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  • : AFRIQUE-PAUVRETE-AVENIR
  • : Ce blog traite des causes endogènes et exogènes liées à la pauvreté de l'Afrique. Il fait par ailleurs un pont entre l'Afrique et la France: la françafrique.
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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 10:26

Le commerce transsaharien existe depuis l’antiquité, y compris celui des esclaves. L’introduction du chameau,    au IIIe s, facilite le commerce.

En Afrique noire, l’esclavage est ancien, posséder des captifs pris au combat est un signe de richesse et de puissance ; cette forme d’esclavage est issu de la traite interne, les esclaves sont destinés aux sociétés locales, en particulier à l’empereur et sa cour.

A partir du VIIIe s, à la suite de la conquête arabe, les musulmans systématisent, organisent de nouvelles formes de traite négrière englobées sous l’appellation de traites orientales, ensemble à l’intérieur duquel on distingue la traite transsaharienne. Le Coran ne remet pas en cause l’esclavage, sous condition que l’esclave ne soit pas musulman. Ces traites arabo-musulmanes commencent donc au VIII° s, elles précèdent la traite atlantique et lui survivent au moins jusqu’à la fin du XIX° s voire début XXe s.

Les routes transsahariennes relient le nord au sud selon 3 axes principaux :

  • L’axe reliant la Tripolitaine au Kanem par Zawila

  • L’axe reliant les villes de Tunisie comme Tunis, Kairouan ou l’Algérie avec Alger

à Gao ou Tombouctou au Mali par Warghla…

  • L’axe reliant les villes du Maroc comme Fès, Sidjilmassa aux royaumes du Soudan par le Touat

  • « la traite vers le monde arabo-musulman et vers l’Asie orientale » (Elikia M’Bokolo, Afrique noire, histoire e

    civilisation, tome 1 : jusqu’au XVIII° S, Hatier, 1997)

Il est difficile d’estimer le nombre d’esclaves vendus mais cela se monte à plusieurs millions : Elikia M’Bokolo dans son ouvrage « Afrique noire, Histoire et civilisations, tome 1, Des origines au XVIIIe s » (chapitre 3 p170-176), pense qu’une évaluation est impossible. Il fait référence cependant aux estimations de Ralph Austen mais à utiliser avec précaution. Ces extraits sont publiés dans le manuel « Regards sur l’Afrique » rédigés par Joseph Ki Zerbo et Elikia M’Bokolo (Hatier, 2010).

Pour Olivier Pétré-Grenouilleau (in La Documentation Photographique n°8032, « Les traites négrières » 2003) 17 millions de captifs auraient été déportés par les différentes traites orientales entre 650 et 1920 dont 9 millions pour la traite transsaharienne ; les traites internes (destinées à alimenter en esclaves les sociétés d’Afrique noire) ont, au total, quant à elles conduit à la réduction en servitude d’un peu plus de 14 millions de personnes. Dans l’Atlas des esclavages de Marcel Dorigny et Bernard Gainot (édition Autrement, collection Atlas / Mémoires, 2006) la traite transsaharienne est donnée sous forme de graphique : le total, de l’an 700 à 1900, est de 7,450 millions d’esclaves.

 

Ralph Austen “ “The trans-saharan slave trade : a tentative census”, in HA.Gemery, et J.Hogendorn (eds), The Uncommon Market : Essays in the Economic History of the Atlantic Slave Trade, New York, Academy Press, 1979, pp. 66 et 68 ; African Economic History, Londres, James Currey, 1987, p275.

 

L’exemple d’une route des esclaves du royaume du Mali au Maroc.

 

Dans la période de notre Moyen-âge, les royaumes du Soudan comme celui du Mali islamisés, participent à la traite des esclaves : la guerre, les razzias permettaient de capturer des esclaves pour les vendre aux marchands arabo-musulmans qui recherchaient des esclaves non musulmans.

Au Mali, les villes comme Tombouctou, Djenné et Gao, surtout aux XIIe et XIII siècles, sont les plaques tournantes du commerce de l’or, des esclaves…, et relient le Sahel à la Méditerranée par les routes du désert. Ce commerce enrichit l’élite et les marchands intermédiaires convertis à l’Islam.

carte des « échanges transsahariens entre VIII° et XVI° s » dans Histoire de l’Afrique ancienne VIII-XVI° s, dossier n°8075, mai – juin 2010, de P. Boilley et J-P Chrétien, La documentation photographique.

Au XIIIe siècle, Soundjata Keita aurait élaboré la charte du Manden (en 1222 ?) qui condamne l’esclavage… mais dans la réalité la traite continue et se développe ; les mêmes routes ont toujours été utilisées pendant 1400 ans et cette traite négrière a même perduré jusqu’au XIXe s.

Au XIVe siècle, Tombouctou devient le principal pôle commercial, d’après le géographe musulman Ibn Battûta qui est l’un des premiers à décrire la ville, les routes qui y mènent.

Les caravanes se dirigeaient alors vers le nord, en direction du Maroc et de la côte méditerranéenne en passant par les oasis du Sahara. Pour assurer la sécurité et éviter que les caravanes ne soient pillées, l’armée bien organisée du royaume du Mali protégeait ces routes commerciales. Les souverains marocains avaient fait construire des forteresses le long des routes pour les haltes. Cependant le trajet était long (environ deux mois de marche pour parcourir 1500,1800 km à travers le désert), dangereux et pénible pour les esclaves entravés, privés d’eau. La mortalité était importante.

tableau montrant la traite orientale arabo-musulmane, le génocide voilé, Tidiane N’Diaye, Gallimard, 2008.

Sidjilmassa, à la porte du désert, était le point de passage obligé pour les caravanes, lien entre l’Afrique « blanche » et l’Afrique « noire ». La ville était fréquentée par des marchands arabo-musulmans venus de Fes, Marrakech…

Arrivés à Marrakech ou dans toutes autres villes de la côte méditerranéenne, les esclaves étaient vendus au marché sur la place publique ou dans les souks ; les hommes étaient utilisés dans les grandes plantations, dans les mines de sel, dans l’armée, dans les harems comme eunuques et les femmes pour les travaux domestiques et les harems.

représentation du marché des esclaves de Marrakech dans « Les civilisations de l’Afrique », Maucler et Moniot, Casterman, 1987.

 

D’autres routes traversaient le Sahara en direction du Caire et de la Mecque comme le montre le pèlerinage de Kankan Moussa en 1324. Celui-ci, précédé de milliers d’esclaves, fait halte au Caire pour rendre visite au sultan. A son retour, il rentre au Mali accompagné de lettrés, d’intellectuels, d’architectes arabes et fait construire des mosquées à Tombouctou, Djenné.

 

un extrait de l’ouvrage d’Ibn Battuta, Voyages, 1352, au sujet de la cour de l’empire du Mali, où il fait mention d’environ 300 000 esclaves armés qui suivent le Mansa.

l’Atlas dit « Catalan », d’Abraham Cresques (1325-1387) paru dans La Documentation Photographique (pp 24-25) n°8075, mai-juin 2010.

 

 

Abolition de l'esclavage : Maroc,1922; Afghanistan, 1923, Irak, 1924, Transjordanie et Iran, 1929; Bahrein, 1937; Koweit, 1949; Qatar, 1952; arabie Saoudite, 68; Oman, 70; Mauritanie, 80! Et l'esclavage persisterait dans les régions du Soudan et de la Mauritanie!

 

 

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 13:14

 

Rudyard Kipling est là pour nous montrer ce que l’Européen, le Blanc donc, pensait et pense de l’Inde.

Et l’Inde, faisant partie des endroits du Monde où l’on a construit des Tour Eiffel, on était automatiquement raciste et en tous cas fier de ces constructions donc méprisant envers ceux qui n’en faisaient pas autant.

Ce mépris des bâtisseurs pour les non-bâtisseurs tenant pour une part importante au fait que ces derniers n’allaient140px-BLAKE10 même pas à admirer ce bâti. Par exemple, les choses avaient mal tourné pour Darius III et ne serait-ce qu’en raison de la victoire des Macédoniens, il ne pouvait pas lui venir à l’esprit de mépriser ses vainqueurs, sinon sur quelques plans accessoires. Et ce Darius aurait entendu Alexandre s’émerveiller devant Babylone, il l’aurait évidemment trouvé civilisé. 

Ainsi, bien que s’affrontant constamment entre elles, les civilisations (les bâtisseurs donc) se sont mutuellement admirées. C’est même, au-delà des aspects militaristes, essentiellement sur la question du bâti donc de l’architecture et de ses petits (La décoration, l’orfèvrerie, les arts, les sciences et les lettres...), que les peuples civilisés ont pu, en temps de paix, se recevoir mutuellement en grandes pompes. 

C’est par les villes, les temples et les palais que les civilisés se sont jugés, inspirés, copiés, toisés et enviés. Hitler bavait de Paris, Louis XIV bavait de la Grande Porte, Léopold II bavait des boulevards de Haussmann, François 1er bavait de Florence...
Entre civilisés, on se méprisait sur des détails et surtout après une victoire. Mais on ne se traitait pas de crétins. 

Tous les civilisés, dont les Indiens faisaient partie, surtout avant d’avoir été colonisés par les Anglais ; dont les Chinois faisaient partie, surtout avant d’avoir été croqués par les Japonais et les Occidentaux ; dont les Japonais faisaient partie, surtout avant d’avoir été vaincus par les EU ; dont les Incas, les Egyptiens et les Aztèques avaient fait partie à leurs grandes heures, tous ceux là se sont certes bien foutus dessus et insultés mais jamais au point de se traiter de macaques.

Et tous ont profondément méprisé, animalisé et exploité ceux qui ne bâtissaient que des paillottes ou des cases de terre.

Les champions de l’arrogance et du mépris étant ceux qui construisent les immeubles les plus hauts. Il est très facile, de nos jours, de voir où ils se trouvent.

Cela dit, les sens de raciste a évolué constamment et chacun de ces peuples bâtisseurs lui accorde un sens qui lui est propre.
Le racisme d’un Chinois ou d’un Indien bâtisseur, n’est et ne sera jamais exactement celui d’un bâtisseur français qui différera également toujours de celui d’un bâtisseur anglais, italien ou allemand.

En certains endroits, la performance s’exprime surtout en termes de hauteur, ailleurs en termes de matériaux, en d’autre en termes de fontaines, en d’autres en termes de cirques, en d’autres encore en termes de dorures, de harems, d’écuries, mais en gros, il s’agit bien d’architecture.


Les premiers voyagistes du Monde ont été les orientalistes et il ne s’agissait pas d’aller visiter des montagnes ou des rivières mais bel et bien des constructions édifiantes.



Tout étant fractal, ce principe du mépris du bâtisseur pour le non-bâtisseur, vaut même entre petits-bâtisseurs.

images--20-.jpgLes Amérindiens du Nord qui construisaient de grandes cases (fixes donc) se considéraient supérieurs à ceux qui vivaient sous tipis. Idem en Afrique noire où le moindre édifice de terre battue qui dépassait 5 m de hauteur était considéré comme une merveille traduisant la supériorité de ses bâtisseurs.
 
Plus que tout autre élément, le bâti survit longtemps à son bâtisseur et allonge ainsi artificiellement sa trop courte vie. Dans chaque civilisation, même modeste, tout prince se construit ou se fait construire une tour Eiffel avant toute chose. Rarissimes ont été les princes qui, comme Gandhi, Mandela ou Ho Chi Minh, ont renoncé à ce principe d’orgueil

(En 1804, le Noir JJ Dessalines, dès qu’il eut viré les colonialistes bonapartistes, s’était fait proclamer empereur, carrément. empereur d’une fraction de petite île. Dans une bagarre contre un grand empereur, il est très difficile d’en rester à un verbe d’entre gueux, du coup, on perpétue le jeu de la prétention) 



Ainsi, le racisme n’est pas du tout fondé sur une histoire de couleur de peau malgré la coïncidence très noir= case de terre, mais uniquement sur une histoire de civilisation architecturale.

Et c’est pour cela qu’il existe une version intra raciale, par exemple franco française, du racisme qui est le mépris des châtelains ou grands bourgeois pour les ouvriers.
Les Sans-abris étant tout en bas de toutes les échelles, partout où existe du bâti.

(Pendant 60 ans après la Révolution, le droit de vote était censitaire, ce qui veut dire qu’il était réservé aux hommes propriétaires de bâti)
(En Inde, un Intouchable ne pouvait pas être propriétaire)

Un sauvage c’est un type infoutu de produire un titre de propriété sur un terrain, c’est un type qui n’a même pas conçu que ça puisse être possible.


Le racisme n’est donc pas l’idée que tel mec avec tel os dans le nez est un crétin mais surtout qu’on est plus légitimé que lui pour s’approprier le terrain sur lequel il vit. C’est pour dissimuler notre convoitise que nous insistons sur la bêtise globale du sauvage et sur notre droit supérieur au sien pour le gérer, ce terrain. La racisme n’est qu’un prétexte à la colonisation (colonisation millénaire que tous les bâtisseurs, du plus petit au plus grand, ont perpétré)

Les attentats du 11 septembre ont choqué bien plus les grands bâtisseurs que les Roms et il s’en est suivi une guerre des mots éminemment raciste entre eux qui habitaient des buildings et ceux qui se terraient dans des grottes.

Dans ces guerres du bâti, si Troie, Carthage et Persépolis ont été rasées, s’il y a eu le pillage et l’incendie du palais d’Eté de Pékin par les Français et les Anglais en 1860, s’il y a eu l’incendie du palais des Tuileries en 1871, si Hitler vaincu avait voulu brûler Londres et Paris, s’il y a eu Hiroshima et Nagasaki, si les Talibans ont détruit les Bouddhas de Bâmiyân, il y a eu le cas du palais impérial du Japon que les Ricains ont délibérément épargné. Un véritable miracle, une exception qui confirme la bonne règle comme on dit.

Dans tout ça, en dépit de son gaullisme (pourtant parfaitement raciste) et en dépit de l’odeur, Jacques Chirac présente un cas à part puiqu’il aura été le seul de nos princes à faire édifier un palais à la seule gloire des non-bâtisseurs et en ce que ces sauvages avaient fait de tout de même épatant.

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 01:20

Photob 001Les Koongos, une entité du peuple Bantou sont originaires du Royaume Koongo, actuellement Angola, les deux Congos.... D'après les traductions les plus anciennes, Ku-ngo se traduirait "chez la panthère", mammifère carnivore, très redoutable. Les Koongos seraient donc à la fois un peuple pacifique avec les pacifiques et révolutionnaire devant l'oppresseur. Certains pensent que les occupants actuels des régions du Pool et Bas-Congo gardent en eux quelques caracteriques de ces anciens Koongos,   très contestataires et revendicatifs.

 

Déjà au XVIIIe siècle, en pleine traite de Noirs, ceimages--21-.jpg sont les Koongos qui porteront haut et fort la question de la liberté des esclavages par le fer et le sang dans le monde. 

En Haïti, les esclaves comprirent que ce n’est pas par les discours et les votes que la question de leur liberté sera résolue, mais par le fer et le sang. Cette certitude contraint les esclaves émancipés à recourir à la violence. Il y eu une recrudescence des révoltes d'esclaves dont le nom des leaders connut une éclatante postérité. Parmi ces révoltés un fils Koongo adepte de Kimpa Nvita, Makandala,20 chef des insurgés à Saint-Domingue. En effet, des nombreux Koongos furent vendus au Nord d’Haïti. Les révoltés21 infligèrent une défaite cuisante à l’armée napoléonienne, la plus puissante de l’époque.

Cette révolution donna naissance à la première République noire de l’Histoire.DONA BEATRICE Pour la première fois, les Africains bravent la France, pourtant partisan de la « Liberté-Egalité-Fraternité », afin d’être tout simplement libres, comme le stipulait l’article I des Droits de l’homme,22 écrit par ces mêmes Français, que les meneurs haïtiens comme Toussaint Louverture connaissaient certainement.

La République d'Haïti, proclamée en 1804, devient alors le deuxième État indépendant du continent après les Etats-Unis, et les conséquences d’une telle initiative, les Haïtiens les paient encore aujourd’hui. Il est certain qu’ils gardent encore les séquelles d’un tel traumatisme comme tous les peuples opprimés d’ailleurs. Ce sont aussi les Koongos haïtiens qui ont aidé Simon Bolivar dans sa lutte contre les Espagnols. Ces troupes s’élancèrent en 1816 à partir du port de Jacmel. Elles renversèrent le joug colonial espagnol des cinq pays d’Amérique latine.

A Cuba, 300 né-Koongos sont vendus en 1513. Dès images--28-.jpg1520, les Quilombos23(communautés indépendantes des Noirs) se rebellent contre l’ordre esclavagiste. Pendant la guerre d’indépendance de Cuba, guerre hispano-américaine, ce sont des Koongos qui se sont illustrés, tels le légendaire « Grito24 de Yara », Mariano Ganga, Domingo Macua, Felipe Macua, Mayimbé José Dolores, Ambrosia Congo, Felipe Ganga, Lorenzo Ganga et Ma Dolores Inzaga. C’est aussi là qu’est né le Palo Moyombe, une cérémonie où les Tatas, adeptes mâles et les Yaya, adeptes femelles côtoient les esprits, en présence de Tata Nganga.25

 

C’est aussi pour tenter de ‘’rétablir’’ leur identité bafouée que les Koongos arrivés à l’Est de la Jamaïque26 au XVIIIe siècle ont conservé leur rythme musical qui s’appelle Kumina ou Kodongo, dont l’instrument principal est le Ngoma27, utilisé pour invoquer les esprits des ancêtres proches de Kimpa Nvita. Le musicien jamaïcain Natty Kongo28 incarne l’âme vivante de cette culture.

 

En 1705, les Koongos furent les premiers esclaves noirs du Brésil où ils ont donné naissance à la samba avec comme fondateur Dongo connu sous le non de Ernesto Joaquim. Un autre koongo, Zumbi sera le premier leader du mouvement de lutte pour la liberté des Noirs au Brésil. Il faut associer à cette lutte Manganga et Bimba, adeptes de Kimpa Nvita. Par ailleurs, les religions Quinbanda et Macumba sont teintées des influences de la négritude Koongo.

Dans la Caroline du Sud en 1670, 60% d’esclaves étaient des né-Koongos qui vont plus tard se convertir à la religion de Kimpa Nvita afin de mieux se réapproprier leur identité. Ils auront des qualités mystiques.29 Un esclave Koongo nommé Jemmy fut à la tête d’un mouvement « The stono rebellion of 9 September 1739.» Ce soulèvement est considéré comme le plus grand soulèvement d’esclaves dans toute l’Histoire de l’Amérique du Nord. Ces esclaves, afin de recouvrir leur liberté, avaient attaqué une cache d’armes. Il y avait parmi eux bon nombre qui s’étaient battus durant la guerre de Mbamba.30 Ils semèrent la terreur, brulèrent des maisons.31 Ces esclaves se rendirent en Floride, lieu de refuge, où les colons espagnols leur donnèrent des terres. Ce fut la naissance de Santa Teresa de Mose, la première ville des Noirs libres dans toute l’Histoire de l’Amérique du Nord. Plus tard, les Espagnols utiliseront, ces nés-Koongos, comme gardes-frontières de la Floride.

C’est à partir de la révolution de Stono que les colons de l’Amérique de Nord cessèrent d’importer des esclaves Koongo, et décidèrent qu’ils seront compensés parimages--25-.jpg des esclaves de l’Afrique de l’Ouest. Cela durant une dizaine d’années. Ce sont les Français qui reprendront l’importation des esclaves Koongos pour le compte de la Louisiane.

 

D’autres Koongos, mèneront leurs luttes de libération au Mexique, Pérou, Venezuela, Colombie, Argentine, Surinam avec une détermination héritée de la source, le mont Kibangou32.  

Les éléments d’identification et fédérateurs de tous les Koongos, se rapportent à la doctrine de Kimpa Nvita, défenseur des valeurs des Koongos, et des Africains. C’est à juste titre qu’elle est considérée comme l’âme des luttes pour la libération des Koongos, elle a allumé le feu jamais éteint de l’espérance et de la lutte contre la domination des Occidentaux sur l’Africain.

 

Toutes les luttes de libération sont l’expression d’affirmations, de revendications, Biard Abolition de l%27esclavage 1849de reconnaissance d’identitaire. Un peuple opprimé est un peuple frustré et privé des ses éléments culturels, ses fondamentaux. Dès l’instant où celui-ci prend conscience de son état, il cesse de se conformer à l’ordre soit par la violence contre ses usurpateurs soit de façon pacifique. Dans les deux cas, l’usurpateur d’identité n’a jamais la sympathie du groupe. Il est l’ennemi, car la liberté est une valeur intrinsèque à l’homme, elle est ce que « l’homme acquiert par la nature et qu’on estime le plus précieux de tous les bien qu’il puisse posséder.»33

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12 juin 2011 7 12 /06 /juin /2011 22:48

L'œuvre de Cheikh Anta Diop

 

 La reconstitution scientifique du passé de l'Afrique et la restauration de la conscience historique 

 

Au moment où Cheikh Anta Diop entreprend ses premières recherches historiques (années 40) l'Afrique noire ne constitue pas "un champ historique intelligible" pour reprendre une expression de l'historien britannique Arnold Toynbee. Il est symptômatique qu'encore au seuil des années 60, dans le numéro d'octobre 1959 du Courrier de l'UNESCO, l'historien anglo-saxon Basile Davidson introduise son propos sur la "Découverte de l'Afrique" par la question : "Le Noir est-t-il un homme sans passé ?"

 

 

Dans son récent ouvrage Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx, Théophile Obenga montre magistralement en quoi consiste l'originalité et la nouveauté de la problématique historique africaine ouverte et développée par Cheikh Anta Diop :

 

 

"En refusant le schéma hégélien de la lecture de l'histoire humaine, Cheikh Anta Diop s'est par conséquent attelé à élaborer, pour la première fois en Afrique noire une intelligibilité capable de rendre compte de l'évolution des peuples noirs africains, dans le temps et dans l'espace [...] Un ordre nouveau est né dans la compréhension du fait culturel et historique africain. Les différents peuples africains sont des peuples "historiques" avec leur État : l'Égypte, la Nubie, Ghana, Mali, Zimbabwe, Kongo, Bénin, etc. leur esprit, leur art, leur science. Mieux, ces différents peuples historiques africains s'accomplissent en réalité comme des facteurs substantiels de l'unité culturelle africaine". [Théophile Obenga, Leçon inaugurale du colloque de Dakar de février-mars 1996 intitulé : "L'œuvre de Cheikh Anta Diop - La Renaissance de l'Afrique au seuil du troisième millénaire", Actes du colloque de Dakar à paraître). 

 

 

 

Nations nègres et Culture – De l'Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique d'aujourd'hui– que publie en 1954 Cheikh Anta Diop aux Éditions Présence Africaine créées par Alioune Diop est le livre fondateur d'une écriture scientifique de l’histoire africaine. La reconstitution critique du passé de l'Afrique devient possible grâce à l'introduction du temps historique et de l'unité culturelle. La restauration de la conscience historique devient alors elle aussi possible.  

 

Les principales thématiques développées par Cheikh Anta Diop

Les thématiques présentes dans l'œuvre de Cheikh Anta Diop peuvent être regroupées en six grandes catégories :

 

a. L'origine de l'homme et ses migrations. Parmi les questions traitées : l'ancienneté decad inter l'homme en Afrique, le processus de différentiation biologique de l’humanité, le processus de sémitisation, l’émergence des Berbères dans l’histoire, l'identification des grands courants migratoires et la formation des ethnies africaines.

 

b. La parenté Égypte ancienne/Afrique noire. Elle est étudiée selon les aspects suivants : le peuplement de la vallée du Nil, la genèse de la civilisation égypto-nubienne, la parenté linguistique, la parenté culturelle, les structures socio-politiques, etc.

 

c. La recherche sur l'évolution des sociétés. Plusieurs développements importants sont consacrés à la genèse des formes anciennes d'organisation sociale rencontrées dans les aires géographiques méridionale (Afrique) et septentrionale (Europe), à la naissance de l'État,.à la formation et l'organisation des États africains après le déclin de l'Égypte, à la caractérisation des structures politiques et sociales africaines et européennes avant la période coloniale ainsi qu'à leur évolution respective, aux modes de production, aux conditions socio-historiques et culturelles qui ont présidé à la Renaissance européenne.

 

d. L'apport de l'Afrique à la civilisation. Cet apport est restitué dans de nombreux domaines : la métallurgie, l'écriture, les sciences (mathématiques, astronomie, médecine, ...), les arts et l'architecture, les lettres, la philosophie, les religions révélées (judaïsme, christianisme, islam), etc.

 

e. Le développement économique, technique, industriel, scientifique, institutionnel, culturel de l'Afrique. Toutes les questions majeures que pose l'édification d'une Afrique moderne sont abordées : maîtrise des systèmes éducatif, civique et politique avec l'introduction et l'utilisation des langues nationales à tous les niveaux de la vie publique ; l'équipement énergétique du continent ; le développement de la recherche fondamentale ; la représentation des femmes dans les institutions politiques ; la sécurité ; la construction d'un État fédéral démocratique, etc. La création par Cheikh Anta Diop du laboratoire de datation par le radiocarbone qu'il dirige jusqu'à sa disparition est significative de toute l'importance accordée à "l'enracinement des sciences en Afrique".

 

f. L'édification d'une civilisation planétaire. L'humanité doit rompre définitivement avec le racisme, les génocides et les différentes formes d’esclavage. La finalité est le triomphe de la civilisation sur la barbarie. Cheikh Anta Diop appelle de ses vœux l'avènement de l'ère qui verrait toutes les nations du monde se donner la main "pour bâtir la civilisation planétaire au lieu de sombrer dans la barbarie" (Civilisation ou Barbarie, 1981). L’aboutissement d’un tel projet suppose :

 

- la dénonciation de la falsification moderne de l'histoire : "La conscience de l'homme moderne ne peut progresser réellement que si elle est résolue à reconnaître explicitement les erreurs d'interprétations scientifiques, même dans le domaine très délicat de l'Histoire, à revenir sur les falsifications, à dénoncer les frustrations de patrimoines. Elle s'illusionne, en voulant asseoir ses constructions morales sur la plus monstrueuse falsification dont l'humanité ait jamais été coupable tout en demandant aux victimes d'oublier pour mieux aller de l'avant" (Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, p. 12). 

 

- la réaffirmation de l'unité biologique de l'espèce humaine fondement d’une nouvelle éducation qui récuse toute inégalité et hiérachisation raciales : "... Donc, le problème est de rééduquer notre perception de l'être humain, pour qu'elle se détache de l'apparence raciale et se polarise sur l'humain débarrassé de toutes coordonnées ethniques." (Cheikh Anta Diop, "L'unité d'origine de l'espèce humaine", in Actes du colloque d'Athènes : Racisme science et pseudo-science, Paris, UNESCO, coll. Actuel, 1982, pp. 137-141). 

 

L'ensemble de ces grandes problématiques définit de façon claire et cohérente un cadre, des axes et un programme de travail.  

 

L'apport méthodologique et les acquis du colloque du Caire 

 Pour sortir l'Afrique du paradigme anhistorique et ethnographique dans lequel anthropologues et africanistesosiris l'avaient confinée Cheikh Anta Diop adopte une méthodologie de recherche qui s'appuie sur des études diachroniques, le comparatisme critique, la pluridisciplinarité : archéologie, linguistique, ethnonymie/toponymie, sociologie, sciences exactes, etc.. Grâce à une approche à la fois analytique et synthétique il lui a été possible de rendre aux faits historiques, sociologiques, linguistiques, culturels du continent africain, leur cohérence et leur intelligibilité. La nouvelle méthodologie en matière d'histoire africaine que préconise et met en œuvre Cheikh Anta Diop dans ses travaux est exposée dans son livre Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, (op. cit., pp. 195-214) et largement commentée par le professeur Aboubacry Moussa Lam (cf. bibliographie).

 

 

S'agissant de l'Égypte ancienne alors étudiée dans son contexte négro-africain, Cheikh Anta Diop écrit :

 

 

 

"Partant de l'idée que l'Égypte ancienne fait partie de l'univers nègre, il fallait la vérifier dans tous Ies domaines possibles, racial ou anthropologique, linguistique, sociologique, philosophique, historique, etc. Si l'idée de départ est exacte, l'étude de chacun de ces différents domaines doit conduire à la sphère correspondante de l'univers nègre africain. L'ensemble de ces conclusions formera un faisceau de faits concordants qui éliminent le cas fortuit. C'est en cela que réside la preuve de notre hypothèse de départ. Une méthode différente n'aurait conduit qu'à une vérification partielle qui ne prouverait rien. Il fallait être exhaustif" (Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, 1967, p. 275).

 

 

En 1970, l'UNESCO sollicite Cheikh Anta Diop pour devenir membre du Comité scientifique international pour la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Son exigence d'objectivité le conduit à poser trois préalables à la rédaction des chapitres consacrés à l'histoire ancienne de l'Afrique. Les deux premiers consistent en la tenue d'un colloque international, organisé par l'UNESCO, réunissant des chercheurs de réputation mondiale, pour d'une part, traiter de l'origine des anciens Égyptiens, et d'autre part faire le point sur le déchiffrement de l'écriture méroïtique. En effet, une confrontation des travaux de spécialistes du monde entier lui paraissait indispensable pour faire avancer la science historique. Le troisième préalable concerne la réalisation d'une couverture aérienne de l'Afrique afin de restituer les voies anciennes de communication du continent.

 

 

C'est ainsi que se tient au Caire du 28 janvier au 3 février 1974, organisé par l'UNESCO dans le cadre de la Rédaction de l'Histoire générale de l'Afrique, le colloque intitulé : "Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique".

 

 

Ce colloque rassemble une vingtaine de spécialistes appartenant aux pays suivants : Égypte, Soudan, Allemagne, USA, Suède, Canada, Finlande, Malte, France, Congo et Sénégal. La contribution très constructive des chercheurs africains tant au plan méthodologique qu'au niveau de la masse des faits apportés et instruits, a été reconnue par les participants et consigné dans le compte-rendu du colloque, notamment dans le domaine de la linguistique : "un large accord s'est établi entre les participants". "Les éléments apportés par les professeurs DIOP et OBENGA ont été considérés comme très constructifs. (…) Plus largement, le professeur SAUNERON a souligné l'intérêt de la méthode proposée par le professeur OBENGA après le professeur DIOP. L'Égypte étant placée au point de convergence d'influences extérieures, il est normal que des emprunts aient été faits à des langues étrangères ; mais il s'agit de quelques centaines de racines sémitiques par rapport à plusieurs milliers de mots. L'égyptien ne peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas compte de sa naissance ; il est donc légitime de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique."[cf. Histoire générale de l’Afrique, Paris, Afrique/Stock/Unesco, 1980, pp. 795-823]. 220px-Obenga 2

 

 

S'agissant de la culture égyptienne : "Le professeur VERCOUTTER a déclaré que, pour lui, l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser. Le professeur LECLANT a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens."

 

 

Le rapport, dans sa conclusion générale indique que "La très minutieuse préparation des communications des professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA n'a pas eu, malgré les précisions contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l'UNESCO, une contrepartie toujours égale. Il s'en est suivi un véritable déséquilibre dans les discussions."

 

 

Depuis 1974, les découvertes archéologiques, les études linguistiques, les études génétiques, l'examen de la culture matérielle, l'étude de la philosophie, etc. ne font que confirmer chaque jour davantage les grandes orientations de recherche recommandées par le Colloque du Caire.
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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 07:54

Photob 001Les Noirs, c'est l'appellation convenue dans certains milieux pour parler des Africains ou des personnes d'origine africaine. Il s'agit de ce fait de comparer celles-ci aux blancs, deux extrêmes qui dissipent toute ambiguïté. En agissant de la sorte, on classifie l'humanité selon les couleurs de peau des  uns et des autres: noirs, blancs, rouge, jaune... Les ethnologues habités par des esprits peu évolués ont par la suite utilisé cette classification pour déterminer le degré d'humanité des uns et des autres. Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi- même, dans leurs travaux le blanc est au dessus de l'échelle alors que le noir est réduit à presque rien, pas trop loin d'autres espèces animales connues. 

Pouvait-il en être autrement ?  Déjà dans l'imaginaire collectif occidental, la couleur noire s'apparenre  à quelque chose d'effroyable, de piteuse, l'enfer et le diable tout le contraire du blanc qui est lumière, bonté, beauté, paradis.

De ce fait, l'homme noir va tout simplement perdre sa qualité d'Homme aux yeux de nos ethnologues qui vont réussir à convertir à leurs thèses des esprits plus faibles que les leurs. L'homme en est réduit à sa couleur, comme si une voiture Peugeot de marque 406 et de couleur verte perdait sa qualité de voiture 406 pour sa simple couleur: la verte. 

Ce raccourci, quoi que l'on dise, témoigne du malaise qui circule dans certains milieux à admettre l'africain comme entièrement Homme, car s'ils le faisaient, ils admettraient ipso- facto l'égalité des Hommes au-delà de leurs couleurs de peau.

De ce fait, il était socialement convenable que cet homme soit nommé Noir c'est -à-dire réduit à sa couleur. Ce postulat une fois posé, la querelle entre les militants de l'égalité entre les Hommes (Société des amis des Noirs fondée en 1788 à Paris par exemple) et ceux qui prétendaient (ou prétendent encore) à la suprématie de l'homme blanc prenait des formes moins irréconciliables.

Il n'en reste pas moins  que le Noir est réducteur et fait référence à tout ce passé douloureux où les Occidentaux avaient le monopole de la race humaine. 

 

Heureusement, pour les Africains, certains africains comme les Bantous chez qui les couleurs prennent d'autres significations. En effet, dans la mythologie bantoue, la couleur noire est une couleur paradisiaque en revanche la140px-BLAKE10 couleur blanche est infernale, elle évoque un précipice.  Les choses en étaient là jusqu'à l'arrivée du catholicisme sur le continent. Les religieux venus en Afrique s'étaient donné pour mission d'imposer leur conception des choses chez les Africains, notamment, faire croire que la couleur blanche est préférable à la noire selon Dieu.

 

 Les Africains qui adoptèrent cette nouvelle religion acceptaient au même instant la vérité selon laquelle le blanc est paradisiaque alors que le noir est infernale.  Plus la religion s'imposait, plus la couleur noire devenait diabolique. C'est la naissance de tous les complexes liés à la couleur de peau. Il devenait naturellement acceptable chez certains africains d'admettre l'évidence : la supériorité de l'homme à la peau blanche. Le catholicisme soutenu par tous les exclavagistes venait de gagner l'une de ses missions en Afrique.

 

En Occident, la question relative à la  couleur noire de la peau des africains a donné des arguments aux idéologues esclavagistes qui voulaient par ailleurs satisfaire des intérêts économiques de l'Europe. Ainsi, 1685 les esclaves sont soumis au "Code noir" qui recommande dans ses articles:

 

Art. 2. Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion catholique.

 

Art. 12. Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves. 

 

Art. 38. L'esclave fugitif aura les oreilles coupées et sera marqué d'une fleur de lys sur l'épaule. S'il récidive, il aura la jambe coupée et sera marqué d'une fleur de lys sur l'autre épaule. La troisième fois, il sera puni de mort.

 

Jusqu'en 1787, les Noirs ne sont pas considérés comme une espèce humaine malgré toutes les idées véhiculées par les philosophes de lumière.  Dans un acte notarié enregistré à la Rochelle, on peut encore lire:

 

39 nègres valent........................................ 86 650 F

18 négrillons (garçons) valent................ 14 650 F

40 négresses valent .................................55 220 F

6 négrittes (filles).......................................  4 050  F

70 animaux de ferme.................................11 400 F

125 hectares de terres.............................. 110 000 F

 

Il ressort que que le Noir est une marchandise comme toutes les autres marchandises. Son prix témoigne de la place qu'il occupe dans la société française  d'avant 1789.  

 

Pour tous les esclaves l'avènement de la Révolution française devait marquer la fin de cette condition. Mais, lors de la Révolution de 1789 qui inaugura une nouvelle ère de liberté pour l'Homme, l'Assemblée constituante maintient l'esclavage et la traite des Nègres et ce malgré les revendications de la Société des amis des Noirs, sous l'influence des idées des philosophes, qui réclament son abolition. Le débat à l'Assemblée constituante de 1791 sur l'égalité des droits "des hommes de couleur et des Noirs libres" est cruellement à la faveur des esclavagistes.

 

Les esclaves qui espéraient retrouver la liberté à la faveur de cette révolution furent contraints aux révoltes notamment dans la partie nord de Saint- Domingue en Août 1791. Mais, partout sur le territoire français, ces révoltes sont  mortellement réprimées.

Les esclavages attendront le 4 Février 1794 pour goûter à la liberté. En effet, en cette année, la Convention dominée par les Jacobins, "partisans de l'égalité et de l'universalité" abolit enfin l'esclavage.

 

Le Décret  de la Convention nationale du 14 Février 1794 déclare que " l'esclavage des Nègres dans toutes les colonies est aboli; en conséquence elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français, et jouiront de tous les droits assurés par la constitution".

 

 

Mais la question de l'égalité entre "les Noirs" et les "Blancs" pose un sérieux problème à Bonaparte qui arrive au98-007356[1] bis pouvoir en 1799. Considérant que pour des intérêts économiques de la France les Noirs n'ont pas à jouir de la liberté comme tous les Hommes, comme tous les Français, Bonaparte rétabli l'esclavage le 20 mai 1802. En effet, le décret stipule dans ses articles:

 

Art. 3. La traite des Noirs et leur importation dans les dites colonies, auront lieu, conformément aux lois et règlement existant avant 1789. 

 

Partout l'esclavage fut rétabli sauf en Haïti où les esclaves venus du Kongo, sous la protection spirituelle de Kimpa nvita, infligèrent une lourde défaite aux troupes françaises, l'armée la plus puissante du monde sous le commandement de Napoléon 1er. 

 

Ailleurs, la condition des Noirs bascule une fois de plus dans l'innommable. Ils perdent leurs droits les plus inaliénables. Ils continuèrent les travaux dans les plantations de la canne-à-sucre au profit des riches propriétaires blancs et français. 

 

Biard Abolition de l%27esclavage 1849C'est en 1848 que officiellement l'esclavage sera aboli en France grâce à l'action de Victor Schoelcher sous la deuxième république après les U.S.A., la Grande- Bretagne, la Hollande, la Belgique. La France a été l'un des derniers  pays esclavagistes à abolir cet odieux et honteux crime contre l'humanité.

Mais, nous savons aussi que cela n'a été possible qu'une fois que la production du sucre de betterave ( moins gourmande de la main d'oeuvre) a remplacé en grande partie celle de la canne- à- sucre. Par ailleurs, nous savons aussi que l'abolition de l'esclavage a inauguré une nouvelle forme d'exploitation de l'homme noir: la colonisation. 

Enfin, nous savons aussi que les bateaux français ont continué le commerce des noirs bien au-delà de 1848 dans l'atlantique et ce malgré des patrouilles britanniques qui tentaient d'empêcher le traffic de ces navires. 

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 13:12

Photob 001Le judaïsme est la religion des Hébreux plus connus sous le nom des Juifs. Ils affirment qu'ils sont le peuple élu par Dieu . Selon eux, Dieu aurait fait une alliance avec les Hébreux. Mais pour des raisons de stratégie de survie, les Hébreux seraient partis en Egypte où leur condition de vie se transformèrent peu à peu. Ils devinrent les captifs des différents Pharaons.

D'après la Bible hébraïque Dieu aurait envoyé Moïse pour les délivrer après 400 ans passés en esclavage. Ils se seraient établis à Canâan sous la haute sécurité de Dieu. Ils choisirent Jérusalem comme capitale de leur royaume sous la direction de David puis de Salomon son fils.

 

Mais, après la mort de ce dernier, le royaume fut divisé en deux:

- Judas avec Jérusalem pour la capitale

- Israël, avec Sammarie pour capitale.

 

Toutefois, à cause de leur désobéissance à Dieu, celui-ci a permis que son peuple soit attaqué et persécuté par des nations étrangères.  

Ainsi, à partir du VIIe s avant Jésus Christ, les Hébreux sont attaqués et persécutés par :

les Assyriens puis les Babyloniens qui déporteront certains Hébreux comme Daniel à Babylone. Puis vint la persécutionlogo temple Perse. Ensuite les Grecs. Et enfin les Romains avant, pendant et après la naissance de J. Christ. 

 

En 70, les Hébreux se révoltèrent contre Rome en en guise de représailles les légions détruisirent Jérusalem ainsi que son Temple. Les Hébreux furent contraint à l'exil. C'est le début de la diaspora juive. Des nombreux Hébreux quittent leur terre pour vivre hors de la Palestine. Ils s'installeront en Egypte, la Mésopotamie, la Syrie, l'Italie, la Grèce, en Asie mineure etc.  Ce peuple sans terre attendra jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale pour que les Nations-Unies décident de les fixer  en Israël.

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 10:20

Photob 001Pourquoi Napoléon soulève-t-il tant de polémiques ? L'homme a des fervents défenseurs mais aussi des ennemis irréductibles. Il est l'homme du Code Civil français de 1804. Mais il est aussi celui qui a rédigé le Code Noir qui a rétablit l'esclavage et la traite des noirs en 1802. Pour tout dire, il n'a jamais considéré les" hommes à la peau noire" comme des hommes méritant de vivre librement et  égaux aux "hommes à la peau blanche".  C'est pour cette dernière raison que la France officielle ne célèbre pas Napoléon pour ne pas offenser certaines sensibilités.

 

Est- ce pour cette raison que Napoléon va disparaître des manuels scolaires des  4 ème l'année prochaine ?

 

 

Dans tous les cas, Il fait tâche d'huile à l'histoire de la France des droits de l'Homme et du Citoyen. Bonaparte est aussi celui qui a mis fin à la Révolution française de 1789 et à la jeune République française née en 1792.

 

 

Pour de nombreux révolutionnaires, il avait tout d'un monarque; car son pouvoir fut autoritaire et auto centré.  L'homme rêvait d'être grand et immortel, pas seulement en France mais aussi, en Europe. Il s'autoproclama 1er Consul de France en 1899 après un coup d'état qui l'amena au pouvoir. En 1804, Bonaparte devint Napoléon 1er, Empereur des Français. 

 

Mais sa folie des grandeurs devait le pousser à dominer l'Europe à l'instar d'Alexandre le Grand et de Jules César. Certains pensent qu'il a inspiré Adolphe Hitler dans son idée de dominer le monde. 

Ainsi, le petit Corse entreprit d' exporter la Révolution française par des conquêtes et des annexions.  Dans denapoleon nombreux pays: Royaume d'Espagne,  Royaume de Naples, Empire d'Autriche, Empire de Russie, Empire de Suède, Royaume de Norvège, Royaume d'Italie, Grand-Duché de Varsovie, Confédération du Rhin etc Napoléon renverse des Rois et des Souverains avec le soutien des populations locales qui l'accueillent en libérateur.

 

Dans les pays annexés et conquis, il introduit son  Code civil qui garantit la liberté et l'égalité pour les peuples.

 

Par ailleurs, ils confie la direction de ces pays aux membres de sa famille et aux souverains qui lui sont soumis. Pour entretenir l'armée française, il impose des redevances aux populations qui sont lassées de la présence et de la domination de ces étrangers français.

 

A partir de 1808, les sentiments nationaux se réveillent dans toute l'Europe. L''hostilité contre l'usurpateur Napoléon  grandit.  Des guérillas anti-français éclatent partout.

 

En 1813, c'est toute l'Europe qui se dresse contre lui et la France. L'empereur doit abdiquer en 1814.

 

En 1815, après avoir tenté de revenir au pouvoir ( il y restera que cent jours ), il est battu par les Anglais à Waterloo. Exilé par les Anglais en 1815 sur l'île de Sainte Hélène, il meurt  le 05 Mai 1821. Mais, déjà en 1815, son Empire vole en éclats.

 

Pour réorganiser l'Europe et punir la France à cause de l'arrogance de son empereur, les souverains européens, qui ont profité de la défaite de Napoléon pour revenir aux affaires, organisent le Congrès de Vienne en 1815.

 

Réunis dans la Sainte-Alliance, ils rétablissent la monarchie en France et dans toute l'Europe. Louis XVIII devient le roi des Français. Par ailleurs, la France est emputée d'une partie de son territoire. Enfin, le retour des souverains marque la fin des libertés et de l'égalité dans la conception des révolutionnaires; car les peuples redeviennent des sujets. 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 13:05

 

 

 

 

III-3 : LES INDEPENDANCES ET LA  ‘’FRANCAFRIQUE’’

Photob 001Les indépendances africaines doivent être comprises comme une période charnière entre la colonisation et la françafrique. Elles se situent entre 1958 et 1975 avec l’indépendance de l’Angola, colonie portugaise. Il est intéressant d’examiner de plus près comment l’Européen en quittant l’Afrique avait piégé le terrain afin d’y revenir sous une autre forme mais avec la même intention : l’exploitation économique du continent au détriment des populations locales.

Les indépendances des pays africains précipitent le départ des colons vers leurs pays d’origine. C’est donc aux Africains de prendre en main le destin du continent. Certainement, ils en ont la volonté et sont tous enthousiastes : pour la plupart, ils ont fréquenté l’école des Blancs, certains sont mêmes plus blancs que les Blancs. Tout de suite, ils doivent agir. Or, l’indépendance exige les moyens pour exister et résister.

Mais dans quel état sont-ils, eux et les populations au lendemain de la ‘’ fin’’ de la colonisation ? Quel est l’héritage de la colonisation ? Cet héritage est-il une chance ou un poids pour ces jeunes Républiques ?

Pour les nouveaux dirigeants, la question la plus ardue était de savoir comment créer les conditions pour un développement autocentré qui soit avant tout au service de la population. Les structures économiques laissées par les Occidentaux obéissent à l’économie extravertie, c’est-à-dire, qu’elles devaient avant tout servir la métropole. En effet, durant toute la colonisation, les Occidentaux ont forcé des populations locales à travailler dans de grandes plantations de produits d’exportation (cacao, de canne-à-sucre, café, caoutchouc, banane…). Tous ces produits sont transformés en Europe. Donc, tout le système mis en place, ainsi que les infrastructures (routes et voies ferrées..) obéissaient à cette logique.

Il est aussi important de noter que le développement de l’agriculture industrielle s’est fait au détriment de l’agriculture vivrière, car de moins en moins d’Africains travaillent dans leurs propres exploitations agricoles. Par conséquent, s’est développée déjà une forme de dépendance alimentaire. Car les populations, retenues dans des plantations, loin de chez elles, sont nourries essentiellement avec les aliments importés d’Europe. La consommation de tsamba1, par exemple, est largement réprimée au profit des boissons européennes. Créer de nouveaux besoins, imposer un nouveau mode de consommation et maintenir la population dans la dépendance étaient entre autres, les objectifs des colonies considérées comme d’excellents débouchés par le colonisateur.

Donc, pour les nouveaux dirigeants, la tâche est rude et presque perdue d’avance, car ils n’ont pas les moyens financiers de transformation des produits agricoles et de modification des besoins de consommation.

Comment stopper en un si bref laps de temps la dépendance sous toutes ses formes que les Occidentaux ont érigés durant des siècles ? Pour ces nouvelles Républiques, l’impasse est totale. Face au verrouillage du système imaginé et conçu par les Européens, les cris de joie se transforment en cris d’amertume. Il faut l’avouer, on ne pouvait pas du jour au lendemain s’installer à la tête d’un système, sans en connaître les codes. Quelle qu’ait pu être la bonne volonté tout ne pouvait que crouler. Et les seuls qui connaissaient ces codes, les Blancs étaient revenus en Europe.

Ce n’est donc pas un hasard si les pays qui ont eu la vie sauve dans les trente années qui ont suivi l’indépendance, sont ceux où les dirigeants étaient assez lucides et avaient gardé les colons sur place en tirant un trait sur le passé colonial. C’est le cas du Gabon et de la Côte d’Ivoire. Les autres pays ont tout simplement sombré.

Dans les pays qui sombrent, il y a, sans qu’on le dise réellement, la nostalgie du passé, le passé avec le colon. Comment aurait-il pu en être autrement étant donné que psychologiquement la dépendance, même refoulée, ne pouvait que refaire surface. C’est tout le mécanisme du conditionnement qui fonctionne tel qu’il avait été prévu par le colon. C’est là qu’il est capital de se pencher sur un point qui a échappé à nos pères : l’identité ou l’identité nationale.

L’esclavagiste, puis le colonialiste, pour exploiter au mieux l’Africain avait commencé par détruire son identité, ce qui le caractérise, ce à quoi il croit (ses puissances, ses réflexes, sa mentalité, toutes ses capacités, ses valeurs, ses dieux…) en un mot, son monde. Même nos premiers présidents sans le savoir étaient en dehors de leur monde. Dès l’instant où le ‘’logiciel’’ de l’homme noir avait été détruit et remplacer par la pensée occidentale, toute stratégie inventée n’était plus naturelle pour l’Africain. Par conséquent, nos pères voulaient bâtir un nouvel avenir pour le continent mais avec un logiciel occidental. C’était voué à l’échec. Mais, le savaient-ils ? Sans doute non. L’Africain est entré contre son gré dans « le monde des Blancs » et a été condamné à penser comme lui : il n’y a pas de doute, sur ce terrain, c’est le propriétaire du ‘’logiciel’’ qui sera gagnant.

Après les indépendances, le premier devoir aurait été la remise en cause du monde des Blancs dans lequel les Africains étaient et qui ne leur appartenaient pas. Cette remise en cause allait, en fait, aboutir à la reconquête d’un monde africain, tel qu’il devait être confronté au monde réel pour un développement intégral équilibré. Ceux qui ont mieux décelé le piège du système, les Asiatiques, s’en sortent. Et ceux qui n’ont rien compris, les Africains, s’embourbent dans un monde où tout est codé par les Occidentaux. Il reste un fait : l’Européen les avait cloisonnés dans un système tel qu’aucune tentative de remise en cause n’était possible. C’est ce que nous enseigne le mythe de la caverne de Platon : admirer les apparences avec la certitude qu’on est en face du réel. Le seul réel possible dans le cas de l’ancien colonisé c’était le monde tel que le colonialiste l’avait imaginé. C’est là qu’on voit toute la puissance de l’identité et la différence entre un peuple qui a perdu son identité et celui qui a son identité par le jeu d’orientation dans le monde imaginé ou imaginaire et le mode réel ou vécu.

Il ressort donc que très tôt, même fiers de leur indépendance, les Africains étaient dans l’attente psychologique du retour de l’homme blanc afin de déverrouiller un système complètement bloqué.

De leur côté, les Européens chassés du continent se retrouvent dans un système complètement nouveau, car depuis plus de cinq siècles leur structures économiques dépendent directement ou indirectement de l’extérieur. Sans compter toutes ces familles qui ne sont plus revenues en Europe depuis des siècles. Pour elles le déchirement est total. Il faut ajouter à cela tous les investissements réalisés et en cours sur le continent africain. Pour ces raisons, et beaucoup d’autres, les indépendances sont une sorte de blocus dont il faut se débarrasser, quel qu’en soit le prix.

Soit, il fallait négocier le retour : ce qui avait peu de chance de passer au niveau de l’opinion africaine trop fière de sa liberté nouvellement acquise. Soit, il fallait trouver des collaborateurs africains qui seraient au service des Etats européens. Mais pour que cela fonctionne, il fallait que les corrompus accèdent à la sphère du pouvoir. De fait, les puissances européennes mettent en place des stratégies pour parvenir à ces fins. C’est tout le sens de la françafrique2 qui consiste à embaucher quelques leaders africains à l’Elysée et à leur garantir un avenir politique dans leur pays, à condition qu’ils travaillent au profit des intérêts français ou occidentaux dans une soumission et obéissance absolues. Condition sine qua non pour demeurer au pouvoir. Le cas de Bongo, Houphouët, Mobutu, Sassou et autres sont trop connus.3 Mais nous connaissons aussi les cas de Sankara, Lissouba, Kabila et autres.4 Depuis plus de quarante ans, c’est le schéma que la France a mis en place ; peu importe si, pour cela, il faut s’asseoir sur les Droits de l’homme et l’indépendance des pays africains. Le triomphe de ce schéma a marqué le retour des Occidentaux sur le continent. Ce retour a sonné aussi la fin des indépendances des pays africains qui n’ont plus que leurs hymnes nationaux et leurs drapeaux.

Pour résumer, les colonialistes ont donné l’indépendance sans code indispensable pour le fonctionnement du système aux pays africains ; la françafrique a ôté l’indépendance tout en laissant les drapeaux et les hymnes. Si l’esclavagisme et le colonialisme sont des systèmes effroyables, la françafrique a adouci la violence, mais dans certains cas, elle alimente des nombreuses guerres civiles, responsables des massacres de populations.

 Les structures de l’économie extravertie existent encore et tiennent bien en place. Elles fonctionnent avant tout pour les Occidentaux. Elles tiendront encore pour longtemps, car la stratégie est de donner l’impression que les structures ont été modifiées. Elles tiendront encore longtemps tant que l’Africain fonctionnera avec un ‘’logiciel’’ qui n’est pas le sien. Ce ‘’ logiciel’’ qui vise à l’intégrer dans un modèle du développement imaginé et conçu pour les Occidentaux au nom de la mondialisation. En jouant sur ce terrain, c’est presque sûr, l’Afrique n’occupera que la dernière place sur l’échiquier international. Loin de comprendre cela, les dirigeants africains, conseillés par les Occidentaux qui ont la certitude d’avoir le modèle de développement le meilleur du monde s’acharnent à l’appliquer aux sociétés africaines. Nous savons qu’au nom de ces certitudes, des ravages on été enregistrés partout en Afrique et, en faisant du copier-coller, l’Afrique ne décollera pas. En un mot, le problème est avant tout culturel (identitaire), là où tout avait commencé. 

 

1 Boisson locale

 

2 Mot donné à la nature des relations entre la France et ses ex-colonies en Afrique, relation de pillage du continent et de corruption des dirigeants africains

 

3 Les Noirs de l’Elysée, titre d’un ouvrage de Calixte Baniafouna

 

4 Ceux qui ont tenté de dénoncer la Françafrique sont, soit assassinés, soit chassés du pouvoir

 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 13:01

 LA COLONISATION

 

Photob 001Ces trois objectifs définis entre abolitionnistes et négriers devaient donner naissance à un autre système d’exploitation. Il est clair, au vu des éléments exposés ci-dessus, que les abolitionnistes ont été à l’origine du développement de la domination occidentale sur l'Afrique, par le biais du colonialisme. Dans cette perspective, la colonisation doit être  comprise comme un substitut   à la traite des Noirs. Elle a donc ouvert la voie à de nouvelles formes de domination, compte tenu de l’inégalité des rapports de forces européennes et africaines. Je parle de l’organisation politique, économique, sociale mais aussi culturelle, mentale et spirituelle du fait de la domination, la soumission absolue, qui crée la dépendance via l’aliénation imposée.

Ou bien, les abolitionnistes luttaient, ou voulaient lutter, contre la traite par la diffusion des principes évangéliques (en Grande-Bretagne), ou inspirés par le dynamisme des Droits de l’homme (en France). Mais, la puissance des intérêts économiques des Etats européens ont englouti les Africains, noyés dans la nouvelle forme de domination de l’ Occident sur l’Afrique.

Ou bien, ils jouaient le jeu et par conséquent étaient conscients de participer à la domination des Occidentaux sur les non-Occidentaux en substituant un mode de domination à un autre.

La transition entre ces deux modes de commerces, fut sans doute facile. Pour le négrier, devenu colon, l’activité légalisée, les affaires se relancent. Dans tous les cas, il s’agissait d’une réorientation des besoins.

Pour le colonisé, si on lui épargne les atrocités de la traversée, la terreur est la même. Les Africains pratiqueront des corvées et ils subiront les violences, l’humiliation, le mépris quotidien proche du bannissement, la christianisation ou islamisation à outrance. Mais le plus grave c’est le ‘’lavage de cerveau,’’ l’effacement identitaire qui entraîne la déchirure et la destruction morale et sociale de l’Etre africain. L’innommable fut commis, l’indicible, le broyage des Koongos et leur chosification. Les révoltés, inspirés par Kimpa Nvita sont capturés, ligotés parfois brûlés vifs ou disséqués, ce fut le cas de Mabiala Ma-Nganga. Ils moururent souvent en prison comme Bouéta Mbongo, André Matwua1, Simon Kimbangu2. Les exécutions publiques se sont multipliées pour décourager toute remise en cause du système basé sur la suprématie de l’Eurpéen.

Et pour être plus humilié, le Nègre doit apprendre et répéter qu’il est un être inférieur dans l’ordre de la création (voir, par exemple, l’enfant maudit de Noé d’après la Bible hébraïque3). Et admettre à la même occasion que « la race blanche, est la plus parfaite des races humaines. »4 La théorie de la race supérieure, teintée de xénophobie a engendré Hitler qui à son tour a précipité le monde dans la guerre la plus effroyable de l’Histoire.  

Le comble a été poussé presque jusqu’à l’extrême, quand il a s'est agi d’établir une corrélation entre l’intelligence, la beauté et la couleur de la peau. Quelle misère ! C’est le Blanc, seul, qui est intelligent et beau. Il y a encore des millions d'imbéciles qui pensent comme cela, et ils ont trouvé en face d’eux des Noirs assez faibles d’esprit pour blanchir leur peau.

Tant que l’on a conçu l’existence de races inférieures, il était indispensable de les civiliser. Les civilisateurs étaient ceux qui avaient reçu de la nature le don de rendre les autres plus ou moins humains. C’est le début de la politique de l’assimilation.

De la colonisation, comme exploitation économique, on basculait dans l’assimilation comprise comme signe de domination culturelle : l’aliénation. Or, ôter à l’homme sa culture, c’est effacer son identité, lui faire perdre tous ses repères. Aujourd’hui, l’Africain à force d’assimiler, volontairement ou involontairement l’Européen, a cessé d’exister par lui-même. Il a perdu tout simplement son identité. Par conséquent, il ne lui reste qu’à s’intégrer. S’intégrer à quoi ? En France, l’intégration d’un non-Occidental est réussie quand il cesse de vivre par lui-même pour vivre comme les autres à condition que les autres soient des Français, j’allais dire les « Français blancs. » Peut-on encore résister quand on n’a plus de repères où s’accrocher ?

Il est clair que la colonisation n’était pas une action civilisatrice, mais bien l’exploitation et la domination dans tous les sens du terme de l’Africain noir et ses terres.

Comment, pouvait-il en être autrement, dès l’instant que l’on sait que la majorité des colons étaient d’anciens oppresseurs, restés sur le continent africain.

A Berlin, en 1885, le partage du royaume des Koongos fut officialisé entre les trois pays colonisateurs : le Portugal, la Belgique et la France. En agissant de la sorte, les Occidentaux sont à l’origine de la dislocation et de la disparition du royaume qui s’ensuivit.

Ils condamnaient un peuple, uni, à ne plus vivre soudé, car chaque partie devait s’intégrer dans ce qui deviendra les Républiques actuelles avec tous les problèmes liés au conglomérat d’ethnies.

Mais, les colonisateurs qui avaient leurs propres historiens s’acharnent à donner une image positive de la colonisation.5 C’est ce qui ressort de l’intervention de l’un des ParticipantS n°11 : « Il revient aux Blancs, que cela vous plaise ou non, d’avoir mis fin à l’esclavage, sauf dans les pays arabo-musulmans, entre autres grâce à la colonisation, suivant des modalités diverses liées aux contingences indigènes locales. La seule faiblesse des Blancs est d’être de culture catho et donc empreinte d’un instinct de culpabilité, le péché originel n’est-ce pas !!! Ce qui fait que seul un certain nombre de Blancs se culpabilisent du fait de la politique de leurs aïeux, comme si les mentalités d’hier étaient celles d’aujourd’hui ou comme si le fait d’avoir eu un descendant peut-être esclavagiste était une faute héréditaire impardonnable transmise par les gènes de génération en génération, comme le péché originel en raison de la pomme qu’aurait fait dévorer à un certain Adam et une certaine Eve. Chez les Noirs, seul le président du Bénin a dû prononcer des mots d’excuse envers ses frères noirs pour la traite exercée par le passé par ce pays. Les Asiatiques s’en fichent et l’on a oublié, les Arabo-musulmans qui nient simplement la réalité de l’implication de l’Islam dans ces actes perpétrés par leurs frères de religion et qui perdurent encore aujourd’hui en Mauritanie (abolition de l’esclavage en 1981 seulement), dans les pays du Golf, en Somalie etc. bref partout ou l’Islam est implanté dans ses formes les plus frustes. »

J’ai jugé utile de reproduire ce texte dans la mesure où il constitue la thèse des défenseurs de la colonisation en Afrique, en Asie, en Amérique et ailleurs.

La vérité est que la colonisation en Afrique est avant tout un commerce né sur les cendres de l’esclavage. En resumé « …entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour le travail forcé, l’intimidation, la pression, la police, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance. Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission…de sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées, de terres confisquées, de religions assassinées…des milliers d’hommes sacrifiés au Congo, de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leurs terres, à leurs habitudes, à leur vie, à la danse, à la sagesse…de millions d’hommes à qui on a inculqué la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir…d’économies naturelles à la mesure de l’homme indigène désorganisées, de cultures vivrières détruites, de sous-alimentation installée.»6 

Dans ces conditions, les dés étaient jetés d’avance. Le sort de milliers d’Africains était scellé et leur identité nationale gommée, tout simplement. Affaiblis, presque anéantis, c’est dans ces conditions qu’ils devaient aborder l’avenir. La suite sera sans équivoque : « En transformant l'homme-marchandise en homme marchand, les Occidentaux ont intégré les peuples africains et d'autres peuples non-Occidentaux dans le marché mondial dont ils étaient les maîtres. C'est pourquoi l'analyse des phénomènes actuels de recolonisation, de sous-développement et d'appauvrissement peut être située dans la stricte continuité de phénomènes plus anciens et permanents » 7

Les Koongos ne feront pas exception à la règle. Comme tous les Africains, ils divinisaient la nature. Chez eux, l’homme ne dominait pas la nature car il vivait à ses dépens et la respectait. Il est lui-même partie intégrante de la nature. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la présence des exploitations à taille humaine, simplement pour répondre aux besoins alimentaires de la famille, ce que j’appelle le travail de subsistance.

Les Koongos étaient solidaires de tous les membres de leur clan d’abord, de l’ethnie ensuite. De toute façon, dès qu’un individu avait le sang de l’ethnie, il était immédiatement adopté dans le clan. A la tête du clan, il y avait un Mfumu nkanda (chef de clan), gérant des biens de tous les vivants et des ancêtres, mais, il n’était que le gérant et non le propriétaire, et veillait au bien-être de tous. Au nom de la solidarité, tous les membres du clan venaient en aide aux plus faibles de telle sorte qu’il n’y avait pas de pauvres. Chacun travaillait pour tous. Ce que d’aucuns ont appelé le socialisme Bantou8, ce qui d’emblée exclut toute tentative d’enrichissement personnel par accumulation de biens ou par accession à la propriété. La vie est limitée au groupe et l’économie est un système de cueillette et de subsistance. On ne travaille que pour satisfaire les besoins fondamentaux. Ce qui n’exclut pas la constitution des réserves, mais gérées de façon rationnelle par l’ensemble du groupe. Ainsi compris, le travail n’était pas au centre des préoccupations des Africains, si bien qu’il n’y avait jamais de pénuries ou de crises alimentaires. On ne cherchait pas à devenir riche, au sens que l’Occident donne à ce mot. Etre riche, c’était avant tout être en harmonie avec les autres membres du clan et surtout avoir des enfants si possible nombreux, car ils étaient la richesse du clan.

En aucun cas, l’individualisme n’était toléré. Ce qui nous éloigne de la vision occidentale, plus préoccupée par l’individu que par le groupe. En effet, la vision que donne l’Européen de la réussite personnelle permet de penser que c’est ‘’ la’’ question, quoi qu’il en soit des dégâts consécutifs. La fin justifie les moyens. C’est ce dont Rousseau a voulu témoigner. Il explique qu'au début de l'humanité, dans « l'état de nature », l'homme vivait heureux en harmonie avec la nature. Un jour, l’imposteur trouva des gens assez faibles pour le croire et leur déclara : - « Ceci est à moi ». Ce fut l'origine de la propriété privée. Il devenait propriétaire des terres et de tous les biens qui s'y trouvaient, l’homme compris. Ces derniers devenus ses sujets lui devaient soumission, obéissance, taxes et impôts. C'est « l'état de société», l'homme  perdit son bonheur.

C'est le début d'une chaîne de malheurs pour la majorité d'entre nous. L'imposteur-spoliateur, devenu plus tard propriétaire et reconnu comme tel, imposa des lois pour se protéger et mit des gardiens à son service pour arrêter toute tentative de remise en cause de son autorité et de sa propriété. Les tribunaux devaient juger en sa faveur. Rousseau dira « les lois sont faites pour les fripouilles. » Les sujets devenaient des machines de production des biens du chef Roi ou Seigneur. Il a le droit de vie ou de mort sur eux. C'est ce que Marx appellera « l'exploitation de l'homme par l'homme.» Cet acharnement à toujours plus de profit expliquerait aussi la traite des Noirs, le colonialisme et la françafrique.

Cette image n’a presque pas évolué, l’imposteur-spoliateur, c’est l’ensemble des capitalistes voyous de nos jours. Ils ont réduit les salariés au rang de gros producteurs et petits consommateurs par l’attribution d’un salaire minimum pour des besoins minima. Ils ont soumis la nature à leurs caprices devenant « maîtres et possesseurs »  selon les mots de Francis Bacon. Il faut à tout prix transformer la nature, peu importe le résultat, et la dominer. Ils détruisent autour d’eux et loin d’eux. La forêt de la cuvette congolaise va disparaître et l'Amazonie connaît le même sort. L’exploitation à outrance avec arrogance est aujourd’hui responsable dans une certaine mesure des problèmes environnementaux. C'est la puissance de la vision utilitariste qui gouverne le monde. Tout doit rapporter. Le but est clair : amasser, et encore amasser les trésors de la terre. Devenir riche. La richesse à leurs yeux  confère la puissance. La puissance à son tour confère le bonheur. L'argent passe avant l'homme.

Ce schéma est l’opposé du monde tel qu’il doit être dans la tradition koongo en particulier et dans la tradition africaine dans l’ensemble. Et pourtant, c’est ce modèle qui se présente et s’impose aux Africains dans le nouveau monde où ils ont été placés contre leur gré. Soit, ils avancent tête baissée, pieds et mains liés, dans ce cas, une chose est sûre ils seront toujours les dominés ; soit ils reculent vers le monde qui était le leur, mais dont plus personne ne se souvient.

C’est dans cette condition où ne manque pas les d’ambiguïtés de multiples tractations, que les Africains arrachent leur ‘’autonomie’’ auprès des puissances colonialistes. Autour des années 1960, les Africains proclament leur indépendance, théoriquement seulement, car, l’élite, est culturellement perdue. Ces « nouveaux Blancs » remplacent inexorablement les Européens dans la dynamique de l’africanisation des hauts postes. Dans beaucoup de cas, en exigeant l’indépendance, ils étaient certains de devenir les nouveaux maîtres. Ils étaient quasiment unanimes à croire que l’indépendance serait synonyme de liberté, d’émancipation et de développement du continent ; ils avaient la certitude d’en posséder les codes. Ils ignoraient le poids de l’héritage d’un passé fait de plus de cinq siècles de domination européenne.

 

1 Le Matswaniste était un groupe aux revendications politiques avant de devenir une religion

 

2 Fondateur de la religion kimbanguiste

 

3 Genèse 9, 26-27. p 40

 

4 G. Bruno

 

5 A ce sujet, il faut rappeler que J. Chirac voulait imposer aux enseignants d’insister sur les aspects positifs de la colonisation. Par ailleurs, les Autorités algériennes voudraient porter plainte contre la France pour les massacres commis lors de la colonisation en Algérie.

 

6 Césaire A.

 

7 Buxton

 

8 Par comparaison au socialisme scientifique

 

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 19:53

 

 

 

 

L’AFRICAIN : ENTRE NEGATION ET AFFIRMATION IDENTITAIRE

 

 

 

« Dans l’affection que je vous porte il y a trop de passé pour qu’il n’y ait pas beaucoup d’avenir »

 Gérard de Nerval1









III-1 : DE L’ESCLAVAGE

Il est certain que l’arrivée des Européens dans différents coins du monde a largement bouleversé et détruit les autochtones. Ainsi, en Afrique tout comme en Asie et en Amérique, ils ont modifié la nature des rapports que ces peuples entretenaient entre eux d’abord, et entre eux et la nature ensuite. Dans la plupart des cas, ces bouleversements destructifs ont décimé des peuples entiers et des sociétés entières. Aujourd’hui, ces peuples ne se sont jamais remis et sont asphyxiés à tous points de vue. C’est la conséquence de l’occidentalisation imposée par les Français, les Portugais…

Toute l’histoire de la France esclavagiste et coloniale est une histoire d’aliénation des peuples non-occidentaux par le canal d’agressions et de violences dont l’objectif inavoué est l’expropriation et la spoliation ; en dépit des valeurs reconnues mondialement que ce pays véhicule qui se résument dans cet article célèbre : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits2 … », mais aussi celles de la République qui se résument en ces trois mots: Liberté-Egalité-Fraternité.

Pour les peuples non-occidentaux, la France d’avant et d’après la Révolution, est une France qui, en bafouant la dignité humaine, a donné aux opprimés, notamment aux Koongos3, une image dévalorisante d’elle-même.

 

Le cas du peuple Koongo

Les Koongos, habitants de l’Afrique centrale, sont répartis entre le sud-ouest de la République démocratique du Congo, le sud du Congo-Brazzaville, l’Angola et le sud du Gabon. A cause de l’esclavage, les Koongos sont également présents en Jamaïque, en Haïti, au Brésil, à Cuba etc. Aujourd’hui, il est presque impossible d’estimer leur nombre.

Les Koongos pré-Diégo Cao, avant le XVe siècle, avaient un royaume alors à son apogée, dont l’organisation sociale et politique, et surtout le raffinement de la cour du roi, seduisirent les premiers Européens. Administrativement, ce royaume comptait six provinces avec un représentant du Ntinu Koongo,4 Nzinga Nkuvu à leur tête. On estime à plus de 2 500 000 km2 la superficie du royaume. En effet, la première pénétration portugaise au royaume des Koongos remonte à 1482. La vie européenne allait s’introduire dans ce royaume et y subsister jusqu’en 1975, au moment où le Portugal se retirerait.

Quand on songe aux conséquences des contacts entre les Koongos et les Occidentaux dans leur ensemble on conclut que l’étoile du royaume a pâli à cause des souffrances que ces derniers ont infligées aux Africains. Ces souffrances sont responsables d’une crise vitale qui a précipité la décadence du royaume des Koongos en particulier, et de l’Afrique en général.

A leur arrivée, les Portugais disaient que leurs actions étaient strictement humanitaires. Une mission humanitaire à cette époque consistait à « christianiser » au sens second du terme, c’est-à-dire, modifier radicalement l’Etre. Or, modifier radicalement l’être, c’est lui ôter toute son existence,5 son identité et en l’occurrence sa négritude.6

Il en ressort très clairement que chez les Européens il y a eu la volonté manifeste d’occidentaliser l’Africain, de l’intégrer dans la ‘’civilisation supérieure’’ en l’arrachant à la ‘’sauvagerie’’7 dans laquelle il baignait. Pour arriver à leurs fins, la religion fut l’arme la plus efficace. Elle condamnait des valeurs chères au peuple Koongo tout en recommandant d’autres, qui le bannissaient. C’est ainsi qu’à partir de 1491, il y eut des conversions en masse. Des centaines des Koongos furent tentés par la nouvelle religion des Européens. Le roi des Koongos, Nzinga Nkuvu fut baptisé et prit le nom de Ndo Nzuawu.8

D’autres, par contre, seront sceptiques à la religion des Blancs ainsi qu’à leurs réelles intentions. Ils comprirent que le catholicisme aliène les Koongos en les détournant de leur identité pour une autre dont ils ne maîtrisent pas les données. Ils étaient sûrs que ces étrangers dépouillaient l’Africain de son identité, ce qui n’est pas différent de la négation de leur humanité.

Il y eu deux groupes d’hommes, deux conceptions, deux vissions du Monde : ceux qui acceptent les Occidentaux et deviennent catholiques, les ‘’collaborateurs’’ et ceux qui résistent et tiennent à leur ‘’identité nationale.’’ Ceux-là refusent tout mélange susceptible de cautionner la supériorité des Européens sur les Africains.

Ces querelles relatives à l’identité fragilisent l’unité du royaume. Aujourd’hui, cette problématique est encore au centre de toutes les questions liées au développement du continent africain. Il faut dire que l’Afrique noire était « mal partie »9 dès le premier contact avec l’Etranger. L’attitude ambiguë des uns et des autres face à cette question a creusé le fossé dans lequel l’Européen s’est introduit afin de mieux parvenir à ses fins : l’expropriation et la spoliation du continent africain. Ambiguë, telle fut aussi l’attitude de Nzinga Nkuvu qui malgré sa conversion, ne renonça pas à ses six femmes (soit une femme par province)10, ses croyances en Nzambi-a-mpungu11 et aux pouvoirs ancestraux. Les Occidentaux ne manqueront pas de lui reprocher son refus des valeurs véhiculées par le christianisme. Cette remarque sera à l’origine d’un incident qui obligera le roi à les expulser hors du royaume avec le soutien de son fils aîné, Mpanzu-a-Nzinga prétendant favori à la succession. Tous les Etrangers furent chassés du royaume. Tous trouveront l’asile dans la province dirigée par le fervent chrétien Mvemba Nzinga, baptisé Afonso 1er, deuxième fils du roi, en dépit du mécontentement de Nzinga Nkuvu.

En 1518, à la mort du Ntinu Nzinga, les Portugais assassinent le fils aîné hostile à toute forme de relations avec le Portugal. Mvemba Nzinga, largement influencé dès son enfance par le christianisme, devint roi. Ce complot renforça la division du royaume et l’affaiblissement des pouvoirs du Mani Koongo. Face à la menace des groupes opposés à l’Eglise catholique et à la présence missionnaires, Nvemba Nzinga trouve protection parmi les prêtres commerçants qui deviennent de plus en plus nombreux à la cour du roi. Afonso 1erperd alors le contrôle du pouvoir et du vaste royaume au profit des missionnaires qui s’attribuent des postes importants au détriment des autochtones. Dès lors, le royaume était sous administration des étrangers.

C’est à cette époque que les Portugais imposent le christianisme au peuple Koongo. Au nom du christianisme, les Occidentaux détruisent les coutumes ancestrales : les enseignements divins transmis par des ancêtres depuis des siècles. Cette pratique met au jour leurs réelles intentions : détruire l’identité des Koongos en premier lieu et les « chosifier », et même les réduire au rang des bêtes. Ils s’acharnaient à faire des Africains ce qu’ils n’étaient pas. Ainsi, les Occidentaux se sont-ils octroyé le droit de disposer des Koongos et de leur liberté, de faire d’eux un objet de commerce, de les vendre. Tandis que d’autres Occidentaux Outre-Atlantique s’octroyaient aussi le droit de les acheter pour disposer d’eux et les réduire en esclavage : le commerce de la chair humaine prenait naissance.

Afonso 1ertentera de résister en écrivant au roi Jean III du Portugal pour lui demander de mettre fin à cette pratique. Il reçut une réponse cynique et les relations entre les deux royaumes s’envenimèrent. Tous les ingrédients étaient réunis pour que le commerce des Koongos vers les Amériques prenne de l’ampleur. Derrière un missionnaire qui était venu apprendre aux Africains qu’ils étaient tous frères en humanité pouvait se cacher un commerçant d’hommes, de la même façon que peut se cacher un pédophile derrière un prêtre.

En somme, la christianisation et l’esclavage du peuple Koongo sont à l’origine de la dislocation du royaume. Mais, au-delà de ces deux aspects, il y a la question de l’identité, de l’ensemble des valeurs. Quand un peuple perd son identité, il devient manipulable et donc exploitable au gré du puissant. Et cela, les esclavagistes l’avaient compris. Les différents rois qui vont se succéder à Mbanza Koongo,12 tous catholiques, seront intronisés par des Occidentaux. Ce sont aussi les Occidentaux qui se chargent d’assurer leur sécurité, car au sein du royaume certains groupes ne tolèrent pas ces rois complices.

Le Koongo restera le plus important comptoir portugais. Les sujets koongos étaient très cotés sur le marché. Au début, Mpinda13 vendait entre 10 à 20000 hommes par an ; il faut ajouter à ceux-là les 5 à 10000 qui succombaient à la suite des maltraitances. Grâce à ce trafic qui viole tous les droits de l’homme, le Portugal va connaître un essor économique important, et ce succès attisera la convoitise des Français, Anglais et Hollandais.

Ainsi, en 1602, Mpinda fut attaqué par la flottille française. En 1606, les Hollandais essaient de s’y établir. Mais, les Portugais réussiront à repousser Français et Hollandais. Ils conserveront le monopole de la traite jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

En 1648, le Portugal est en déclin, ainsi les Hollandais obtiennent-ils le droit de s’y installer et de pratiquer le trafic des Koongos après avoir rasé Mpinda. Ils seront suivis par les Anglais.

Fortement affaibli par la dépopulation, le royaume des Koongos se disloqua, chaque province sous tutelle portugaise, britannique, ou libre, devenant indépendante.

C’est dans ce contexte que l’impudence des Portugais a atteint un degré extrême en livrant la bataille d’Ambuila14 en 1665. En effet, les forces portugaises en provenance de l’actuelle Angola, c’est-à-dire des zones conquises, accompagnées des troupes soumises furent en mesure de vaincre les forces du roi Antoine Ier, l’animiste, non soumis à l’Eglise catholique et à l’Occident. Cette bataille a fait des milliers de morts, à la suite d’une épuration des résistants au catholicisme. La tyrannie monstrueuse des esclavagistes venait de décimer le peu qui restait des défenseurs des valeurs Koongos. Tous les polygames et tous les féticheurs ainsi que leurs enfants furent tout tués et leurs maisons incendiées. 1665 marque le pic de la violence et de la décadence du royaume. Le désarroi fut total jusqu’à l’arrivée des Français qui étendent leur influence vers Louango (actuelle Pointe-Noire) et Malemba. Cette bataille a réduit à un état de misère accablant qui a mis les Koongos dans l’incapacité de se relever. La cause de cette malheureuse position vient du non- respect de l’humanité et de l’identité des Africains.

Le début du XVIIIe siècle, sous le règne du roi Pedro IV, connaîtra une tentative de restauration du royaume grâce aux Antoniens.15 En effet, le retour des résistants, sur la scène politique du royaume répond au souci de rebâtir l’unité du royaume. Dona Béatrice connue sous le nom de Kimpa Nvita,16 âgée à peine de vingt ans, « entendit la voix de Saint Antoine » lui recommandant de rétablir le royaume ainsi que l’autorité du roi afin de sauver les Koongos du joug des étrangers. Ainsi, à partir de 1704, plus de 80 000 Koongos venus de toutes les provinces fédèrent autour d’elle à Mbanza Koongo longtemps déserté. Elle prêche sur l’identité des Koongos. Des milliers des personnes converties au catholicisme rejoignent son groupe. Pour la première fois depuis bien longtemps, le peuple, sans distinction de province, criait et acclamait, chantait et dansait, riait et pleurait joyeusement. L’enthousiasme général les gagna. La foule scandait les cris de liberté. Kimpa Nvita était devenue une menace qui pouvait conduire à la chute de l’Eglise et mettre en péril la traite négrière. Les Portugais sentant grandir la menace liée aux revendications identitaires des opposants, capturent Kimpa Nvita. Elle fut brûlée vive sur un bûcher le 2 juillet 1706. Mais, ses nombreux adeptes trouveront dans son action un motif de continuer le combat pour la libération de l’Africain. Dorénavant, confiant dans le soutient spirituel de Kimpa Nvita, ils lutteront pour briser l’ordre établit afin de redorer le blason terni de la négritude. A partir de 1706, les nouveaux esclaves Koongos – dans tous les lieux où ils sont vendus - se révoltent et revendiquent leur liberté. La question de la liberté des peuples s’associe avec force à celle de la reconnaissance de leurs valeurs et de leur dignité.

En France depuis 1751, Montesquieu, d’Alembert et de Jaucourt créent l’Encyclopédie, où les idées des « Lumières » sont exprimées. Diderot par exemple écrira : « La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison». Ces idées circulent dans toute la France et traversent les frontières. Au nom de la liberté, les Français soutiendront les treize colonies d’Amérique du Nord qui revendiquent leur indépendance contre la couronne britannique. C’est grâce à la France qu’elles sont devenues indépendantes par le traité de Versailles en 1783.

Malgré la diffusion des idées de liberté dont les Français sont porteurs, dans les colonies et dans les comptoirs les conditions se durcissent, car les Français devenus maîtres dans le royaume des Koongos, exporteront près de 40000 esclaves en 1778.

En France, en 1789, les ‘’Misérables,’’17 ceux qui sont nés pour la peine, les plus vils du bas peuple, après d’âpres luttes renversent la monarchie absolue fondée sur la privation des droits et de liberté pour la majorité des Français. La Révolution de 1789 hisse la France au rang des nations où la liberté, l’égalité et la fraternité deviennent des valeurs autours desquelles l’homme s’affirme et s’épanouit.

Le respect des valeurs des uns et des autres sur la base de la liberté et de l’égalité de tous devient le leitmotiv de certains révolutionnaires. En effet, l’esclavage est officiellement aboli en Février 179418 sur tous les territoires français. En procédant de la sorte on reconnaissait chez les peuples africains humanité et identité. Malheureusement cette abolition n’a pas été effective dans plusieurs colonies comme la Réunion et la Martinique. Par ailleurs, en 1802, Napoléon rétablit l’esclavage ;19  ce qui occasionnera la mort de plus 4000 esclaves en Guadeloupe révoltés contre le retour à l’asservissement qui bannit jusqu’au droit à l’existence. Ce recul peut être compris comme signant la suprématie des intérêts économiques sur les droits humains, ce qui, au fond, replongeait les Africains au rang des sans-droits.

Dès lors, les esclaves comprirent que ce n’est pas par les discours et les votes que la question de leur liberté sera résolue, mais par le fer et le sang. Cette certitude contraint les esclaves émancipés à recourir à la violence. Il y eu une recrudescence des révoltes d'esclaves dont le nom des leaders connut une éclatante postérité. Parmi ces révoltés un fils Koongo adepte de Kimpa Nvita, Makandala,20 chef des insurgés à Saint-Domingue. En effet, des nombreux Koongos furent vendus au Nord d’Haïti. Les révoltés21 infligèrent une défaite cuisante à l’armée napoléonienne, la plus puissante de l’époque. Cette révolution donna naissance à la première République noire de l’Histoire. Pour la première fois, les Africains bravent la France, pourtant partisan de la « Liberté-Egalité-Fraternité », afin d’être tout simplement libres, comme le stipulait l’article I des Droits de l’homme,22 écrit par ces mêmes Français, que les meneurs haïtiens comme Toussaint Louverture connaissaient certainement. La République d'Haïti, proclamée en 1804, devient alors le deuxième État indépendant du continent après les Etats-Unis, et les conséquences d’une telle initiative, les Haïtiens les paient encore aujourd’hui. Il est certain qu’ils gardent encore les séquelles d’un tel traumatisme comme tous les peuples opprimés d’ailleurs. Ce sont aussi les Koongos haïtiens qui ont aidé Simon Bolivar dans sa lutte contre les Espagnols. Ces troupes s’élancèrent en 1816 à partir du port de Jacmel. Elles renversèrent le joug colonial espagnol des cinq pays d’Amérique latine.

A Cuba, 300 né-Koongos sont vendus en 1513. Dès 1520, les Quilombos23(communautés indépendantes des Noirs) se rebellent contre l’ordre esclavagiste. Pendant la guerre d’indépendance de Cuba, guerre hispano-américaine, ce sont des Koongos qui se sont illustrés, tels le légendaire « Grito24 de Yara », Mariano Ganga, Domingo Macua, Felipe Macua, Mayimbé José Dolores, Ambrosia Congo, Felipe Ganga, Lorenzo Ganga et Ma Dolores Inzaga. C’est aussi là qu’est né le Palo Moyombe, une cérémonie où les Tatas, adeptes mâles et les Yaya, adeptes femelles côtoient les esprits, en présence de Tata Nganga.25

C’est aussi pour tenter de ‘’rétablir’’ leur identité bafouée que les Koongos arrivés à l’Est de la Jamaïque26 au XVIIIe siècle ont conservé leur rythme musical qui s’appelle Kumina ou Kodongo, dont l’instrument principal est le Ngoma27, utilisé pour invoquer les esprits des ancêtres proches de Kimpa Nvita. Le musicien jamaïcain Natty Kongo28 incarne l’âme vivante de cette culture.

En 1705, les Koongos furent les premiers esclaves noirs du Brésil où ils ont donné naissance à la samba avec comme fondateur Dongo connu sous le non de Ernesto Joaquim. Un autre koongo, Zumbi sera le premier leader du mouvement de lutte pour la liberté des Noirs au Brésil. Il faut associer à cette lutte Manganga et Bimba, adeptes de Kimpa Nvita. Par ailleurs, les religions Quinbanda et Macumba sont teintées des influences de la négritude Koongo.

Dans la Caroline du Sud en 1670, 60% d’esclaves étaient des né-Koongos qui vont plus tard se convertir à la religion de Kimpa Nvita afin de mieux se réapproprier leur identité. Ils auront des qualités mystiques.29 Un esclave Koongo nommé Jemmy fut à la tête d’un mouvement « The stono rebellion of 9 September 1739.» Ce soulèvement est considéré comme le plus grand soulèvement d’esclaves dans toute l’Histoire de l’Amérique du Nord. Ces esclaves, afin de recouvrir leur liberté, avaient attaqué une cache d’armes. Il y avait parmi eux bon nombre qui s’étaient battus durant la guerre de Mbamba.30 Ils semèrent la terreur, brulèrent des maisons.31 Ces esclaves se rendirent en Floride, lieu de refuge, où les colons espagnols leur donnèrent des terres. Ce fut la naissance de Santa Teresa de Mose, la première ville des Noirs libres dans toute l’Histoire de l’Amérique du Nord. Plus tard, les Espagnols utiliseront, ces nés-Koongos, comme gardes-frontières de la Floride.

C’est à partir de la révolution de Stono que les colons de l’Amérique de Nord cessèrent d’importer des esclaves Koongo, et décidèrent qu’ils seront compensés par des esclaves de l’Afrique de l’Ouest. Cela durant une dizaine d’années. Ce sont les Français qui reprendront l’importation des esclaves Koongos pour le compte de la Louisiane.

D’autres Koongos, mèneront leurs luttes de libération au Mexique, Pérou, Venezuela, Colombie, Argentine, Surinam avec une détermination héritée de la source, le mont Kibangou32.  

Les éléments d’identification et fédérateurs de tous les Koongos, se rapportent à la doctrine de Kimpa Nvita, défenseur des valeurs des Koongos, et des Africains. C’est à juste titre qu’elle est considérée comme l’âme des luttes pour la libération des Koongos, elle a allumé le feu jamais éteint de l’espérance et de la lutte contre la domination des Occidentaux sur l’Africain.

Toutes les luttes de libération sont l’expression d’affirmations, de revendications, de reconnaissance d’identitaire. Un peuple opprimé est un peuple frustré et privé des ses éléments culturels, ses fondamentaux. Dès l’instant où celui-ci prend conscience de son état, il cesse de se conformer à l’ordre soit par la violence contre ses usurpateurs soit de façon pacifique. Dans les deux cas, l’usurpateur d’identité n’a jamais la sympathie du groupe. Il est l’ennemi, car la liberté est une valeur intrinsèque à l’homme, elle est ce que « l’homme acquiert par la nature et qu’on estime le plus précieux de tous les bien qu’il puisse posséder.»33

Par ailleurs, la soif de justice sociale oblige à voir l’autre, dans sa dimension culturelle, et la continuité de sa propre existence. En ce sens, les nations évoluées sont celles qui sont intransigeantes sur la liberté.

Il est un fait indéniable : la France a dépensé beaucoup d’énergie dans l’acte de contaminer ou de tenter d’influencer ses voisins européens à propos des Droits de l’homme. C’est en partie le sens des guerres napoléoniennes qui se terminaient en cas de victoire par la mise en place du Code civil français dans les territoires occupés.34 Et pourtant, c’est l’Angleterre qui abolit la première l’esclavage en 1807, en faveur des valeurs véhiculées par la Révolution française. Elle sera suivie par les Etats du Nord des Etats-Unis en 1808, même si les contrebandiers la poursuivent clandestinement pendant plusieurs années.

C’est tout le paradoxe de la Révolution française qui marque les peuples occidentaux et exclut les non-Occidentaux du droit de jouir de la liberté et de la justice.

En 1815, après la guerre de Cent-Jours, Napoléon pour se concilier les Anglais accepta par la contrainte l’idée d’abolir l’esclavage des Noirs. Sa décision fut confirmée par le traité de Paris le 20 Novembre 1815 et par une ordonnance de Louis XVIII,  le 8 janvier 1817. Cette démarche ne connaîtra aucun succès, car l’opposition des armateurs et contrebandiers, soutenus par des groupes puissants et même certains politiques qui avaient investi dans ce commerce, était trop vive.

Dans les colonies anglaises, l’abolition est effective en 1833 et en 1835 dans les colonies Portugaises.

Il y a pourtant une découverte spectaculaire qui va changer le cours des choses en France principalement. Il s’agit de la découverte de la betterave en 1747 par le scientifique allemand, Andreas Marggraf qui démontra que les cristaux sucrés obtenus à partir de cette plante étaient les mêmes que ceux de la canne à sucre. A partir de 1801, les premières sucreries industrielles étaient construites en Europe. Les différents gouvernements français qui cherchaient une alternative au sucre de canne ont soutenu le développement des meilleures variétés et des meilleures techniques d'extraction. C'est ainsi que le sucre de betterave devint une culture rentable. La maîtrise du raffinage de la betterave sucrière supprima le recours à l'esclavage dans les champs de canne à sucre. Ainsi, les esclavagistes français qui se repliaient   derrière des arguments économiques, la prospérité de la France ainsi que sa position dans le concert des nations étaient contraints d'envisager la libération des Noirs qui devenaient de moins en moins rentables par rapport à la betterave.35

C’est dans ces conditions que la France a aboli officiellement l’esclavage dans ses colonies en 1848, sous la deuxième République, par un décret de Victor Schœlcher.

Officiellement seulement, car en 1850, plus de 50 000 Koongos sont stockés dans des entrepôts le long de l’embouchure. Ce qui attire l’attention, c’est le fait de constater le peu d’écart entre 1848 et 1865, date pendant laquelle les États du Sud des Etats-Unis abolissaient l’esclavage, suite à la guerre de Sécession.

Si pour l’Etat français, le problème lié au sucre était résolu, ce ne fut pas le cas pour certains propriétaires de plantations pour qui l'affranchissement entraînait des faillites. Nombre d’entre eux seront obligés de se convertir dans d’autres domaines économiques. Certains encore, vont tout simplement développer la traite clandestine par le Brésil en relation avec des négriers toujours présents en Afrique avec leurs lots d’esclaves. En 1877, 20 000 esclaves, ligotés furent trouvés morts par noyade après que le bateau eut échoué. Il est presque sûr que ce bateau devait se rendre sur les côtes brésiliennes.

Je ne suis pas en mesure de prouver que ces clandestins travaillaient pour le compte de leurs Etats. Ce dont je suis sûr, c’est que de nombreux hommes politiques y étaient actionnaires. Et tant qu’il y avait pas d’alternative pour les négriers qui refusaient de revenir en Europe, ce commerce n’était pas près de s’arrêter quelle que soit la nature des contraintes.

Ces abolitions multiples  n'eurent donc pas d'effet, tant que les intérêts économiques en jeu restaient importants, voire énormes.

Mettre fin à l’esclavage, c’est trouver des alternatives pour des nombreux commerçants présents sur le continent comme le témoigne les propos de Thomas Fowell Buxton en 1840 : « Rien ne m'ôtera la ferme conviction que l'Afrique peut trouver dans ses ressources propres de quoi compenser largement la perte du commerce des esclaves… Un commerce légitime ferait tomber le commerce des esclaves en démontrant combien la valeur de l'homme, ouvrier agricole, l'emporte sur celle de l'homme marchandise ; conduit d'après des principes de sagesse et d'équité, ce commerce pourrait être le précieux ou plutôt le fidèle ministre de la civilisation, de la paix et du christianisme.»36

C’est, forts de cette conviction, que les abolitionnistes se rendent sur le continent africain.

 La lutte contre l'esclavage permit aux puissances coloniales, le Royaume-Uni et la France, auxquelles s’adjoindront d’autres pays comme l’Allemagne ou la Belgique, de justifier leur pénétration en Afrique. Avec trois objectifs :

  • Convaincre les négriers que le commerce de la chair humaine n’est plus rentable, comparé aux risques encourus : la colonisation serait un meilleur substitut. En effet, la lutte contre les négriers entraîna le développement de relations plus grandes des marines britanniques et françaises sur les côtes africaines pour débusquer les sites et navires négriers, qui poursuivaient clandestinement la traite à destination du Brésil.

  • Convaincre les royautés africaines de placer leurs territoires sous la protection des puissances européennes contre les négriers toujours aussi forts et puissants.37 Certaines d’entre elles acceptèrent librement. Mais, d’autres opposèrent une résistance, elles y seront contraintes au prix du sang. Ainsi, cela ouvrit-il la voie à la ruée des grandes puissances européennes, durant le dernier tiers du XIXe siècle pour s’accaparer le maximum de territoires et de richesses sur le continent africain. L’acharnement sera tel qu’il a provoqué des conflits entre Européens. Heureusement la conférence de Berlin sera organisée en 1884 pour fixer les règles du jeu colonial en Afrique. C’est aussi à la même occasion que l’Afrique sera morcelée entre diverses puissances européennes. Et c’est de ces frontières que l’Afrique indépendante va hériter.

  • Instaurer la colonisation, un autre commerce qui, d’après les mots de T.F. Buxton, pourrait être le précieux ou plutôt le fidèle ministre de la civilisation, de la paix et du christianisme. 

 

1 Cité par Colas I.

 

2 Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, article 1

 

3 Groupe ethnique du peuple Bantu. L’orthographe kongo est couramment utilisée, mais du point de vue linguistique, koongo est mieux indiqué

 

4 Roi des Koongos

 

5 Ce qui compte pour son existence

 

6 Ensemble des valeurs culturelles et spirituelles propres aux Noirs

 

7 Celui qui vit en dehors des règles européennes

 

8 Qui signifie les Portugais sont chez eux

 

9 Titre d’un ouvrage de R. Dumont, l’Afrique noire est mal partie

 

10 Pour assurer l’égalité de traitement des provinces, le roi prenait une femme dans chacune qui plaidait en faveur de sa province auprès du roi

 

11 Les Koongo croient en un Dieu unique avant l’arrivée du christianisme

 

12 Capitale du royaume que les Occidentaux nommeront San Salvador

 

13 Comptoir installé le long de l’embouchure Kongo

 

14 Province indépendante non contrôlé par les Blancs

 

15 Adeptes de Kimpa Nvita

 

16 Cette jeune dame dont les exploits rappellent ceux de J. D’Arc fut brûlée au XVIIe siècle par les Occidentaux à cause de sa rébellion. Son nom signifie « celle qui délivre des forces du mal » : la sorcellerie et les Blancs. Sa religion prêche le Jésus noir et les saints Kongos

 

17 Victor Hugo

 

18 Lors du débat à la Convention des Montagnards, décret abolissant l’esclavage le 4 février 1794

 

19 Décret rétablissant l’esclavage des Noirs dans les colonies (20 mai 1802) signé par Abrial, ministre de la Justice

 

20 Ce nom a été déformé en Mack dal par les Occidentaux

 

21 Les témoins ont entendu les révolutionnaires haïtiens chanter en kikongo « KANGA MUNDELE, KANGA NDOKI » (brise la puissance des Blancs, brise la puissance des sorciers), une prière de Kimpa Nvita.

 

22 Les Droits de l’homme, 1789

 

23 Est un mot koongo traduction village

 

24 Cri de Yara

 

25 Grand connaisseurs des esprits

 

26 Il s’agit des Kongos nations ou Bongo nation

 

27 Tam-tam

 

28 www.congonattymusic.com

 

29 John Thornton, the Congolese saint antony, chap 9, Cambridge University, press 1998

 

30 Province du royaume des Koongos

 

31 Ils furent identifiés Koongos à partir de leurs cris « lukangu » (enchaîner ou libérer). Cf. Maegaret Washington stono révolution

 

32 Le mont Kibangou arrosé par 5 rivières est le village originaire de Kimpa Nvita. Cet endroit était sacré à cause des rivières car il constitue la frontière entre le monde réel et le monde invisible. C’est là que Kimpa Nvita fut visitée par Saint Antoine.

 

33 De Jaucourt

 

34 Lettre de Napoléon 1er à son frère Jérôme, 15 novembre 1807

 

35 Chapman

 

36 Buxton T.F.

 

37 Savorgnan de Brazza P.

 

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