "aveugles". Nous avons aujourd’hui la possibilité de tirer les leçons des expériences qui sont à notre disposition et de rechercher aux conflits des solutions neuves, créatives, qui reposent sur le respect. Nous le pouvons à partir du moment où nous prenons conscience que l’humiliation d’autrui n’apporte jamais de solution réelle ni durable, mais qu’elle génère au contraire - dans l’éducation comme en politique - de nouveaux foyers de violence. Les enfants qui apprennent chez eux, de leurs parents, des méthodes fondées sur l’humiliation et la menace, appliqueront à l’école ce qui leur a été inculqué à la maison. Et cette acquisition se fait avant l’âge de dix-huit mois, comme l’a montré une enquête, c’est-à-dire durant la période de formation du cerveau. D’où l’effet à long terme de ces "apprentissages", de cette école de violence.

Vouloir lutter contre cette vérité toute simple avec des caméras vidéo revient à se boucher les yeux. Nous devons envisager d’autres modes de fonctionnement : écouter, regarder, oser une relation honnête, empreinte de respect, au lieu de nous en remettre uniquement à la protection d’un pouvoir punitif et destructeur. Et même si nous n’avons pas appris, enfants, à avoir confiance en une communication fondée sur le respect, il n’est jamais trop tard pour le faire. Un tel apprentissage me semble constituer une alternative sensée, porteuse d’espoir, à l’illusion que seul l’usage de la force peut nous venir en aide.

 

Note : Alice Miller est malheureusement décédée en Avril 2010
 
Source :
·    http://alice-miller.com/articles_fr.php?lang=fr&nid=4&grp=11
Voir Aussi :
·    Alice Miller : Recherches sur les Maltraitances des Enfants
·    Traductions de Textes d’Alice Miller
·    Interviews et Conférences sur les Maltraitances Infantiles
·    Le Livre "Oui la Nature Humaine est Bonne", par Olivier Maurel
P.-S.

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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 22:35


Les bienfaits du citron.

Le citron (citrus) est un produit miraculeux pour tuer les cellules cancéreuses.


Le citron est 10.000 fois plus puissant que la chimiothérapie.

Pourquoi ne sommes-nous pas au courant de cela? 

Parce qu'il existe des laboratoires intéressés par la fabrication d'une version synthétique qui leur rapportera d'énormes bénéfices.

Vous pouvez désormais aider un ami qui en a besoin en lui faisant savoir que le jus de citron lui est bénéfique pour prévenir la maladie.

Son goût est agréable et il ne produit pas les horribles effets de la chimiothérapie.

Si vous en avez la possibilité, plantez un citronnier dans votre patio ou votre jardin.

Combien de personnes meurent pendant que ce secret est jalousement gardé pour ne pas porter atteinte aux bénéfices multimillionnaires de grandes corporations ?

Comme vous le savez, le citronnier est bas, n'occupe pas beaucoup d'espace et est connu pour ses variétés de citrons et de limes..

Vous pouvez consommer le fruit de manières différentes: vous pouvez manger la pulpe, la presser en jus, élaborer des boissons, sorbets, patisseries, ...

On lui attribue plusieurs vertus mais la plus intéressante est l'effet qu'elle produit sur les kystes et les tumeurs..

Cette plante est un remède prouvé contre les cancers de tous types. Certains affirment qu'elle est de grande utilité dans toutes les variantes de cancer.

On la considère aussi comme un agent anti microbien à large spectre contre les infections bactériennes et les champignons, efficace contre les parasites internes et les vers, elle régule la tension artérielle trop haute et est antidépressive, combat la tension et les désordres nerveux.


La source de cette information est fascinante: elle provient d'un des plus grands fabricants de médicaments au monde, qui affirme qu'après plus de 20 essais effectués en laboratoire depuis 1970, les extraits ont révélé que:

Il détruit les cellules malignes dans 12 types de cancer, y compris celui du côlon, du sein, de la prostate, du poumon et du pancréas...images--16-.jpg

Les composés de cet arbre ont démontré agir 10.000 fois mieux que le produit Adriamycine, une drogue chimiothérapeute normalement utilisée dans le monde, en ralentissant la croissance des cellules du cancer.

Et ce qui est encore plus étonnant: ce type de thérapie avec l'extrait de citron détruit non seulement les cellules malignes du cancer et n'affecte pas les cellules saines.


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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 10:41

Photob 001Les défenseurs de D. Strauss-Kahn luttent becs et ongles pour le défendre à tout prix ; Ce qui est en soi normal car toute personne a droit à une défense. C'est un principe capital de la justice tel que le veut la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen.  Pour y arriver, il n'hésitent pas à fouiller dans toutes les poubelles de New- York dans l'espoir d'y trouver quelques pourritures qui feront l'effet d'une bombe.

 

A les entendre, ils ont en déjà une  entre leurs mains qui discréditerait la jeune fille: le frère ne serait pas le frère mais un simple ami de la victime. Ce mensonge peut en cacher un autre, pensent-ils.  Pour l'heure, ce fait est une brèche pour  les admirateurs de D. Strauss-Kahn. Certains d'entre eux, n'hésitent pas à crier victoire.

 

Qui est vraiment le frère de Nafissatou ?

Pour bien comprendre cette affaire, il faut  faire un petit voyage en Afrique, terre natale de Nafissatou et de son fameux frère.  Ce  voyage est indispensable pour connaître et comprendre un tant soit peu les hommes et les femmes qui y vivent, voyage indispensable pour se débarrasser de la totale méconnaissance des rapports qui régissent les africains.

 

En effet, les Africains (particulièrement ceux qui sont nés et ont grandis en Afrique, le cas de Nafissatou et son frère) entretiennent des rapports amicaux qui se traduisent et se confondent ou se  fusionnent en rapports familiaux. Nous sommes dans des sociétés où la structure est  basée sur la solidarité qui exclut toutes les formes d'individualisme  tel que nous l'observons dans les sociétés occidentales. 

 

Ce type de relations qu'un Occidental aurait du mal à clarifier est la base même de ce qui cimente les relations entre les Africains.  

En Afrique, une jeune fille est la soeur de tous les frères de sa famille, de son quartier et au delà de son cercle de vie. De la même façon, un jeune garçon, est le frère de toutes les soeurs. Un père est le père de tous les enfants. Une mère est la mère de tous les enfants. Un enfant est l'enfant de tous les parents. Il est interdit dans certains cas de préciser ou de clarifier les relations sous peine de choquer la communauté.

Par exemple, un Africain qui présenterait son demi-frère on le nommant  comme tel sera  considéré comme un "diviseur" de la famille. On se contentera de dire, c'est  mon frère. Les termes, beau- père, belle- mère, cousin ou cousine ou encore demi-frère, demi-soeur sont proscrits. monta17

 

On convient  que ces relations fusionelles qui font que chaque africain soit le frère d'une centaine de soeurs, ou chaque africaine soit la soeur d'une centaine de frères soient choquantes pour les Occidentaux parce que trop confuses. Mais, il s'agit là des sociétés qui n'ont pas connu l'industrialisation, l'urbanisation au même stade que l'Occident, sources entre autre de l'individualisation des sociétés occidentales.  

 

De ce fait, lorsque Nafissatou est agressée, par réflexe culturel, un frère de sa communauté n'a pas hésité à se présenter comme étant son frère. C'est un mécanisme de défense et un élément d'identité culturelle africaine.

De la même façon, ce sont ces mêmes frères, tous ses frères qui l'ont accueilli et aidé quand elle est arrivée à New-York. 

Une fois de plus, le lien de sang ou le lien de lait n'est pas déterminant pour les africains. Ces liens ne dictent pas les rapports entre les habitants. Ceci est encore plus vrai dans l'Afrique rurale, plus encore chez les Peuls ou les Foulanis. 

Par ailleurs, il est urgent de signaler que dans des grandes villes africaines ces liens sociaux sont en voie de disparition sous le poids de l'européanisation des sociétés africaines.

 

En Afrique, les biens et les hommes appartiennent à la communauté, au groupe. On est frère de toutes les soeurs et on est la soeur de tous les frères. Nos amies sont nos soeurs et nous sommes les frères de toutes nos amies. Autres cieux, autres réalités. C'est ce que le président congolais Massamba Débat (1963- 1969) qualifiait en son temps du socialisme bantou. Nous ne sommes pas unis par le sang et par le lait, mais nous le sommes par la Terre, la terre africaine est au délà de tout.

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 12:30

DÉCRYPTAGE- «20 Minutes» vous explique pourquoi ce jour particulier est source de tant de superstitions...

vendr5-copie-1.jpgLe vendredi 13 est considéré par certains comme un jour de chance. D'autres, au contraire, ne sortent pas de chez eux ce jour-là de peur que la malchance s'abatte sur eux.
Mais au fait, pourquoi le vendredi 13 est-il source de telles superstitions? Le vendredi 13 août 2010, 20 Minutes s'était déjà penché sur la question.

Il fait peur ou envie. Le vendredi 13 ne laisse pas indifférent.  Il a même sa phobie, la paraskevidékatriaphobie. Il y a entre un et trois par an (un seul cette année). Mais au fait, pourquoi tant d’honneurs? Le vendredi 13 est l’amalgame de deux superstitions: celle du vendredi, et celle du 13. Les deux ensemble annulent l’effet guignard, et ce jour se retrouve alors sous le signe de la chance.

Des origines bibliques et nordiques

Et pourtant, dans l’histoire, le vendredi 13 rappelle rarement de grands bonheurs.  La superstition aurait des origines bibliques. En effet, lors du dernier repas du Christ, la tablée, Jésus compris, était de 13. Il fut ensuite crucifié le vendredi.

Selon la mythologie nordique, Odin le dieu des guerriers avait réuni onze amis dieux pour un diner. Loki dieu de la guerre et du mal, vexé de ne pas être invité, se convia lui-même à la fête malgré tout. N’étant pas le bienvenu, une bataille éclata et ce fut Balder, dieu «bien aimé» qui en fit les frais, recevant une fléchette empoisonnée dans le cœur. Depuis cette légende, le chiffre 13 porte malheur dans les pays scandinaves.

Chez les Grecs et les Romains, le 12 est le nombre de perfection. Par conséquence on retrouve 12 dieux olympiens, 12 travaux d’Hercule, 12 constellations, 12 signes du zodiaque, 12 heures par jour et par nuit, 12 lunes dans l’année… Le 13 détruit cet équilibre et provoque alors le désordre. Quand au vendredi, c’est ce jour là que les exécutions avaient lieu dans la Rome antique.

Et dans les autres pays?

En Espagne, Grèce et dans les pays d’Amérique latine, ce n’est pas le vendredi mais le mardi 13 qui est craint. Le deuxième jour de la semaine, en rapport avec Mars, rappelle le dieu de la guerre, signe de destruction et violence. En Italie, c’est le nombre 17 qui porte malheur: XVII en chiffres romains, c’est l’anagramme de VIXI, qui signifie en latin «j’ai vécu», et donc «je suis mort».

En Asie, c’est le chiffre 4 qui leur fait horreur. Et pour cause, le mot se prononce «shi», même prononciation que le mot qui veut dire «mort», tant en mandarin qu’en cantonais et japonais. Paradoxalement à nos croyances occidentales, le nombre 13, pour les chinois est associé à la vie.

Anaïs Machard
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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 00:53
La thèse de Quentin Atkinson va raviver les débats entre linguistes. La thèse de Quentin Atkinson va raviver les débats entre linguistes. 

Une récente étude publiée dans la revue scientifique américaine Science présente l’Afrique comme le berceau de toutes les langues modernes. Une hypothèse qui ravive le débat sur l’existence potentielle d’une langue originelle.

Et si toutes les langues provenaient d’une même et unique langue ancestrale ? Du mythe biblique de Babel, qui impute la diversité des langues à un châtiment divin, aux hypothèses scientifiques, le débat a fait couler beaucoup d’encre. D’où ce verdict de la Société linguistique de Paris dans ses statuts de 1866 : toute discussion sur l’origine des langues est bannie.

Un article publié le 15 avril 2011 dans la revue Science vient relancer le débat. Son auteur, le Néo-Zélandais Quentin Atkinson atteste qu’en Afrique, une langue unique, ancêtre de toutes les langues modernes aurait été parlée par les premiers habitants du continent, il y a environ soixante mille ans.

Pour François Jacquesson, directeur du laboratoire de recherche « Langues et civilisations à tradition orale » (Lacito) au CNRS, l’hypothèse d’une langue-mère venue d’Afrique n’a rien d’inédit. Déjà éprouvée, elle serait le fruit d’un raisonnement par analogie : « L’homme est doté de capacités de langage. Les historiens pensent que les lignes d’hominidés sont nées en Afrique, résume le chercheur. Du coup les capacités de langage seraient nées en Afrique. »

De la génétique à la linguistique

La thèse de Quentin Atkinson s’appuie sur une méthodologie empruntée à la génétique : schématiquement, si un groupe d’individus s’éloigne de son berceau géographique, sa diversité génétique diminue. Une logique que le chercheur tente d’appliquer à la linguistique. Ainsi, de la même manière qu’une population migrante partant d’Afrique perd de sa diversité génétique, des individus s’éloignant de leur population d’origine, utilisent moins de phonèmes (les plus petites unités de langage). La langue utilisant le plus de phonèmes serait donc à l’origine de toutes les autres.

Or Quentin Atkinson, après avoir étudié 504 langues, constate que les dialectes utilisant le plus de phonèmes sont africains. Ceux qui en utilisent le moins sont parlés de l’autre côté du globe, en Amérique du Sud et dans les îles tropicales du Pacifique. Conclusion : plus les peuples se sont éloignés d’Afrique, plus leurs langues se sont appauvries en phonèmes. De quoi supposer que l’Afrique est bel et bien la terre mère de toutes les langues.

Outre-Atlantique, des réactions de spécialistes américains se veulent nuancées, mais enthousiastes. Ainsi, pour Donald A. Ringe, linguiste à l’Université de Pennsylvanie, cité par le New York Times, « il est trop tôt pour dire que la thèse d’Atkinson est recevable, mais si elle l’est, il s’agit d’une des publications les plus intéressantes de l’histoire de la linguistique ces dix dernières années ».

D’autres, comme Lolke van der Veen, chercheur à l’université de Lyon 2, et responsable du projet « Langues, gènes et cultures bantu », ne sont pas de cet avis. « On ne peut transposer directement les principes de la génétique des populations aux langues. Un goulot d'étranglement peut en effet réduire la diversité génétique mais je ne vois absolument pas comment un tel phénomène pourrait affecter la diversité sonore d'une langue. D'ailleurs, la complexité sonore d'une langue n'est pas qu'une affaire de phonèmes, mais aussi de combinaisons de phonèmes. »

Langue-mère, chimère ?

Traditionnellement, dans la communauté scientifique, la thèse d’une langue originelle suscite plutôt la suspicion. Quentin Atkinson n’est pas le premier linguiste à s’appuyer sur la génétique. D’autres s’y sont essayés bien avant lui.

On doit par exemple à Joseph Greenberg dans les années 1950, le regroupement d’un millier de langues africaines en quatre grandes familles. Dans les années 1970, l’hypothèse d’une langue-mère trouve son représentant en la personne de Merrit Ruhlen. Déjà, le linguiste cherche à comparer données linguistiques et humaines, partant du postulat que, s’il était possible de reconstituer l’histoire des lignées humaines, pourquoi l’histoire du langage ne pourrait-elle pas suivre un chemin parallèle ?

Sujette à beaucoup de discussions, la thèse subit des objections de méthode. « Les données de travail ne sont pas les mêmes », précise François Jacquesson. « Nous connaissons l’histoire des langues sur une très courte période. Pour les gènes, c’est l’inverse. On dispose de beaucoup de données, concernant beaucoup de groupes humains, mais ce qu’on ne sait pas sur les gènes, c’est leur histoire. Ce n’est pas comparable. La linguistique et la génétique s’étudient sur des échelles de temps très différentes : les données sur les langues remontent à quelques milliers d’années, celles sur les gènes à plusieurs millions.»

À défaut de connaissances historiques exhaustives, reconstituer la généalogie des dialectes reste donc du domaine de l’hypothèse. S’il est un constat dans l’histoire des langues parlées, c’est plutôt celui de leur diversité. À ce jour, 6 000 d’entre elles ont été répertoriées.

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 13:12

LA CONDITION DE LA VEUVE - 27 Février 1971 -

† Monseigneur Théophile MBEMBA: 1er Archevêque Noir du CONGO

par Monseigneur Théophile Mbemba,

 

 

DEVANT LES CONDITIONS DES VEUVES DANS NOTRE SOCIETE…

 

CARÊME 1971

 

48813_100001257324095_7548371_n.jpgMes frères, Nous venons d’entrer en Carême. Profitons de ce temps favorable à la prière, et mettons-nous docilement à l’écoute du Seigneur qui nous invite à la conversion du cœur. Pour mieux nous aider à vivre ce ‘’moment favorable’’ qui se présente à nous comme le ‘’jour du salut’’, je vous donne à réfléchir attentivement et à méditer sur les conditions inhumaines de la veuve dans notre société. Mon message de Noël a attiré votre attention sur le respect de la vie de l’enfant.

En ce temps de Carême regardons en face, en toute objectivité et loyauté, la veuve chez nous. Si nous affirmons que : ‘’Tout homme est mon frère’’, nous nous engageons par le fait même à améliorer la situation de la veuve frustrée, hélas, de ses droits les plus légitimes.

 

1 PARTIE : LA VEUVE DANS LA SOCIETE CONGOLAISE

 

Nous connaissons, tous, les habitudes de nos régions. Mais puisque dans nos diverses réunions de Conseils Pastoraux, aussi bien à Hamon en 1969, qu’à Mindouli, Kinkala, Kindamba et Brazzaville cette année, nous sommes continuellement revenus sur la question, il est bon que nous en esquissions un bref aperçu. Le ‘’Martyre’’ de la veuve commence avec le dernier soupir du conjoint, quand il n’a pas débuté avec la période de maladie ou les heures d’agonie.

Aussitôt après la mort du conjoint, les membres de la famille de celui-ci ‘’tyrannisent’’ la veuve. Ils commencent par sceller la maison pour empêcher la veuve d’y entrer, de peur qu’elle n’escroque tout l’héritage laissé par le défunt. L’accès de la maison est interdit même aux enfants. La veillée mortuaire devient une occasion de critiques, d’insultes, de sarcasmes, de médisances, d’accusations et de vexations de toutes sortes dont la veuve est l’objet.

 

A l’inhumation, non seulement on ne lui accordera même pas la parole pour s’adresser une dernière fois à son compagnon de vie, mais on l’éloignera de la tombe, sous prétexte qu’elle n’est pas du clan de son mari. Après l’enterrement, la veuve continue son calvaire deux à trois ans, temps pendant lequel elle est soumise à de dures prescriptions :

 ■cheveux non coupés,

■sommeil à même le sol,

 ■interdiction d’utiliser du savon, de manger dans une assiette ou de boire dans un verre,

 ■défense stricte de parler à un homme…

 

Ici encore, la belle-famille trouvera l’occasion de soutirer de l’argent à la veuve qui refuse de se soumettre à tous ces interdits. Et si par malheur, la veuve reste infidèle au souvenir de son feu mari parce qu’elle se sera rendue coupable d’adultère, la belle-famille refusera de la relever de son deuil.

 

Le jour du retrait de deuil, si la veuve refuse le nouveau mari qu’on lui propose, elle est contrainte de rembourser le montant de la dot, souvent majorée. C’est le cas de cette femme qui, dotée à 150 f, a dû payer 50 000 f à sa belle-famille pour avoir refusé de devenir la seconde femme d’un jeune homme qu’elle avait, elle-même élevé. Ai-je besoin de vous parler du sort des enfants dans tout cela !

 Beaucoup de gens continuent à défendre la conception, selon laquelle les enfants n’appartiennent pas au clan paternel pas plus que leur mère. Alors forts de ce principe, les membres de la famille paternelle s’approprient la maison, et les autres biens laissés par le défunt.

 

 Comment voulez-vous parler de communauté de biens, quand tout l’héritage du mari revient aux membres de sa famille qui n’ont nullement contribué à sa constitution ? Pensez-vous que de tels agissements soient humains ? Prenez le cas de cette veuve qui, après 22 ans de mariage et de travail assidu, a été expropriée.

A la mort du mari, on ferme la maison, on réquisitionne tout, y compris sa voiture personnelle, et tout l’avoir déposé en banque et la pension des enfants ; on exige d’elle la moitié de sa propre pension. Et après cela, les membres de la famille de son feu mari fréquentent dévotement l’église, communient, en véritables pharisiens, au Corps et au Sang du Christ. Quel scandale ! Non !

Ceux qui placent les veuves et leurs enfants dans de telles conditions ne sont pas des disciples du Christ même s’ils se disent membres actifs de nos communautés, de nos Scholas Populaires, de nos groupes de Légion de Marie, de nos Confréries et de nos Archiconfréries.

 

DEUXIEME PARTIE : LA VEUVE DANS LA LOI MOSAIQUE…

 

De leur temps, les prophètes prenaient la défense des veuves qui appartenaient, avec les étrangers et les orphelins, à la catégorie des personnes dont le seul défenseur et refuge était Dieu : « Apprenez à faire le bien, recherchez le droit, nous dit Isaïe, secourez l’opprimé, soyez juste pour l’orphelin, plaidez pour la veuve » Jérémie de son côté, dit : « Si vous n’opprimez pas l’étranger, l’orphelin et la veuve… alors je serai avec vous en ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères depuis si longtemps pour toujours » Et le message de Michée s’applique point par point aux conditions de la veuve dans nos régions : « Les femmes de mon peuple, nous dit Yahvé, vous les chassez des maisons qu’elles aimaient ; à leurs enfants, vous enlevez pour toujours l’honneur que je leur ai donné » La Loi Mosaïque se faisait un devoir de protéger l’étranger, l’orphelin et la veuve : « Vous ne rudoierez pas une veuve, ni un orphelin. Si tu le rudoies et qu’il se plaigne à moi, je prêterai l’oreille à sa plainte » …

 

 ET DANS LES PREMIERES COMMUNAUTES CHRETIENNES

 

Nous retrouvons le même esprit dans les communautés chrétiennes primitives. On y secourait les veuves conformément au précepte du Seigneur. Il nous suffit à ce sujet de relire les premiers chapitres des Actes des Apôtres, et surtout la Lettre de Saint Jacques, pour nous convaincre que tous avaient le devoir de visiter et d’assister les veuves à tout instant : « La dévotion pure et sans tâche devant Dieu et notre Père, consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans les épreuves, se garder de toutes souillures du monde » Les veuves partageaient la vie de la communauté, et il semble même qu’elles vivaient regroupées dans certaines maisons de chrétiens fortunés, sous le contrôle d’une femme – telle Tabitha que Pierre ressuscita à Joppé (Ac 9, 36-43).

Bien plus, tout porte à croire que dans les communautés chrétiennes primitives existait une confrérie des veuves. La Lettre de Saint Paul à Timothée en présente les exigences et la tâche. Précisons que Saint Paul distinguait trois catégories de veuves :

■Celles que la Communauté n’avait pas à assister, parce qu’elles avaient de la famille, ou vivaient chez des chrétiens fortunés ;

 ■Celles que la communauté se devait d’assister, les ‘’vraies veuves’’, parce que seules au monde ;

■Et enfin celles qui, assistées ou non, étaient appelées à remplir certaines fonctions officielles dans les communautés, comme en témoigne cette recommandation de Paul à Timothée : « Honore les veuves, j’entends les vraies.

Si une veuve a des enfants ou des petits enfants, il faut avant tout leur apprendre à pratiquer la piété envers leur propre famille et s’acquitter de leur dette envers leurs parents. Voilà ce qui plaît à Dieu. Mais la vraie veuve, celle qui reste absolument seule, s’en remet à Dieu et consacre ses jours et ses nuits à la prière et à l’oraison.

 

Quant à celle qui ne pense qu’au plaisir, quoique vivante, elle est morte. Cela aussi tu le rappelleras, afin qu’elles soient irréprochables. Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, surtout de ceux qui vivent avec lui, il a renié la foi ; il est pire qu’un païen… « Ne peut être inscrite au groupe des veuves qu’une femme d’au moins soixante ans, n’ayant été mariée qu’une fois. Elle devra produire le témoignage de sa bonne conduite : avoir élevé des enfants, exercé l’hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les affligés, pratiqué toutes les formes de la bienveillance. Et il conclut : « Si une croyante a des veuves dans sa parenté, qu’elle les assiste, afin que la communauté n’en supporte pas la charge, et puisse ainsi secourir les vraies veuves » (1 Tm 5, 3-17).

 

TROISIÈME PARTIE : REGARD CHRÉTIEN SUR LES CONDITIONS DE VIE DE LA VEUVE

 

Si la veuve dans notre société est traitée de façon inhumaine, n’est-ce pas notre faute ? Nous sommes prudemment silencieux quand il s’agit de dénoncer les traitements indignes auxquels est soumise la veuve, et sagement réservés quand il faut passer à l’action en faveur de la veuve.

 Au nom d’une coutume qui lèse les valeurs humaines et les droits les plus légitimes et les plus précieux de l’être humain, nous abandonnons à son triste sort la veuve démunie de tout, de son mari, de sa liberté et de la part des biens qui lui reviennent de droit. Ne sont-ils pas des menteurs, des hypocrites, des égoïstes, ceux qui continuent à fréquenter les églises, à pratiquer les sacrements, alors que dans leurs maisons, dans leurs familles, dans leurs quartiers, dans leurs communautés chrétiennes, les veuves sont traitées indignement ? Ne sommes-nous pas du sel affadi dans ce pays, où les droits de la veuve sont souvent méconnus ?

 

Le Christ dit : « Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » N’est-ce pas lui qui nous dit aujourd’hui : ‘’Quand tu viens à la prière, à l’offrande, à la réunion de la Schola Populaire, de la Confrérie ou de l’Archiconfrérie, de la Chorale, etc., si tu te souviens dans ta famille, dans ta maison, dans ton quartier, dans ta communauté…, une veuve souffre encore ces mauvais traitements… va, retourne chez les tiens et dis-leur qu’elle est une personne humaine qui jouit de certains droits inaliénables… Oui ! Va te réconcilier avec cette veuve et reviens pour l’offrande, la prière ou la réunion’’. (Jn 13, 33-34).

 

Les conditions dans lesquelles on place la veuve favorisent très souvent la maladie, et, par conséquent, hâtent sa fin.Les traitements infligés à la veuve (et parfois au veuf) sont contraires à la loi d’amour enseignée par le Christ : Mes frères, la valeur du deuil ne réside pas dans sa durée, encore moins dans les mauvais traitements infligés à la veuve. Dieu lui-même nous indique l’attitude que nous devons adopter : « Mon fils ! Répands tes larmes pour un mort, pousse des lamentations, pour montrer ton chagrin, puis enterre le cadavre selon le cérémonial et ne manque pas d’honorer sa tombe. Pleure amèrement, crie ton chagrin, observe le deuil comme le mort le mérite puis console-toi de ton chagrin, car le chagrin mène à la mort ; un cœur abattu perd toute vigueur ; avec les funérailles, il faut laisser la peine ; une vie de chagrin est insupportable : n’abandonne pas ton cœur au chagrin, repousse-le.

 

Songe à ta propre fin » Notre attitude vis-à-vis des enfants et de la veuve manifeste une incompréhension grave et coupable du sacrement de mariage. Le Christ nous l’a bien expliqué, l’homme et la femme ne font plus qu’un : « N’avez-vous pas lu, nous dit le Christ, que le Créateur dès l’origine, les fit homme et femme et qu’il a dit : ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme ; et les deux ne sont plus deux, mais une seule chair » Le mariage est une mise en commun à deux, en vue de bonheur des époux et des enfants. Il n’est donc pas normal que la parenté du mari défunt s’approprie les biens acquis durant la vie conjugale.

 

 Selon les exigences de la loi évangélique, la belle-famille n’a pas le droit de dépouiller la veuve et ses enfants de l’héritage auquel ils ont droit. Cela ne peut plus durer. Aujourd’hui, c’est le Seigneur lui-même qui parle à chacun de nous, en particulier : ‘’Ne maltraite plus les orphelins ; ne martyrise plus la veuve, n’exproprie ni la veuve ni ses enfants ; ne la laisse plus dormir à même le sol ; ne lui donne plus à boire dans les récipients malsains ; donne à la veuve l’occasion de parler à l’inhumation de son regretté mari ; ne la garde pas contre son gré ; mais si tel est son désir, ne lui refuse pas le droit de rester dans ta famille ; ne lui donne pas de mari qu’elle ne désire pas. LA

 

RESPONSABILITE DES FEMMES

 

 Plus que jamais la femme doit être le propre artisan de sa libération. Compagne de l’homme, elle est son égale en droits et en devoirs. Or, une des responsabilités qui lui incombent est de contribuer à l’amélioration de la situation de la veuve. Nous sommes heureux de constater que de plus en plus la femme de notre société a conscience de l’injustice à son égard et de la violation de ses droits en tant que personne humaine.

 

Mais plus heureux sommes-nous encore de la lutte menée par la femme congolaise, de concert avec les autres femmes africaines, pour son émancipation, sa libération du joug de certaines coutumes ancestrales irrespectueuses de la personne féminine. Nous convions donc les femmes à s’engager dans cette voie de la révolution pour la libération de la veuve.

Mais ceci n’est possible que si les femmes elles-mêmes se montrent compréhensives à l’égard des veuves durement éprouvées et les ménagent pour ne point augmenter leur peine. (1 Tm 5, 8).Les veuves elles-mêmes doivent vivre chrétiennement leur veuvage dans la prière, le respect de leur cœur et de leur corps ; se laisser guider dans toutes leurs démarches par la loi de charité. Qu’elles prient pour leurs maris défunts ; qu’elles fassent dire des messes pour le repos de leur âme ; qu’elles communient à cette intention ; qu’elles s’appliquent à l’éducation chrétienne de leurs enfants ; qu’elles conservent les liens d’affinité tissés entre elles et les parents de leur mari défunt et, si elles le peuvent, qu’elles prennent soin d’eux, conformément à l’ordre de Saint Paul, à Timothée : qui favorisent leur vie spirituelle et – pourquoi pas – travaillerait à améliorer les conditions matérielles de bon nombre de veuves ! Les chrétiens dans leurs communautés et paroisses respectives pourraient mettre sur pied une telle confrérie où la veuve trouverait le climat de prière et de soutien moral – voire matériel – dont parle Saint Paul dans sa Lettre à Timothée.

 

Pourquoi dans notre pays, ne verrions-nous pas naître une (1 Cor 7, 23)., sachez que Pour ce qui est de l’intégration de la veuve dans la belle-famille et de son C’est à chacun de nous maintenant de travailler à l’amélioration des conditions de la veuve, en nous laissant mener par la loi de la charité et en respectant les droits de chaque personne.

 

Puisse le Seigneur, nous libérer des habitudes païennes à l’égard de la veuve et nous donner un cœur et un esprit nouveaux, cet esprit de ressuscités qui nous donnera la force de mener à bien cette lourde tâche de rénovation.

Amen !

 

 

Brazzaville, le 27 Février 1971

+ Théophile MBEMBA Archevêque de Brazzaville

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 21:59

Un charmant souvenir d’enfance

art3327_femmes_sexualite_mutilation.jpgVous êtes une jolie petite africaine de trois ans, une « délicieuse négrillonne » auraient dit les belles dames blanches à ombrelle se promenant sur les rives du Fleuve, aux temps de la reine Victoria. Joyeuse et insouciante, vous vous amusez bien avec vos frères et sœurs, avec vos petits amis du village. Et puis un jour votre mère vient vous chercher et vous ramène à la case. Là une bonne femme que vous n’avez jamais vue, mais qui a l’air revêche, vous dévisage d’un air entendu, et confirme à votre mère que c’est bien le moment. Et votre bonne maman s’assied, vous prend sur ses genoux et, de façon imprévue, vous coince les bras sous les siens et saisit vos genoux qu’elle écarte. Qu’est-ce qui se passe donc ? Car la bonne femme se met à genoux devant la chaise, s’empare d’un rasoir qu’elle tire de son boubou, elle vous pince de façon bizarre et alors, horreur, approche son outil de votre corps et vous inflige une douleur abominable, atroce, impensable, suffocante. Vous hurlez, vous vous débattez, mais votre mère ne vous lâche pas, attendant d’être sûre que « c’est fait ». Oui, c’est fait, le mal est fait, c’est sûr, et l’endroit ne vous procurera jamais de plaisir. Vous saignez, malgré l’emplâtre qu’on vous inflige. Pendant des jours faire pipi va devenir une torture, vous pleurez, plus question de courir, de patauger dans le marigot. Et au lieu de vous plaindre maman vous assure que vous voilà « bien propre », et désormais « une grande fille ». Elle est toute fière…

C’est sur les bords du Nil que vous êtes née. Vous êtes une petite fille normale, pas plus dissipée ni désobéissante que les autres. Et pourtant vous savez qu’un jour, alors que vous n’avez rien fait de mal, et qu’il n’y a pas de raison de vous infliger une terrible punition, il va vous arriver quelque chose d’horrible. Ce qui est arrivé à votre grande sœur comme à ses copines, qu’on a entendues gueuler, et gémir pendant huit jours. Après que soit passée une affreuse mégère couverte de voiles noirs. Mais vous, c’est chez le docteur qu’on vous emmène. Pour vos sept ans. Son cabinet est bien modeste, dans une petite maison qu’il a pu acheter avec ses maigres honoraires, dont une bonne part provient de ce qu’il va vous faire. Et qui vous fait peur, car son visage fermé, comme celui de votre mère, ne laisse rien présager de bon, tandis qu’il installe d’inquiétants outils brillants. Vous voilà sur sa table, vous voilà attachée, avec les jambes écartées. Cet endroit mystérieux qui se trouve entre vos cuisses, celui qui fait pipi et que vous chatouillez quelquefois, toute seule, avec un certain agrément, cet endroit secret se trouve complètement exposé ; pour votre honte, puisqu’on vous a toujours dit de le cacher et d’ailleurs aucune grande personne ne le montre jamais. Et c’est là que le cruel docteur farfouille avec sa main gauche avant que, d’un coup sec de la main droite il ne vous tranche cela précisément qui vous donnait du plaisir, et vous fait maintenant ressentir une douleur insensée, telle que vous n’en avez jamais subie. Voilà pourquoi votre grande sœur a tellement crié, et pourquoi vous criez à votre tour, convulsée de souffrance. Et puis on vous libère, on vous pose un paquet de coton sur la plaie qui saigne tout rouge, une culotte par là-dessus, que votre mère avait amenée ; après quoi elle paye le docteur tout content, puisque grâce à son habileté « tout s’est bien passé ». Une chance que la séance de torture s’arrête là. Seriez-vous née soudanaise ou somalienne qu’on aurait, en complément du programme, incisé les grandes lèvres de votre pauvre petit sexe martyrisé, ensuite réunies par des agrafes ou, plus écologique, de grandes épines d’acacia…

Votre pays, c’est le plus grand pays musulman du monde. L’Indonésie au climat si clément en saison sèche, aux îles enchanteresses si prisées des touristes. Vous avez dix ans et jusqu’ici vous avez vécu une jeunesse insouciante, sans autres misères que les petites maladies et les chamailleries entre copines. Un jour on annonce que votre petite île va recevoir la visite de « spécialistes » offrant aux parents leurs bons offices pour « s’occuper » des fillettes qui avaient été « négligées ». Débarquent des dames qui s’installent dans un local prêté par la municipalité ou un généreux croyant. Ce sont, paraît-il, des sages-femmes. En tout cas, bien voilées de blanc, le foulard islamique sur la tête, des femmes « craignant Dieu ». Et pourtant ce qu’elles commettent n’a jamais figuré dans le Coran. Votre mère vous a amenée, comme le sont d’autres fillettes, que l’on admet chacune à son tour, un peu inquiètes car celles que l’on voit sortir sur le côté sont en pleurs et flageolent sur leurs jambes. Quand on vous introduit, vous voyez quatre dames devant une grande table. On vous y fait monter et avant que vous n’ayez eu le temps de souffler deux dames vous enlèvent votre culotte et s’emparent de vos jambes, qu’elles écartent. La troisième vous immobilise les bras. Et la quatrième, armée de ciseaux bien affûtés, vous coupe à vif cette petite languette de chair que vous aviez sentie si sensible. Vos cris, votre sang n’émeuvent guère les opératrices. On vous fait remettre votre culotte et… hop ! à la suivante !

Voilà les façons les plus courantes de perdre son clitoris, comme il s’en est perdu, et s’en perd des millions chaque année. Mais il y en a d’autres. La façon « historique-pittoresque », version Afrique Noire. Lors de l’Initiation regroupant pendant huit jours la classe d’âge qui allait « y passer », entre dix et quatorze ans. Dans une cabane édifiée en forêt, ou dans la brousse, les adolescentes, sous la houlette de la matrone-initiatrice apprenaient les contes et légendes de la tribu, et répétaient les si charmants chants folkloriques d’Initiation. Le soir, avant de dormir, elles devaient toutes se masturber, pour bien savoir ce qu’elles allaient perdre, leur wizougoré (dialecte manja), le « gardien du village ». Le grand jour advenu on les paraît, on leur peignait le visage en blanc, puis la bonne matrone, sous les yeux des copines et des mères conviées à la cérémonie, les coupait l’une après l’autre, maintenues à terre par des concélébrantes bénévoles. Un bâton dans la bouche les empêchait de gueuler trop fort. Quand elles avaient toutes été rectifiées, elles se réunissaient pour allégrement chanter en chœur « je suis née avec un clitoris pour ressentir le plaisir. Tu nous l’a coupé, comme on te l’a coupé »… etc. Et une promotion de plus ! La matrone officiante devenait la marraine des initiées, révérée et honorée, pour les avoir « purifiées », devenues de vraies femmes, bonnes pour le mariage et les grossesses... Des façons moins cérémonielles ont succédé, au XXe siècle, à ce folklore joyeux mais bien désuet voire dangereux puisque, risques et périls de l’Initiation, certaines promues succombaient par hémorragie ou infection.

Toujours africaine, la méthode « surprenante-estivale » touche ces grandes filles élevées en Europe, en France, par des parents d’origine africaine bien intégrés, et assez aisés pour payer à leurs rejetonnes des vacances dans leur berceau familial. Les grands-mères, les tantes, qui ne les avaient jamais vues, sont ravies de les accueillir et de les choyer. Mais là, grosse déception, ces adolescentes si jolies et si bien élevées n’ont toujours pas été excisées. Quelle négligence ! Heureusement, l’exciseuse locale accepte, contre un petit cadeau, de s’occuper d’elles. On les prévient qu’il est temps qu’elles deviennent de vraies femmes, même si ça fait un peu mal. Et comme leur mère va être contente ! Tête de l’enseignante, de l’hôtesse de l’air, quand elle voit revenir ses filles mutilées !

La façon occidentale-immigrée se pratique en « pays développé ». Dans les immeubles communautaires, les banlieues paisibles ou agitées. Maman a été contactée par une « femme de bien », ou on la lui a recommandée, quand elle s’est avisée qu’il était temps de s’« occuper » de sa petite fille. Moyennant une petite rétribution la dame vient à domicile. Elle officie dans la cuisine ou dans la salle d’eau quand il y en a une, ce qui fait « hygiénique ». Sans garantie que « tout se passe bien ». Car si ça saigne beaucoup et que, par timidité, on ne fait appel au médecin que trop tard, le petit ange peut partir directement au Ciel. Et l’école peut aussi embêter les parents, pourtant si bien attentionnés, quand elle s’inquiète de l’absence de Kesso ou de sa mine défaite, de sa démarche à petits pas craintifs… Le médecin scolaire peut découvrir le pot aux roses… Au tribunal, après avoir chanté son petit refrain sur la déculturation et les rites socialisants, l’avocat distingué dira que la maman ne maîtrisait pas suffisamment notre langue pour comprendre les interdits occidentaux lors de son débarquement en France ; à moins, cas classique, qu’il ne s’agisse d’une famille de sans-papiers, ignorant tout de la P.M.I., et qu’à la persécution policière l’Institution répressive ne veuille odieusement ajouter une lourde condamnation, pour ce que la famille de la petite Fatou considérait comme une pratique bienfaisante.

Rien de toutes ces tracasseries et péripéties déplaisantes avec la méthode qu’on pourrait nommer « rationnelle-scientifique ». Cela se passe dans un bloc opératoire. On agit sous anesthésie générale et asepsie. Un « chirurgien » (les gens malintentionnés diraient un malandrin) exécute une « clitoridectomie propre », avec hémostase et suture des zones cruentées. Comme certains praticiens, en particulier londoniens, abominables puritains le pratiquèrent, au XIXe siècle ; pour « guérir » certaines malheureuses adonnées à la « masturbation compulsive ». L’actuel établissement « de soins » peut siéger au Moyen-Orient, à Alexandrie, à Dubaï, où l’on chouchoute les filles de milliardaires pétroliers. Mais en Occident aussi, ne serait-ce, encore, qu’à Londres, où de pieux plasticiens pakistanais pratiquent l’intervention pour une somme raisonnable. Leurs tarifs sont indiqués dans des bandes-annonces télévisées par la BBC…

Clitoridectomie propre, excision artisanale (sale !), le résultat demeure néanmoins le même : le clitoris perdu ne repousse jamais. Et c’est une grosse perte.

A quoi sert donc le clitoris ?

La réponse est simple : à mettre en route la physiologie de l’orgasme féminin. Toutes les femelles mammifères sont
dotées d’un clitoris, des souris aux baleines. Organe saillant au devant de l’orifice génital assurant la copulation, il est muni de récepteurs spécialisés dont la stimulation prodigue une gratification sensitive de récompense. On ne prend pas les mouches avec du vinaigre, et des créatures aussi évoluées que les animaux à sang chaud doivent trouver un certain « bénéfice » à l’accomplissement de « devoirs biologiques » dont dépend leur survie, et celui de leur espèce. C’est-à-dire que les excitations clitoridiennes précédant l’accouplement, puis l’accouplement lui-même, par contact avec l’organe mâle introduit, procurent à la femelle d’agréables sensations ; pour la « récompenser » de se livrer à ce comportement exigé par son espèce pour se maintenir sur Terre.

La femelle humaine ne fait pas exception, et toutes les mamans façonnent dans leur ventre le clitoris de leurs petitesblacklesbiangfs com 3m filles. A ceci près que le clitoris humain possède de remarquables singularités. La première est sa relative petite taille, par rapport, par exemple avec celui des guenons anthropoïdes ; alors que le clitoris des singes femelles est fort saillant, proéminent, celui des humaines reste de dimension modeste, sa plus grande partie enclose entre les grandes lèvres de la vulve. La deuxième est l’intrication de son revêtement cutané (le capuchon) avec ces formations anatomiques absolument originales que sont les petites lèvres (les nymphes). L’espèce humaine est la seule à posséder ces replis cutanés qui ornent gracieusement la fente vulvaire et protègent son fond, en particulier l’orifice urinaire, ainsi maintenu à l’abri et au chaud. Troisième singularité : du fait du redressement bipède de notre espèce, le clitoris est devenu un organe antérieur, visible et accessible par devant, s’étant éloigné de l’orifice copulatoire désormais caché entre les cuisses. A moins de pénibles contorsions, l’organe masculin introduit ne peut le stimuler. Le clitoris doit donc être gentiment et précisément flatté à part. Dernière originalité : l’autonomie orgasmique. Alors que le clitoris animal ne procure qu’une gratification « accessoire » de l’accouplement, et même si les guenons se le tripotent allègrement, on ne sache qu’il puisse les mener jusqu’à cette culmination sensitive sans équivalent qu’est l’orgasme. Alors que le clitoris humain permet à lui seul d’atteindre cet orgasme qui fonde notre fonction érotique. Mais pas tout de suite.

Le substratum anatomo-physiologique du réflexe orgasmique est constitué par un vaste réseau de neurones, avec leurs faisceaux connectiques et leurs centres, récepteurs et effecteurs ; depuis les organes génitaux externes jusqu’au cerveau. Comme d’autres agencements neuro-biologiques complexes, le circuit orgasmique n’est livré à la naissance qu’en pointillé. Les neurones et leurs connexions sont en place, mais toutes les jonctions, l’entourage de myéline fonctionnelle des axones ne sont pas entièrement accomplis, les centres agissants n’ont pas encore effectué leur rodage. . Il en va de même, par exemple, pour le mécanisme neuronal de la marche bipède, de la parole. Alors que certaines maturations fonctionnelles s’accomplissent spontanément (par exemple la continence urinaire et fécale), un apprentissage, des stimulations externes sont nécessaires, après la naissance, pour savoir marcher, parler, éprouver l’orgasme.

L’orgasme, les humains en sont très friands. Beaucoup plus que les autres mammifères. Beaucoup plus que ne le voudrait la simple reproduction de l’espèce. C’est en raison du si grand développement de la mémoire humaine, et surtout de la conscience, qui ont poussé les humains à éprouver itérativement la gratification sensitive récompensant l’accouplement… mais aussi la stimulation manuelle ou buccale des zones érogènes primaires. C’est l’appétit orgasmique, fondant la fonction érotique. On a pu chiffrer à 5000 orgasmes le besoin orgasmique, pour une vie de septuagénaire. Homme ou femme. Aucune commune mesure avec le nombre d’enfants (2,3) nécessaire au maintien populationnel. Car l’orgasme procure non seulement un plaisir suréminent, inégalable, irremplaçable, mais aussi un apaisement, un oubli des soucis, une tranquillisation naturelle qui aident à surmonter les péripéties de l’existence. C’est le médicament des gens bien portants, celui qui procure la véritable joie de vivre, d’autant plus efficace et goûteux qu’il est partagé avec cet être choisi et choyé : le partenaire du sexe complémentaire. Celui-celle qu’on pourra aimer d’amour, le vrai, fondé sur le partage du plaisir – du plaisir d’amour. Après avoir, pendant ces longues années nécessaires à l’être humain pour devenir une grande personne, suivi l’évolution biologique que la bonne nature a agencée pour notre bonheur des sens et du cœur.

Les zones érogènes primaires, le clitoris, le gland de la verge, tombent « tout seuls » sous les doigts des bambins des deux sexes. Ils les tripotent plus ou moins machinalement, mais avec plus de précision à la fin de la petite enfance, quand leur « chatouillis » est devenu franchement agréable. C’est ainsi, sous l’effet de ces stimulations externes, que s’établissent les connexions épigénétiques du circuit orgasmique et que ses centres, de la basse moelle au cerveau basal, rodent leur physiologie particulière. Le circuit devient fonctionnel, procurant de véritables orgasmes complets, plus ou moins tôt dans l’existence, au cours de la deuxième enfance, ou au début de la puberté. Pas de problème pour les garçons, qui ne se serviront que de leur verge toute leur vie sexuelle. Alors que les filles pourront un jour se servir de leur vagin, inexploré-inexploité pendant ces nombreuses années d’immaturité qui ne permettent pas la pénétration coïtale. Pour qu’il procure lui aussi des orgasmes, passés les désagréments de la défloration, il faut que ses récepteurs sensibles puissent se connecter sur un circuit neuronal bien établi, maturé. Grâce aux « manipulations » infantiles du clitoris. Après quoi la femme adulte, accomplie, peut normalement jouir du clitoris comme du vagin, le plus souvent du vagin après le clitoris, quand les sollicitations externes auront bien préparé la jouissance interne.

Si vous avez perdu votre clitoris pendant l’enfance, si le courant ne peut passer dans votre circuit orgasmique, votre vagin restera muet. Il ne vous servira qu’à vous accoupler, pour procurer son plaisir à celui qui vous pénètre, et pour évacuer les rejetons que sa semence aura plantés dans votre corps. De la complaisance, et de la souffrance. Inutile d’attendre le « miracle » qui vous fera jouir du vagin. Pas de plaisir, pas d’orgasme. Et finalement pas d’amour, pas de joie de vivre.

Pour vous consoler, vous pouvez chanter. Les joyeux chants folkloriques d’excision, pieusement recueillis par de zélés ethnographes. Ou, plus modernes, ces charmantes chansons maliennes du style « Le dimanche à Bamako, c’est le jour des mariages »... entre un homme doté de toutes ses facultés biologiques (quoique circoncis !), et une femme qui ne connaîtra jamais les délices de l’amour charnel.

Pourquoi donc coupe-t-on le clitoris des petites filles ?

La réponse là aussi est simple : pour les empêcher de jouir. Le déterminisme de cette interdiction repose sur une machine infernale qui fonctionne en deux temps.

Premier temps : le sacrifice métaphysique.

Comme tous les existants terrestres, l’homme doit un jour mourir. Mais il est le seul à le savoir. Pour atténuer la rigueur de la condamnation à mort, il a imaginé qu’il ne disparaissait pas complètement. Et que son « esprit », son « âme » survivrait à la destruction physique du corps. Le sort post-mortem de cette âme n’est cependant pas garanti. Elle peut connaître les félicités éternelles du Paradis, comme les tourments non moins éternels de l’Enfer. Comment faire pour se concilier Celui, Ceux, Dieu, les Dieux, qui régissent le royaume de l’au-delà ? Pour qu’il(s) vous accueille(nt) au lieu de l’éternel bonheur, et qu’en attendant i(ls) vous lais(sent) vivre longtemps et à l’abri du malheur ? En lui (leur) offrant des sacrifices. De toutes sortes.

Encore plus que les offrandes en biens matériels (nourriture, animaux d’élevage, argent, etc.), ou que la renonciation aux délices du pouvoir, les sacrifices les plus appréciés sont les privations de ces plaisirs qui parfument l’existence terrestre. Qui réjouissent la chair, ce corps méprisable destiné à la putréfaction. D’abord les plaisirs de la table. D’où les jeûnes, les carêmes, les ramadans, les boissons et nourritures interdites, tous les jours ou seulement le vendredi, etc. Et puis, évidemment, le plaisir suréminent que procurent les organes sexuels. D’où cette suréminente dévotion qui conduit à la chasteté, pour mourir sans jamais s’être accouplé, sans jamais avoir tenu dans ses bras, dans ses cuisses, un représentant de l’autre sexe. D’où ces restrictions qui n’autorisent le plaisir sexuel qu’au cours de l’accouplement, avec un(e) seul(e) partenaire tout au long de sa vie, partenaire autorisé(e) par les représentants de Dieu, des Dieux sur terre, d’où ces restrictions portant sur les modalités de l’accouplement, selon certaines postures autorisées, et en excluant toute manœuvre s’opposant à l’engendrement : la procréation est la seule excuse du plaisir éprouvé lors de la copulation.

Le caractère à la fois bouleversant et gratuit, « généreusement offert » par la nature, du plaisir sexuel, sans autre effort que d’être en bonne santé, comme les circonstances de sa perception, en cachette, à l’écart des congénères, dans la solitude ou l’intimité à deux, circonstances exigées par la physiologie, le font facilement suspecter d’être une perfidie de la nature. Perfidie conduisant à commettre des actes inconvenants, obscènes, avec ces organes aux odeurs animales qui servent aussi à évacuer les urines et les menstrues. L’accouplement peut ainsi paraître incompatible avec la dignité de la personne humaine, un acte dégradant, exigeant la nudité, commis sous l’emprise de bas instincts ravalant l’homme au rang de la bête. D’où la bonne réputation, la considération distinguée dont sont entourés les contempteurs du plaisir sexuel.

On révère comme tenants de la plus haute valeur morale ceux qui non seulement se privent de tout plaisir charnel mais qui, ne l’éprouvant jamais (disent-ils) se permettent de réglementer celui de leurs fidèles. Ces Dalaï Lamas accusant « le sexe » d’être une invention diabolique perturbant l’existence humaine (c’est pas gentil pour leurs parents !). Ces papes interdisant inlassablement, obstinément, les rapports sexuels extra-conjugaux, le divorce, la contraception, le préservatif et l’interruption de grossesse. Ces prêtres et moines réfractaires au devoir biologique de perpétuer l’espèce, démissionnaires devant les risques et périls de la séduction, devant les efforts nécessaires au bon accord au sein du couple, devant les responsabilités de la paternité, devant les tracas des toujours possibles ruptures. Encore toutes ces prescriptions répressives n’attentent-elles pas à l’intégrité physique de l’être humain. Car on peut s’en prendre directement aux organes responsables du plaisir.

Il y eut des délirants pour porter le couteau directement sur les organes masculins, les plus faciles à agresser. Certains se sont délibérément sectionné la verge (les Skoptzys russes). D’autres se sont retranché les testicules (les prêtres de Cybèle) pour ne plus sentir l’aiguillon de la chair et mettre fin à leurs érections. La circoncision, moins radicale, est un très astucieux compromis entre la nécessité de ressentir le plaisir au cours de l’accouplement fécondant, et la crainte d’offenser Dieu, les Dieux, de le(s) rendre jaloux, en se livrant aux ébats charnels.

Destiné à protéger des excréments le gland de la verge des petits garçons, puis à faciliter les caresses que la partenaire prodigue pendant les préludes de l’accouplement, le repli cutané du prépuce est une formation biologique fort utile. Le sacrifier cause bien des inconvénients, mais ne nuit pas aux érections, à la perception du plaisir, à l’éjaculation fécondante. Quand on le cisaille, ça fait mal et ça saigne, après quoi le gland toujours découvert prouve qu’on a bien été mutilé, qu’il manque un morceau à l’organe mâle livré par la nature. Toutes les caractéristiques du sacrifice. Avec la marque indélébile et indubitable, au regard des congénères et de Dieu, des Dieux. Une habile opération commerciale. Je paye un petit pourcentage de ma chair, sur l’organe du plaisir, mais Tu, Vous me laissez tranquillement me servir du reste. C’est comme au bal, où le tampon sur le dos de la main, prouvant qu’on a payé l’entrée, autorise toutes les danses.

Née en Afrique sur les bords du Niger, du Congo, la circoncision s’implanta comme une tradition tribale implacable. Elle gagna la Nubie puis les rives du Nil. C’est là qu’Abraham la découvrit, comme signe de distinction et d’affiliation ésotérique, puisque longtemps réservée aux prêtres et à Pharaon. La prescrivant à son peuple - sur l’ordre, dit-il, de Iaveh - il se persuada qu’il en ferait le maître du monde. Á une époque où les Hébreux étaient d’humeur fort belliqueuse. Après quoi tous les juifs durent être circoncis, puis tous les fidèles de Mahomet, puisque le Coran reprit intégralement l’Ancien Testament – et du coup la tradition africaine. Heureusement pour les petits occidentaux, Saül de Tarse – l’apôtre Paul – jugea la circoncision une belle hypocrisie, puisqu’après avoir sacrifié un petit bout de peau on s’autorisait toutes les fornications. Ainsi sauva-t-il le prépuce des petits chrétiens. Il faut dire que Grecs et Romains antiques méprisaient souverainement la circoncision. Il fut ainsi plus facile de les convertir.

Le sacrifice du prépuce paraît une telle incongruité aux esprits éclairés que ses partisans s’ingénièrent à lui trouver des justifications rationnelles. Ce ne sont que mauvaises raisons. La plus répandue, et la plus stupide, a trait à l’hygiène. Qu’il s’agisse de la naissance de la mutilation sur les rives de grands fleuves, là où on ne manque pas d’eau pour se laver, ou qu’elle soit défendue par des gens dont la salle d’eau comporte peignes, brosses à dents, dentifrice, savons lotions et shampooings, limes, pinces à peau et à ongles, etc. Comme si se nettoyer le prépuce faisait perdre un quart d’heure sous la douche ou dans le bain ! Il est aussi faux que la circoncision soit préventive de l’éjaculation prématurée, faux que ce soit le bon traitement du phimosis, faux, enfin, qu’elle préserve du cancer et maintenant du sida. C’est le dernier argument à la mode, argument-choc parfaitement erroné. Mais répandu par tous ces messieurs de l’OMS en majorité circoncis et prosélytes, descendant de ces pionniers d’Amérique baptisés mais grands lecteurs de la Bible, et qui laissèrent circoncire leurs petits Samuel et leurs petits Abraham. Comme si l’Afrique, ce continent qui comporte une écrasante majorité de circoncis, n’était pas le plus grand siège de l’épidémie au VIH.

Car lorsqu’on a démonté rationnellement, preuves à l’appui, l’inanité de la circoncision, ses partisans se retranchent derrière l’argument métaphysique, la prescription divine, le pacte avec Dieu. Incirconcision égale impiété, trahison de la tradition. On peut quand même s’étonner de ce que le Dieu omnipotent omniprésent soit si curieux qu’il fouine suspicieusement dans le caleçon de ses fidèles. S’étonner que des milliards et des milliards d’humains mâles de toutes couleurs aient pu conserver leur prépuce sans succomber prématurément à l’infection, au cancer ou à l’éjaculation prématurée !

Deuxième temps : la phallocratie.

Aux origines de notre espèce les hommes et les femmes vivaient en bonne intelligence – sans se faire la guerre. Avec beaucoup de révérence, les artistes figuraient aux murs des cavernes le corps des femmes, avec leur sexe si singulier et si indispensable. Le passage du paléolithique au néolithique, la sédentarisation entraînèrent une altération des rapports entre les sexes. Quittant leur rôle d’égales responsables – avec leurs tâches spécifiques - au sein du groupe, de la famille nucléaire, et moins vigoureuses que les hommes, les femmes devinrent des possessions. Des biens à protéger mais aussi à garder, surveiller, pour qu’elles rendent aux propriétaires les deux services qu’ils attendaient d’elles : l’assouvissement du désir copulatoire, et la confection de rejetons. La longue histoire de la sujétion des femmes fait énumérer tous les mauvais procédés dont usèrent à leur encontre les hommes habituellement seuls détenteurs du pouvoir social, économique et politique. Avec une rigueur variable selon la contrée : les épouses et mères des empereurs romains, les femmes de Germanie décrites par Tacite, Aliénor d’Aquitaine, Emilie du Châtelet furent moins brimées que les habitantes de ce que l’on nomme aujourd’hui le Tiers Monde.

C’est dans le domaine de la sexualité que les brimades furent les plus répandues, et les plus sévères. La nature ayant placé à l’entrée du vagin le repli de l’hymen, qui protège le conduit des petites filles puis se rompt lors du premier rapport, il fut facile de savoir si la femme avait ou non « servi ». Donc si l’acheteur allait bien être le premier à introduire son phallus dans le vagin, pour être ainsi garanti que les rejetons à venir seraient bien issus de sa semence. Malheur à celle qui n’avait plus les « scellés divins » (encore une fois, Dieu met son nez dans des endroits bien incongrus !). Pour multiplier leur descendance et se régaler du corps de femmes jeunes quand les « vieilles » avaient été usées par les maternités, les hommes dominants furent autorisés à posséder plusieurs épouses. Et bien des mesures furent prises pour que les femmes non seulement ne puissent susciter la convoitise d’autres hommes, mais encore, à la limite, n’éprouvent pas de désirs charnels coupables, puisque personnels.

Le mariage convenu est la première atteinte à la liberté de décision de la moitié féminine de l’humanité. De Tokyo à Agadir, ce fut, c’est aux parents, au père de décider à quel époux sera vendue leur fille. Sans lui demander son avis. L’enfermement (gynécée, harem) empêche ensuite les épouses de « courir ». Si elles sortent le voile, la bourka, dissimulent ces attraits corporels qui pourraient tenter les mâles rencontrés dehors. Á la maison même il convient de rappeler, sur le corps même des femmes, sur leurs organes de l’accouplement, qu’elles n’en disposent pas pour elles-mêmes. C’est ainsi que la pilosité génitale, sur le pubis et les grandes lèvres, doit être sacrifiée pour donner à la région l’aspect glabre qui est celui des petites filles impubères. L’épilation assidue, au sucre, à la cire, au rasoir, est un rappel à l’obéissance exigée des enfants. Mais comble du raffinement, les plus perfectionnistes eurent la bonne idée d’agir sur cela même qui procure du plaisir sexuel aux femmes.

Le clitoris de nos arrière grands-mères paléolithiques leur donnait, petites filles, les mêmes agréments qu’aux nôtres, et devenues grandes leurs compagnons le flattait comme nous le faisons, ils l’ont même ici et là représenté. En l’amputant de bonne heure, certains physiologistes du néolithique savaient qu’ils coupaient à sa racine le développement de la fonction érotique féminine. Qu’ont besoin de jouir les femmes qu’on a achetées ? Pour qu’elles aient l’idée d’aller voir ailleurs si c’est plus plaisant qu’à la maison ? Il suffit bien qu’elles aient un vagin, pour que le mâle y trouve son plaisir. Et couper le clitoris n’empêche pas l’engrossement. Cerise sur le gâteau, l’infibulation, la fermeture de la fente vulvaire, offre une garantie à l’acheteur. Il faut inciser au couteau la cicatrice au soir des noces, étant ainsi bien sûr qu’on est le premier. Évidemment, pour exécuter une bonne suture, il aura fallu sacrifier les petites lèvres, que certains – dont je suis - considèrent comme de délicates merveilles de la nature. Mais est-ce que le mari a besoin des petites lèvres ?

Il est toujours quelque peu répugnant, salissant, de trifouiller dans le sexe des femmes, surtout quand on est un homme. C’est pourquoi les femmes les plus sages, les plus dévouées et les plus habiles, ont été chargées d’exécuter les salutaires opérations, trancher le clitoris, amputer les nymphes, coudre les grandes lèvres. Elles-mêmes excisées elles « y font passer » les jeunes pour leur « dresser le poil ». Mentalité classique d’anciens combattants. Et quasi-corporation, se repassant de mère en fille pinces, couteaux et ciseaux.

Comme pour la circoncision, on s’est ingénié à trouver de bonnes raisons à l’ablation du clitoris. Sur place on est persuadé que celles qui ont conservé leur clitoris deviennent des débauchées, des putains offertes à tous et trompant leur mari à la première occasion : ainsi sont ces dévergondées d’Occidentales. On s’est persuadé aussi, bien que n’ayant jamais vu le clitoris d’une femme adulte, que l’organe gonfle monstrueusement pendant la grossesse et qu’il s’oppose à l’accouchement. Et enfin, comble du sophisme, les raisonneurs recourent à l’argument de la « bisexualité native ».

Suivant ce raisonnement aberrant, on imagine que les humains naissent porteurs de résidus organiques du sexe d’en face. L’anneau préputial est l’homologue de l’entrée vaginale. Le clitoris est une ridicule petite verge en réduction. Il faut débarrasser nos enfants de ces saletés pour qu’ils deviennent de vrais hommes, de vraies femmes. L’excision étant née puis s’étant propagée dans les même zones géographiques que la circoncision, il apparut vraiment opportun de fournir des motivations jumelles aux « opérations », les unes pour les garçons, les autres pour les filles. Pour qu’ils et elles parviennent au mariage parfaitement « rectifiés ». Spécieuse mais fatale symétrie : voilà pourquoi on ne pourra totalement éradiquer l’excision que lorsqu’on aura aboli la circoncision.

Il est presque risible de constater l’inanité des raisons invoquées pour amputer le clitoris des femmes. L’accusation de dévergondage toucherait ainsi plutôt ces femmes excisées qui, au lieu de se sentir concernées, fortement impliquées, fidélisées, comme les femmes normales, par l’échange du plaisir et des sentiments au sein de la relation érotique, peuvent prêter leur vagin si on le leur demande « gentiment », sans faire trop de chichis, sans trop d’« état d’âme » : ça ne leur fait ni chaud ni froid ! L’accusation de gêne à l’accouchement n’est pas seulement ridicule – comment accouchent donc ces milliards et ces milliards de femmes qui n’ont pas été excisées ? – mais elle émet une odieuse contre-vérité. Le périnée des excisées, surtout si on a sacrifié les petites lèvres, et encore plus si on a commis une infibulation, devient le siège de cicatrices rétractiles, voire d’un bloc de sclérose. Ainsi se forme un obstacle résistant à la sortie de la tête fœtale, qui peut rester longtemps coincée derrière la vessie… éventuellement jusqu’à ce qu’elle la crève. D’où la fréquence de ces fistules vésico-vaginales, qui occupent une bonne part de l’activité chirurgicale en territoire d’excision. Il est enfin une spoliation dont n’ont aucune idée ceux qui n’auront jamais connu que des femmes excisées : la privation de leur pouvoir érotique.

Le pouvoir érotique, c’est la capacité de procurer la jouissance orgasmique à son-sa partenaire. Satisfaction sans pareille, surtout si c’est bien le-la partenaire d’amour que l’on comble de bonheur charnel. Les femmes exercent ce pouvoir sans trop de difficultés, puisqu’elles peuvent aisément faire parvenir à l’orgasme, accompagné de la flagrante éjaculation, tout homme doté de bonnes érections. De même toute femme dotée d’un clitoris et d’un vagin normalement réagissants offre à son partenaire cette manifestation orgasmique qui s’avère la plus grande fierté de la virilité. Voilà pourquoi sont frustrés ceux qui tiennent dans leurs bras une désespérante frigide. Voilà pourquoi sont surpris puis frustrés ceux qui, ayant connu des femmes entières, font l’amour avec une femme excisée, à qui il manque « quelque chose » dans le sexe, et qui ne pourra réagir à leurs caresses, à leurs étreintes – ce dont se fout, évidemment, le macho pour qui le plaisir des femmes n’a aucune importance... Voilà pourquoi celles à qui mon ami Pierre Foldès a restauré « quelque chose » de saillant et sensible en haut de la fente vulvaire ne lui diront jamais assez merci.

Comment préserver à l’avenir l’intégrité physique des petites filles ?

Attentat intolérable contre le corps des femmes, d’enfant sans défense, suppression inadmissible de leur fonction érotique, l’excision doit être combattue en tout temps et en tout lieu. Sur place et chez nous.

L’humanisme occidental, son éthique laïque et même religieuse ne sauraient admettre que l’on pratique la moindreimages (33) mutilation délibérée sur les organes génitaux des petits enfants… et même sur d’autres parties de leur corps. Il s’est trouvé, il se trouve, hélas, des esprits faibles, ou faux, pour trouver à l’excision des excuses, voire des prétextes valables ; quand d’autres n’en veulent rien savoir.

Première coupable la répression morale de la sexualité.
Fleuron de la morale chrétienne elle a d’origine manifesté un tel dédain, pour ne pas dire dégoût des organes prodiguant le plaisir charnel, qu’elle ne s’est guère indignée devant le retaillage des parties sexuelles des « indigènes ».Qu’il s’agisse des filles comme des garçons (d’ailleurs le petit Jésus avait été circoncis !). Il faut reconnaître que les missionnaires s’évertuèrent à préserver du couteau les gamines qu’on leur avait confiées. Mais ils quittèrent l’Afrique sans que la hiérarchie, les évêques catholiques, de Dakar, à Brazzaville, soient jamais sortis de leur attitude démissionnaire, sinon compréhensive – il faut dire qu’ils n’ont jamais eu (disent-ils) de femme dans leur lit. Ils n’ont jamais suscité de condamnation officielle du Vatican. On peut déplorer la même attitude timorée des hauts responsables du clergé réformé en Afrique anglophone. Mais même pour bien des « séculiers ordinaires » la défense d’un organe aussi « inconvenant » que le clitoris a toujours apparu bien scabreuse. Ah ! s’il s’agissait d’enlever un œil, ou de couper un orteil « à d’innocentes fillettes » l’opinion publique aurait été plus facile à émouvoir…

Deuxièmes coupables : les fantasmes anthropologiques. Avant le tourisme de masse permettant aux occidentaux d’aller visiter tous les points du globe, il ne fut que trop facile de leur raconter n’importe quoi sur les habitants des pays exotiques, des « pays chauds ». dans ces contrées où « les sauvages » vivent « tout nus », et où la sexualité est « débridée ». Ce qui ne pouvait aller qu’avec des dimensions fabuleuses des organes génitaux. Arabes, nègres et autres Papous ne pouvaient être que dotés de phallus imposants, faisant honte aux « visages pâles ». Des fables identiques dotaient « les négresses » de clitoris surdimensionnés, ce qui expliquait leur lubricité. Les racontars sur ces énormes clitoris exotiques traînèrent dans la littérature occidentale, d’Ambroise Paré à Voltaire, et jusque dans certains traités d’anatomie du XIXe siècle, et jusque dans une Encyclopédie de la sexualité humaine parue en France en 2004. Le corollaire en est évidemment qu’il est nécessaire soit d’extirper l’organe soit de réduire son volume, par de salutaires rectifications évitant aux femmes de succomber à la luxure. Beau témoignage de sagesse chez les « primitifs », s’extasiaient les niais ! Et bel exemple de « bourrage de crâne », puisque l’anthropométrie démontre que les clitoris de toutes les couleurs ont les mêmes dimensions – mon Atlas anatomique en apporte l’indubitable témoignage photographique. Et qui peut témoigner sur le clitoris des Abyssines adultes ? Alors que les petites éthiopiennes, musulmanes, chrétiennes et juives (les falachas) sont toutes excisées dans la prime enfance.

Troisième coupable : le freudisme.
Parmi les méfaits de la psychanalyse freudienne, son adhésion au mythe de la bisexualité native. Cette ânerie qui traîne dans les plus surannées élucubrations philosophiques, et sert d’argument aux coupeurs de petits enfants, a été reprise et confirmée par Freud. Tous les humains auraient leur part de virilité, et leur part de féminité – comme dit le si « respectable » Tao. Bisexualité qui se traduit jusque sur leur constitution corporelle. Il y aurait ainsi, comme le disent les mutilateurs africains, des organes masculins sur le corps des femmes, et vice-versa. Et Freud de traiter hardiment le clitoris d’organe masculin, mais avorté, inabouti : c’est « le prototype de l’organe inférieur », citation textuelle de la conclusion de son article sur le fétichisme paru en 1927. Organe donc méprisable, tout juste bon à orienter dans le mauvais sens la sexualité des petites filles, organe à l’usage duquel doit donc renoncer la femme adulte, pour effectuer le « transfert érogène » du clitoris au vagin. Faribole dangereuse qui empêche toute compréhension scientifique de la sexualité féminine. Mais faribole reprise, ô paradoxe, par des femmes zélées disciples de Freud, en particulier Hélène Deutsch et Marie Bonaparte. Pour ces dames le clitoris était une véritable bête noire. S’étant penchée sur l’excision, Marie Bonaparte en conclut que le dommage était vraiment minime, et que l’« opération » avait l’avantage d’empêcher les femmes de succomber au « clitoridisme ». Une maladie imaginaire dont seraient atteintes les vilaines « clitoridiennes ». Celles qui sont d’enragées masturbatrices et/ou des lesbiennes plus ou moins bien refoulées, alors que la femme adulte normale se doit d’être une pure « vaginale », renonçant aux prétentions viriloïdes, revendicatives, du clitoris. A ceci près que celle qui a perdu son clitoris pendant l’enfance ne deviendra jamais une « bonne » vaginale.

Ce déni de la biologie la plus élémentaire, cette phobie de la physiologie clitoridienne paralysa longtemps, jusqu’à la naissance de la sexologie scientifique, le traitement des femmes en difficultés érotiques. Le destin humain ne se vit qu’en tant qu’homme, ou femme, doté(e) par notre phylogenèse de « tout ce qu’il faut » pour se reproduit et exercer sa fonction érotique. Toutes les femelles mammifères, je l’ai dit, possèdent un clitoris et ne semblent nullement souffrir de leur « bisexualité ». Faudrait-il donc, pour faire plaisir à Marie Bonaparte, couper le clitoris des vaches laitières, des chattes d’appartement, pour en faire de plus parfaites femelles ? Toujours est-il que les lubies du freudisme, tenu hélas pour une des fines fleurs de la pensée occidentale, fournirent une bonne excuse à l’immobilisme de tous ceux qui ne voyaient pas pourquoi on condamnerait des rites si judicieux. Le cher Bruno Bettelheim (celui qui s’était parfaitement foutu le doigt dans l’oeil à propos de l’étiologie et du traitement de l’autisme) n’avait-il pas élucidé le mécanisme si sécurisant des « blessures symboliques » ?

Quatrième coupable : le tiers-mondisme. Dernier-né des systèmes de pensée justifiant les mutilations des petites filles, il postule le respect des us et coutumes extra-européens. En récusant l’odieux « ethnocentrisme » des occidentaux ces bonnes âmes avalisent les pires extravagances, les pires impasses dans lesquelles elles ne s’aventureraient pas elles-mêmes. Y compris tout ce qui écrase la condition féminine. De la répudiation à la polygamie, du voile à l’incapacité juridique. Voudrait-on intervenir pour supprimer ces mœurs contraires aux critères occidentaux qu’on se livrerait à une fort répréhensible déculturation, à une angoissante désocialisation-détribalisation. Pourquoi condamner l’infibulation puisque celles qui n’ont pas été cousues ne peuvent pas se marier à Khartoum ? Pourquoi condamner l’excision, puisque la coutume est un facteur essentiel d’appartenance culturelle, familiale et ethnique ? Et l’on trouve inlassablement dans les prétoires ces avocats « compréhensifs » qui ne feraient sûrement pas exciser leurs filles, mais plaident l’acquittement, en français et en bambara, des « bonnes mères » qui ont fait appel aux bons offices de l’exciseuse, pour que Zana ait été « opérée », pour qu’elle devienne aussi respectable que les autres femmes de la famille.

Il est heureux qu’à la fin du XXème siècle tous ces sophismes n’aient pas empêché les institutions internationales, ONU, UNESCO, UNICEF, même si bien difficilement, de condamner les mutilations sexuelles féminines. Comme les condamnent les institutions judiciaires des pays occidentaux, et de certains pays africains, surtout depuis la Convention Internationale des Droits de l’enfant du 20 novembre 1989. En France ces mutilations sont donc des crimes, dénoncés par le Nouveau Code pénal de 1993, article 222. Ils font poursuivre et les parents, et l’exciseuse. Les filles excisées ont même été admises à citer leurs parents en justice. Après un assez long temps de condamnations avec sursis, de véritables emprisonnements ont été appliqués. Mais malgré ces sanctions, malgré les mises en garde communiquées aux immigrants africains, les excisions clandestines continuent de se pratiquer en Europe, ce qui légitime la poursuite de l’information, et de la répression officielle.

Se sont aussi créées des associations privées pour répandre l’information, et pour venir à l’aide des mutilés des deux sexes. NOCIRC aux USA. En France L’Association contre la Mutilation des Enfants, AME.

Sur place la lutte, née elle aussi à la fin du XXème siècle, a été longue, et difficile à mettre en route. Succédant aux missionnaires des humanistes des deux sexes, médecins, infirmier(e)s, sages-femmes, travailleurs sociaux, enseignants se sont employés à dissuader la poursuite de l’excision. Bien qu’ils aient semé la bonne graine, leur pouvoir de persuasion fut longtemps très faible. Pour la bonne raison que la plupart d’entre eux venaient d’Europe, et qu’il était facile de les accuser de « faire gagner la mauvaise tête » aux femmes, avec leurs « manières de Blancs ». Voilà pourquoi il faut saluer l’extraordinaire courage des premières africaines à prendre la défense des petites filles.

Ces bienfaitrices de l’humanité ont fondé des associations de femmes africaines. Elles se sont adressées aux matrones exciseuses, les engageant à cesser leur activité coupable et même à se faire les prosélytes de la préservation corporelle des fillettes. Elles ont organisé des séances d’information, où l’on reprend en chœur des chansons disant que « l’excision c’est pas bon ». Il faut bien dire que c’est un travail de fourmi, et que si l’on ne saurait désespérer du résultat, le but ne sera probablement atteint que dans deux ou trois générations. Encore peut-on ici faire confiance au courage des femmes africaines, à la détermination de leurs filles et petites filles vivant en Europe et défendant comme des tigresses le corps de leurs fillettes. On ne peut en dire autant, hélas, des femmes vivant en terre islamisée. De Sanaa à Djakarta, aucun mouvement local d’opinion n’incrimine la si respectable coutume de l’excision. Surtout en ce XXIe siècle naissant, où le monde musulman vit un fâcheux regain de bigoterie – de sujétion, de muselage des femmes.

On pourrait espérer que les actions actuellement entreprises pour endiguer l’épidémie de sida, insistant en particulier sur l’amélioration de la condition féminine, seraient une bonne occasion pour insister sur la suppression de l’excision. Malheureusement le discours risque d’utiliser un abscons double langage. Comment demander qu’on coupe les garçons, pour une fallacieuse prévention, quand on recommande de ne plus couper les filles ? Le combat doit donc aussi se mener contre la circoncision, et il n’est encore gagné !

Pour soutenir ceux et celles qui se battent contre l’excision, on ne fera jamais assez de campagnes d’information, d’émissions radiophoniques, télévisées, on n’écrira jamais assez de livres. Et ici je trouve le livre de Louisiane Doré miraculeux. Voici des années que je morigène, je l’avoue, les Antillaises, à propos de ce qui me paraissait de leur part une inertie coupable, devant les mutilations des petites africaines. Voilà des femmes noires, dont tout le monde reconnaît la beauté et la féminité, des femmes qui ne sont pas mutilées – et de plus en territoire français laïque où la circoncision n’est pas de rigueur ! - et qui démontrent que l’intégrité de leurs organes génitaux n’en fait pas des dévergondées, ne les empêche pas d’être de bonnes épouses et de bonnes mères, comme d’accoucher normalement. Quel bel exemple ! Et quel beau prétexte pour faire la morale à leurs sœurs d’Afrique ! Prétexte que je trouvais déplorablement inutilisé. Or voici enfin une Martiniquaise qui monte au créneau, pour reprendre le flambeau de la lutte contre l’excision. Avec une documentation poignante, bouleversante, mais démonstrative. Á mettre sous les yeux des avocats tiers-mondistes et des partisans de la bisexualité native ! Pour leur faire honte de leur « compréhension ». On n’excuse pas l’excision. On la combat. Merci, Louisiane, et bravo.

 

 

 

Docteur Gérard ZWANG, Président d’honneur de l’Association contre la Mutilation des Enfants

Article extrait de la préface du livre "Le drame de l'excision " de Louisiane Dore-Miloch, Editions Courcelles Publishing , 2009, écrite par le docteur Zwang.

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 14:13

Le fait que le porc soit interdit en islam est une chose bien connue. Les points suivants expliquent différents aspects de cet interdit:

 

1. Le porc est interdit dans le Coran...Le Coran interdit la consommation du porc dans au moins 4 versets différents, c'est- à dire 2:173, 5:3, 6:145 et 16:115."Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d'Allah..." [Le Coran, 5:3]

 

Ces versets coraniques à eux seuls suffisent à convaincre les musulmans du bien-fondé de l'interdiction du porc.

 

2. Le porc est interdit dans la Bible

 

Peut-être le chrétien sera-t-il plus convaincu par ses propres écritures. La Bible interdit la consommation du porc dans le Lévitique:"Vous tiendrez pour impur le porc parce que tout en ayant le sabot fourchu, fendu en deux ongles, il ne rumine pas."

 

"Vous ne mangerez pas de leur chair ni ne toucherez à leur cadavre, vous les tiendrez pour impurs." [Lévitique, 11:7-8]

 

Le porc est également interdit dans le Deutéronome:"Et le porc, qui a bien le sabot fourchu et fendu mais qui ne rumine pas; vous le tiendrez pour impur. Vous ne mangerez pas de sa chair et ne toucherez pas à son cadavre." [Deutéronome, 14:8]

 

On retrouve un interdit similaire dans Isaïe, chapitre 65, verset 2-5.

 

3. La consommation du porc peut être la cause de plusieurs maladiesLes autres non-musulmans et athées ne seront d'accord avec cet interdit que si on leur présente des preuves logiques et scientifiques. La consommation du porc peut être la cause de pas moins de 70 types de maladies. Une personne peut avoir plusieurs helminthes comme l'ascaride, l'ankylostome, etc.

 

L'un des plus dangereux est le Taenia Solium qui, dans la terminologie courante est appelé ténia, ou ver solitaire. Il se réfugie dans l'intestin et il est très long. Ses œufs pénètrent le système sanguin et peuvent ainsi atteindre pratiquement tous les organes. S'ils pénètrent dans le cerveau, ils peuvent provoquer des pertes de mémoire.

 

S'ils pénètrent dans le cœur, ils peuvent provoquer un arrêt cardiaque. S'ils pénètrent les yeux, ils peuvent causer la cécité et s'ils pénètrent le foie, ils peuvent y causer de sérieux dommages. Ils peuvent endommager presque tous les les organes du corps.

 

Une idée reçue répandue au sujet du porc veut que si celui-ci est bien cuit, les œufs de vers qu'il contient meurent. Dans un projet de recherche entrepris aux états-Unis, il a été découvert que parmi 24 personnes ayant contracté le Trichura Tichurasis, 22 avaient fait bien cuire leur viande de porc. Cela indique que les oeufs présents dans laviande ne meurent pas lorsque exposés à des températures de cuisson.

 

4. La viande de porc génère surtout de la graisse La viande de porc ne génère que très peu de tissus musculaires et contient un excès de gras.

 

Ce gras se dépose dans les vaisseaux et peut causer de hypertension et/ou un arrêt cardiaque. Il n'est donc pas surprenant que plus de 50% des Américains souffrent d'hypertension.

 

5. Le porc est l'un des animaux les plus sales qui soient Le porc est l'un des animaux les plus sales de la terre.

 

Il vit dans la boue, le fumier et la saleté. C'est le meilleur charognard que Dieu ait créé. Dans les villages où il n'y a pas de toilettes modernes et où les villageois font leurs besoins à l'extérieur, très souvent, ce sont les porcs qui les débarrassent de leurs excréments en les mangeant. Certains avanceront que dans les pays développés comme l'Australie, les porcs sont élevés dans des conditions on nepeut plus hygiéniques. Mais même dans ces conditions, les porcs sont confinés à des porcheries et en dépit des efforts déployés pour les garder propres, ils demeurent sales de nature. Ils mangent avec appétit leurs propres excréments comme ceux de leurs voisins.

 

 

 

Auteur: Amici-Langi Thaibu

 

 

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 13:33

La question essentielle à laquelle nous tenterons de répondre, quelles sont les différentes crises liées à l'adolescence ? La réponse à cette question nous donnera les élements indispensables pour répondre à la question centrale, pourquoi les adolescents font-ils des crises ?

 

Les différentes crises sont :

 

 

 

Agressivité

- En relation essentiellement avec la réactivation des pulsions anales.

- Elle se traduit à l'adolescence par l'opposition (le "NON") et dans tous les rapports avec le pouvoir (laisser-aller du langage, grossièreté) ainsi que par la provocation vestimentaire et des conduites (délinquance).
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Anorexie (refus d'alimentation)

- Elle concerne essentiellement les filles entre 15 et 20 ans (trois garçons pour cent filles).

- La personne fait un régime car elle a une idée fausse de son corps.

- L'anorexie est déclarée à l'observation de ces trois symptômes en même temps: refus de nourriture, perte de poids, et aménorrhée.

- On note une très forte agressivité vis à vis de la Mère et une mauvaise identification à la Mère (en tant que représentation de la Femme).

- C'est donc refuser le potentiel féminin (l'obésité représente pour l'anorexique la maternité).


Bande - Groupe (phase d'homosexualité de groupe)

- Elle est constituée d'individus semblables et de même âge (rejet de la différence).

- Chacun a un rôle bien défini dans la bande (leader, comique...).

- Les activités de la bande sont le vol, les délits, la violence, l'alcool, la drogue...BCP043-61.jpg

- La bande a pour fonction d'éviter la solitude, de permettre l'identification par rapport à un modèle, de prendre en charge les désirs de l'individu, de s'essayer à la transgression des interdits dans un espace sécurisé.

- Chaque individu y trouve compréhension, sécurité, revalorisation narcissique.


Boulimie (ou hyperfagie)

- Alimentation compulsive.

- Le boulimique peut grossir par ce qu'il mange mais voudrait manger sans grossir.

- Il est un adepte du miroir et de la balance.

- Il essaie de combler par la nourriture un manque affectif (défaillance dans la relation à la Mère).


Dépression

- A l'adolescence, caractérise la phase transitoire. La bande ne suffit pas et même l'ami intime ne peut pas comprendre. C'est dans son journal intime qu'il écrit son incompréhension, son angoisse devant la vie.

- L'adolescent voit tout en noir, tout est échec (tentative de suicide, anxiété, déprime, inhibition, il se sent agressé).

- Il va s'en sortir par les premières manifestations d'hétérosexualité.GM3aa2113.jpg


Génitalisation

- Accession à la sexualité adulte.

- La relation Objectale va se focaliser sur des Objets successifs qui vont permettre à l'adolescent d'accéder à la sexualité adulte en trois étapes: une phase d'homosexualité de groupe par le phénomène de la bande, une phase d'homosexualité individuelle (l'ami intime), et une phase d'hétérosexualité (flirts, couple).


Hétérosexualité (phase d'-)

- Cette phase est caractérisée par une attirance vers l'autre sexe qui est à la fois dénigré et idéalisé.

- Cette hétérosexualité passe de la polygamie (premiers flirts) à la monogamie, jusqu'à la formation du couple.

- L'adolescent est capable de faire coïncider l'amour romantique, idéalisé, avec l'amour sexuel.


Homosexualité individuelle (phase d'-)

- L'adolescent va chercher un ami, un confident.

- Le choix est narcissique. Ce sont des amitiés passionnées.

- C'est une phase transitoire qui sert à passer des Parents Oedipiens à un choix hétérosexuel.


Identification

- Processus psychologique de structuration de la personnalité.

- Le Moi de l'adolescent, de par ses identifications successives (Parents, idoles...) devient égal à ses modèles sans se soumettre à eux.

- L'adolescent s'identifie à de nombreux modèles de façon plus ou moins floue puis à des supports adultes de plus en plus stables (idéalisés) ce qui lui permet de se considérer comme jeune adulte et de réaliser son indépendance économique et affective (travail, sexualité, relations sociales...).k0592107.jpg


Idole

- A l'adolescence, le jeune a besoin de s'identifier à des idéaux successifs d'où le phénomène d'idole.

- L'idole représente pour l'adolescent son "Moi idéal" qu'il cherche à atteindre. Il s'identifiera ainsi à un chanteur, un acteur, ou s'engagera politiquement (fanatisme).


Interdit (transgression de l'-)

- La réactivation des pulsions fait que l'adolescent s'oppose à toute forme d'autorité (famille, religion, armée...).

- Il s'oppose en transgressant les lois (les interdits) familiales, sociales...

- L'adolescent interprète sous forme d'interdits toute limitation pulsionnelle.


Loi du Père

- C'est une loi posant l'interdit de l'inceste et du parricide comme fondement de la culture.

- C'est le Père qui en assume la fonction de représentant.

- L'adolescent, du fait de la réactivation des pulsions oedipiennes va être confronté une fois encore à cette Loi qui l'oblige à chercher un Objet affectif en dehors de sa famille (génitalisation, formation du couple).

- Cette Loi règle les communications et les échanges entre les membres d'une société.


Narcissisme

- Désigne l'investissement libidinal du Moi.

- Les adolescents peuvent attacher une grande importance à leur aspect physique: la fille se maquille, se parfume, fait des régimes alimentaires... Le garçon fera attention à sa coiffure, sera coquet...


Originalité (crise d'-)

- C'est le retour des pulsions phalliques et oedipiennes (exhibitionnisme).

- C'est à la fois une affirmation du Moi de l'adolescent et une manière de s'opposer (excentricité des propos, de la tenue vestimentaire, du comportement).


Passage à l'acte

- Terme psychiatrique qui définit une dérivation des pulsions agressives: au lieu d'être mentalisées, elles sont agies dans la réalité.

- A l'adolescence, on aura ainsi des fugues, des portes qui claquent...

- Ces pulsions agressives peuvent être soit auto agressives (suicide, drogue...), soit hétéro agressives (bagarres entre bandes, vandalisme, délinquance).


Polygamie

- Pluralité des partenaires.

- L'adolescent passe par une phase d'hétérosexualité polygame (premiers flirts).


Puberté

- Essentiellement caractérisée par l'apparition des fonctions génitales et des caractères sexuels d'ordre morphologique.

- Ainsi chez le garçon, on aura les premières pollutions nocturnes, la mue de la voix, l'apparition de la pilosité, une nouvelle carrure... Chez la fille, il y aura l'apparition des seins, des hanches, du système pileux, et des premières règles.

- L'adolescent doit adapter sa personnalité mentale à son nouvel aspect physique (image du corps).

- C'est un nouveau stade du miroir (Narcissisme).k1797690.jpg


Roman familial (Deuil des Imagos parentales)

- L'adolescent, vis à vis de ses Parents, élabore un roman familial où deux couples de parents s'affrontent dans son imaginaire: l'un tel des parents de conte de fée, l'autre soumis à toutes les limites quotidiennes, et tel qu'ils sont dans la réalité.

- Ce roman familial révèle le processus régressif de revenir à la relation rassurante des Parents de son enfance, et le processus progressif qui permet d'accepter la rivalité (intransigeance envers ses Parents).

- Ce processus permet entre autre de faire le deuil des Imagos parentales.


Schizophrénie (du grec skhizen: fendre, cliver, scinder et phrénos: pensée, esprit)

- Psychose caractérisée par la rupture de contact avec le monde extérieur, et dont l'éclosion se fait généralement à l'adolescence.

- Bien des troubles du comportement chez l'adolescent ressemblent à la schizophrénie et n'en sont pas: excentricités, bizarreries, oppositions, repliement sur soi, tendance à la rêverie (crise d'originalité juvénile).

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 14:17

 

Le sociologue Hugues Lagrange livre en exclusivité les résultats de ses recherches sur les facteurs de délinquance. Un travail qui balaie hypocrisies et idées reçues.

 

Attention, cet homme n'est pas un provocateur médiatique - Eric Zemmour ne compte pas parmi ses amis. Il ne se classe pas non plus au rang des bien-pensants. Tandis qu'idéologues et militants se déchirent autour des Roms, des menaces intégristes, de l'identité nationale et des banlieues sensibles, Hugues Lagrange, sociologue investi, chercheur au CNRS, spécialiste de la violence et des politiques de la ville, le dit sans tomber de sa chaise: "Refuser de s'intéresser aux origines culturelles des délinquants est une hypocrisie." Le propos est tranché, à rebours des précautions d'usage. Le spécialiste l'assume, après huit années d'une enquête inédite et scrupuleuse, au plus près des Français d'origine étrangère - du Bassin parisien à la banlieue nantaise. Surtout, il l'explique, comme personne avant lui, dans un livre limpide publié le 16 septembre, Le Déni des cultures (Seuil). Une oeuvre de salut public, en ces temps d'amalgames, sinon d'aveuglements.  

Le poids des origines ethniques et la délinquance

LEXPRESS/ T. DUDOIT

Hugues Lagrange, chercheur au CNRS, auteur du livre "Le Déni des Cultures" paru aux Editions du Seuil, ici à la Maison des Sciences de l'Homme à Paris.  

En ce jour de grève nationale, l'homme qui ouvre sans un bruit les portes d'un bureau parisien étriqué, au quatrième étage de la Maison des sciences de l'homme, revient d'un footing digestif. Sans doute faut-il avoir l'estomac solide avant d'asséner autant de vérités crues. Oui, affirme ce chantre de la tolérance, les émeutiers de 2005 et 2007 sont majoritairement de jeunes Noirs ayant grandi dans les cités. Traumatisée par un passé colonial qu'elle refuse de sonder, "la France se berce de refrains antiracistes et refuse la réalité". Oui, les familles pauvres musulmanes, africaines ou encore maghrébines, sont des familles nombreuses et leurs enfants plus souvent déstructurés, séduits par l'islam radical ou tentés par la violence. Ils sont aussi plus dépressifs. Non, ils ne souffrent pas d'un manque d'autorité, mais d'un excès d'autoritarisme. Et non, l'école égalitaire et les valeurs universelles ne sont pas acces- sibles à tous. Pas plus que l'assimilation n'est un rêve partagé. Ni la polygamie un crime, mais une tradition désastreuse aggravée par l'exil...  

Hugues Lagrange n'a que faire de heurter les bonnes âmes. Lui-même reconnaît avoir longtemps posé le problème à l'envers: "J'avais moi aussi une vision globale stupide des Français d'origine étrangère, dit-il. Je croyais qu'une politique égalitaire était la seule possible. Je réalise aujourd'hui combien les héritages culturels, la langue, la structure familiale, pèsent sur les individus." Près de dix ans passés à interroger les migrants, les enseignants de ZEP, les acteurs de terrain lui ont ouvert les yeux. Et permis de comprendre.  

Qui s'intéresse à la place des mères?

Comprendre quoi? Qu'un enfant pauvre d'origine malienne a plus de risques de décrocher que les autres au primaire, par exemple. Certainement pas parce qu'il est noir, ni musulman, ni moins doué. Mais parce qu'il s'est construit autour de valeurs familiales bancales, que la plupart de ses voisins "de souche" ignorent. "Dans les familles subsahariennes arrivées récemment en France, près de 30% des hommes mariés sont polygames", constate sobrement le spécialiste. Les femmes sont aussi jusqu'à quinze ans plus jeunes que leur mari et ont chacune, en moyenne, entre 6 et 7 enfants. Lesquels sont, culturellement encore, généralement livrés à eux-mêmes avant d'avoir atteint l'âge de trois ans... Autant dire qu'ils entrent à l'école de la République désarmés. Faute d'encadrement spécifique, ils en sortiront détruits.  

La gauche prétend créer une société de Bisounours

Notre modèle méritocratique ne s'embarrasse pas de ce genre de nuances. Qui s'intéresse à la place des mères dans ces mêmes familles africaines, turques, maghrébines, repliées sur leurs traditions? Contrairement aux idées reçues, très peu élèvent seules leurs enfants. En revanche, à la maison, le père seul incarne l'autorité. Au pays, les solidarités villageoises rétablissent une sorte d'équilibre au sein des couples. Mais, en France, ces patriarches ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes et sombrent le plus souvent dans un autoritarisme implacable. Répétant le même scénario infernal: mères disqualifiées, filles soumises et garçons hors de contrôle.  

On laisse se propager les contrôles au faciès

Bien sûr, les traditions n'expliquent pas tout. Grandir dans une tour délabrée, un logement insalubre, isolé ou sans perspectives d'emploi, ajoute au sulfureux cocktail. De même que l'exil aggrave le repli communautaire, la ségrégation et la xénophobie brisent les plus beaux élans. Certaines habitudes héritées constituent, par ailleurs, de formidables paravents - l'entraide entre générations et les solidarités féminines notamment. Il n'empêche. "Faute de s'intéresser aux individus dans leur globalité, les politiques publiques se privent de leviers essentiels", assène le chercheur, qui le déplore: à elles seules, les récentes émeutes urbaines auraient pourtant pu révéler bien des carences liées aux origines, et permis d'y répondre. Si encore les autorités avaient pris la peine de briser l'omerta. Mais les tenants du tout-sécuritaire, ceux-là même qui "laissent se propager les contrôles au faciès au mépris des règles élémentaires de déontologie", fustige l'auteur, refusent de communiquer aux chercheurs l'origine des délinquants. Comment dès lors disséquer la secrète alchimie qui pousse certains au pire, et en assagit d'autres? La gauche est tout aussi coupable à ses yeux, quand "elle prétend créer une société de Bisounours", niant au passage la diversité des valeurs. Cette dernière existe pourtant, s'étend même, et mériterait que l'on s'y intéresse. Rapidement.l  

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