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  • : AFRIQUE-PAUVRETE-AVENIR
  • : Ce blog traite des causes endogènes et exogènes liées à la pauvreté de l'Afrique. Il fait par ailleurs un pont entre l'Afrique et la France: la françafrique.
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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 11:21

 

   

                                                                                                                                   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photob 001Brazzaville, une ville qui se meurt.              La création de Brazzaville remonte au 3 octobre 1880 après la signature à Kuna du traité  De Brazza - Makoko, roi des Tékés.  Selon ce traité, « DE BRAZZA prenait possession au nom de la France du territoire situé entre Impila et la rivière Djoué » (Brazzaville, 1980). Il fut ratifié par le parlement français en 1882. Une copie fut remise au Makoko lors du troisième voyage de DE BRAZZA. « Sa délégation était composée de DECHAVANNES, Jacques DE BRAZZA, BALLAY, DOLISIE, DELASTOURS, Monseigneur AUGOUARD… » (BICKOUTA., 1997). Elle avait la mission de créer des postes administratifs.

A partir de 1884, DE CHAVANNES va entreprendre pour la première fois la construction d’une  maison à Brazzaville : « DECHAVANNES se dirigea vers le village Mfoa, situé sur un plateau peu élevé, mais assez étendu; Le Congo en était distant de deux à trois cent mètres, le terrain était sablonneux…Il en fut rendu compte à DE BRAZZA. Le chef NGUIA fut convoqué. Il y eut une courte palabre. Les paillotes et plantations situées sur ce village furent indemnisées aux occupants environ 150 francs. Ainsi, l’emplacement de Brazzaville fut décidé » (GAVACHE P., 1949).

            Par sa position, Brazzaville devait servir de relais entre les régions septentrionales de l’Afrique équatoriale française et l’océan. Peu à peu, ce site va connaître sa première forme d’urbanisation. « Par arrêté du 5 Octobre 1910, la ville est érigée en commune mixte » (Brazzaville, 1980). La ville européenne compte près de 500 européens et les autochtones sont repartis dans les agglomérations urbaines de Poto-poto et Bacongo où commence le tracé de quelques rues en damier. Jusqu’en 1917, la ville comptait près  de 10 000 habitants. Mais, l’afflux des ruraux et l’accroissement naturel de la population feront que progressivement la ville dépasse ses limites spatiales initiales. Aussi, compte-t-elle de nos jours sept arrondissements :         

1- Makélékélé             2- Bacongo                3-Poto-poto
4- Moungali                 5- Ouenzé                   6- Talangai                  7- Mfilou.


           Sur le plan démographique, Brazzaville comptait près de 850 000 habitants en 1996 (C.N.S.E.E., 1996) et en 2002 sa population a été estimée à 1 004 000 habitants, soit 1/3 de la population totale du pays. Et, d’après les projections des Nations-Unies, évidemment tributaires des incertitudes statistiques, Brazzaville comptera plus de 3 millions d’habitants en 2025 alors que le Congo en comptera près de 6 300 000  la même année.

 

 Tableau 1 : Évolution de la population de Brazzaville : 1910-2025

 

 

Années

 

 

Population

 

 

1910

 

 

6000

 

 

1917

 

 

10000

 

 

1937

 

 

20000

 

 

1945

 

 

50200

 

 

1955

 

 

92250

 

 

1961

 

 

127964

 

 

1970

 

 

200000

 

 

1974

 

 

289700

 

 

1978

 

 

                   400000     

 

 

1984

 

 

 584682

 

 

1996

 

 

  850000

 

 

               2002

 

 

                    1004000

 

 

 

 

 

               2025

 

 

             3000000

 

 

 

 

 


Source :Publi-Congo, C.N.S.E.E. et LE FORT C.

 

 

              Depuis les années quatre vingt, ses habitants paient le prix fort de cette croissance démographique. Leurs revenus, auparavant bien supérieurs ceux des ruraux, ont été laminés, ce qui généralise la paupérisation.

Brazzaville,  comme toutes les villes d’Afrique noire, traverse une phase de rupture  d’équilibre entre grandeurs économiques, notamment entre  production et consommation.  Cette situation est liée à plusieurs facteurs :

Sur le plan socio-économique, « la dévaluation du franc C.F.A., monnaie utilisée dans la sous région, survenue le 12 janvier 1994, a aggravé l’état socio-économique de ce pays » (CAUDERT K., 1996).

Ensuite, le désengagement de l’État qui pourvoyait les emplois et assurait le travail aux jeunes diplômés.

En plus, les réductions de 30 % des traitements des fonctionnaires  dans le cadre des programmes d’ajustement structurel sont venues aggraver la situation. « Dans l’ensemble, l’État emploi 81,8 % du monde salarié du secteur moderne » (R.P.S.A/OC, 1998).

 

             Par ailleurs, certains fonctionnaires  ont perdu leur emploi suite à l’application des mesures  d’ajustement structurel.

 Aussi, le payement irrégulier et tardif des fonctionnaires et des retraités rend-il difficile toute planification au niveau des ménages. Dans ces conditions, ils éprouvent des difficultés pour joindre les deux bouts du mois. Ils sont obligés de s’endetter pour survivre.

L’augmentation continuelle du coût de la vie est aussi un élément déterminant de la pauvreté, presque un  drame pour les ménages pauvres.

Les guerres civiles (celle de 1993-1994; celle de juin 1997; celle de décembre 1998...) ont eu pour conséquences les départs  des opérateurs économiques étrangers causant ainsi la fermeture des entreprises et sociétés industrielles dont ils étaient propriétaires. Par conséquent, cela a entraîné la perte des nombreux emplois pour ceux qui y étaient employés.

Les pillages des biens mobiliers et immobiliers dans les quartiers situés dans la zone sud de la ville (1998-1999) ont appauvri les ménages expropriés.

De même, l’insécurité généralisée qui règne dans la capitale politique n’est pas prête à arranger les choses : les investisseurs ne sont pas attirés, les ménages sont traumatisés, les initiatives populaires sont étouffées, les jeunes sont découragés, les braqueurs deviennent des héros.   

 

               Enfin, la mauvaise gouvernance, caractérisée par la règle de trois V: villas luxueuses, voyages en Suisse pour cacher les fonds publics détournés, voitures (dernières marques), a conduit au désarroi. A cela s’ajoutent des politiques socio-économiques inadaptées,  appliquées par l’État en inadéquation avec les besoins réels des populations..

 L’or noir semble être une « malédiction » pour Brazzaville, et les populations n’ont jamais bénéficié de la manne (SMITH S., 2003).

Le rejet du dossier présenté  en vue d’être classé sur la liste des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) fait qu’il n’attend plus rien du nouveau programme soutenu par le FMI. Il ne peut plus bénéficier de l’allégement de sa dette extérieur. Près de la moitié de cet endettement est constitué d’arriérés. Le montant total de la dette est estimé à 5 Md de dollars. Une grande partie de cette dernière est gagée sur les ressources pétrolières, représentant la gestion par anticipation des redevances pétrolières. Ce pétrole, à lui seul représente 95 % des recettes d’exportation et contribue pour 60 % au PIB. La croissance estimée à 2,9 % en 2001  est descendue à 2, 6 % en 2002.(LE FORT C., 2004)

L’imprévoyance et la faillite de l’État expliquent la prolifération de la pauvreté. Les ménages touchés ne bénéficient d’aucune stabilité d’emploi, de logement, de revenus … La précarité ne permet plus aux chefs des ménages vulnérables  de couvrir les besoins vitaux du groupe : manger, se soigner, se loger, s’habiller et assurer l’éducation des enfants.

Face à l’incapacité de l’État de résoudre de manière satisfaisante les problèmes liés à la crise, les chefs des ménages se débrouillent : c’est la loi du sauve-qui-peut.

 

Brazzaville a tout donc  des caractéristiques des villes du sud :

·        Nous y trouvons une pauvreté majoritaire, soit 44% selon l’étude réalisée par R.P.S.A./OC  en 1998 et  47,6 % dans une étude menée au quartier Total.

·        ‘’L’informalité’’ et l’illégalité: à Brazzaville, plus de la moitié de la population en âge de travailler survit grâce aux petits boulots ou aux commerces d’opportunité, ce que d’aucuns appellent secteur informel, et, souvent en inconformité  avec les règles et lois en vigueur quand elles existent.

·        Le manque de frontières : une urbanisation en expansion, dévoreuse d’espace.

·        Une démographie galopante où les moins de 15 ans représentent plus 35% de la population totale.

·        Enfin, sur le plan financier : Brazzaville bénéficie d’un financement extraverti contrôlé par des grands groupes financiers chercheurs de profits souvent au détriment des citoyens qui sont privés de la continuité, la qualité, et l’égalité de traitement et de services.

 

              Le choix d’étudier la pauvreté et la fécondité à Brazzaville a été en priorité dicté par sa situation privilégiée qui fait d’elle la seule ville du Congo à posséder une aussi importante croissance démographique. C’est aussi là que la pauvreté sévit le plus. Car, nous y trouvons une proportion importante  des jeunes sans situation professionnelle stable.

A première vue donc, Brazzaville  répond aux critères  d’un bon terrain d’investigation pour notre étude que nous avons choisie de mener dans un milieu urbain. 

Enfin, l’étude de la pauvreté à Brazzaville nous permettra  aussi de faire une  comparaison des résultats que nous allons obtenir à ceux déjà obtenus  en 1998 par le R.P.S.A. /O.C. et ainsi de mesurer le degré d’aggravation de ce fléau.  

Étant donné que nous ne disposons pas des moyens financiers importants nous avons choisi de délimiter notre étude dans un quartier sud de Brazzaville, Bacongo.

Il faut dire que la pauvreté des ménages, l’instabilité sociétale, l’incertitude politique sont autant des facteurs qui peuvent favoriser le désir de ne pas avoir plusieurs enfants. Il est vrai que durant les conflits armés les gens ont plus les soucis de survie alimentaire et sanitaire que celui de procréer. Et, dans notre contexte guerres  successives et crises financières fusionnées donnent une bonne explication de la profondeur de la pauvreté plus dans le sud de la ville où se situe Bacongo que dans l’ensemble de Brazzaville. En effet, notre quartier d’étude a connu tous les conflits armés qui ont eu lieu à Brazzaville ce qui n’est pas le cas de la partie nord de la ville. Par conséquent, nous supposons dans ce quartier la pauvreté sévit plus que dans les quartiers situés au nord.

Parmi d’autres motivations de cette sélection figure celle de repartir à Total, huit ans après nos investigations sur la pauvreté dans ce secteur de Bacongo. Nous y mesurerons aussi la profondeur de ce fléau dans la période post conflits de décembre 1998 en comparaison avec nos résultats datant de la période pré - conflits (mars 1998). La référence à ce conflit armé du 18 décembre 1998 est importante. Car, il constitue par son ampleur et ses conséquences destructibles l’apogée de la paupérisation des ménages, une paupérisation presque organisée.

 



                                                                                      Brice MATINGOU, Publié in Inégalité des revenus et fécondité
                                                                                       des ménagess entre 1994 et 2004: cas du quartier Bacongo
                                                                                       mémoire DEA, Université paris1 Sorbonne, 2004   


 

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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 03:14

 

 

Salut BRICE

      je viens de lire ton morceau de texte qui respire sensiblement  une haine bien fondée envers ce continent noir mal parti et mal arrive, qui refuse alors son propre developpement. Une analyse partielle faite par celui qui a gouté tout de sa sauce pimentée qu'il ne cesse d'offrir sans gène à ses enfants déjà  rabougris, fameliques, devitamines.
J' admire ton engagement de vouloir tout pourfendre, sauf un peché; Tu es loin des altrenatives utiles pour voir le bout du tunnel. Cela étant, tu t'efforceras plus de t'eloigner de la simple rhetorique intellectuelle du type occidental  pour tenter de poser les vraies voies de sorties  de tes frères condamnés dans ce cercle infernal. je crois bien que c'est  aussi la le rôle dévolu à l'intellectuel  africain; proposer des solutions utiles pour enfin sonner le glas à l'immobilité. Au vrai, ton discours m'enchante, tant il est evident que, je redecouvre un autre Brice petri de vivacité et d'un autre regard sur son Afrique mère.  j'admire ton style. Donc, le même qui nous caracterisait depuis notre cher lycée; laver, laver, laver les cerveaux malades. Bref, je t'apprends que j'ai crée depuis une année une assocaition qui lutte contre la drogue, la prostitution et le sida dont je te parlerai en long et en large dans ma prochaine correspondance.  A bientot Brice.   
"brice.matingou" <brice.matingou@laposte.net> a écrit :
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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 02:59

 

 



Mon cher Brice

La question que vous posez raisonne comme un cri de désespoir et revient sur l'état des lieux déjà connu de l'Afrique, les diagnostics établis, ses grands maux, les malheurs de ses peuples et l'inéficacité de ses dirigents.

L'avenir de ce continent repose désormais sur ses filles et fils qui prennent conscience de son état de santé. Ils doivent ensuite préconiser et appliquer une thérapétique adaptée.

Les efforts des africains soucieux de l'Afrique doivent commencer sur eux mêmes: par leur façon de vivre, de se comporter et d'analyser les problèmes qui se posent dans le continent afin d'y apporter des solutions  appropriées.

Nous entendons certains se lamenter sur la situation en Afrique, mais face à ce qui ne va pas ou ne se fait pas bien, ils ne proposent aucune solution constructive. Ils n'ont aucune stratégie, aucun engagement dans l'action politique de développement.

Il faudrait commencer par participer à l'éducation de la population afin de lui faire prendre concience de ses droits et devoirs pour qu'elle prenne le pouvoir non avec les armes mais en utilisant son vote. Le peuple africain devra comprendre la manière d'utiliser la démocratie afin que cette démocratie voulue et comprise par lui, le servel lui le peuple, au lieu de servir une classe de soit disant dirigents.

Il faut réfléchir sur la manière d'imposer les bons changements, la façon d'appliquer des bons programmes de développement.

Tout est à faire en Afrique. Nous avons l'outil Internet. Nous pouvons l'utiliser pour, par exemple, interpeller nos dirigents et leur faire des critiques constructives.

Restez informé et réagissez aux informations reçues (Voir le lien internet ci-dessous) pour commencer. Abonnez-vous pour recevoir les informations et au besoin diffuser les vôtres. Je vous ferai parvenir d'autres liens de groupe de discussion.

 http://fr.groups.yahoo.com/group/CongoVista

Je suis ravi de vous avoir lu.

Salutations

 

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12 décembre 2006 2 12 /12 /décembre /2006 11:39

 

 

  

 

 

 

         Photob 001 Nous avons choisi de traiter un sujet qui porte le titre pauvreté et fécondité des ménages à Brazzaville: cas du quartier Bacongo. Notre recherche se fait dans un contexte très particulier. En effet, presque toutes les politiques du développement dans les pays du sud ont adopté la lutte contre la pauvreté comme champs de bataille. A cela s’ajoute l’inquiétude des organismes internationaux suscitée par la démographie accélérée du continent noir. C’est dans cette perspective que nous avons voulu vérifier une relation que nous supposions tangible entre la pauvreté et la baisse de la fécondité à Brazzaville en général et à Bacongo en particulier. Pour aborder notre recherche nous avions jugé qu’il était important de faire une enquête qui n’est jamais un luxe dans le cadre de cette étude. Nous avions pu nous procurer des données nécessaires dans l’affirmation ou l’infirmation des nos hypothèses. Ceci nous a permis de répondre aux idées communément acceptées comme vraies. La première stipule que la démographie en Afrique croit de façon excessive. Dans le cas de notre terrain d’étude nous avons constaté que la démographie décroit sous l‘effet de la baisse de fécondité des ménages.

La deuxième stipule que la pauvreté engendre une plus grande croissance démographique. Ce que nous avons observé sur le terrain nous permet d’affirmer le contraire. En effet, en proie à la survie les pauvres de Bacongo réduisent leur désir d’avoir trop d’enfants ceci par tactique de survie. On assiste dans ce cas à une transition nommée « malthusianisme de pauvreté » qui contredit les théories classiques des transitions démographiques. Toute fois, la prudence nous recommande de ne pas conclure dans le sens d’une transition démographique. En effet, mesurer une transition démographique qui est un « mégaprocessus » nécessite une période assez longue (plus de cinquante ans). Or notre étude s’intéresse à mesurer le comportement de fécondité des dix dernières années découlé à partir de la pauvreté dont les manifestations pourraient remonter à partir de 1984, date de la dévaluation du franc CFA.   

Enfin, l’idée selon laquelle le niveau scolaire des mères est déterminant dans la perspective de la baisse de fécondité n’est pas prouvée. A Bacongo, la baisse de fécondité des ménages n’est pas fonction du niveau d’instruction de la mère. Elle est plus influencée par la réalité économique que par les considérations socioculturelles. 
                                                                              

                                                                 Brice MATINGOU, Publié in Inégalité des revenus et fécondité
                                                                 des ménages entre 1994 et 2004: cas du quartier Bacongo
                                                                          mémoire DEA, Université paris1 Sorbonne, 2004   



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12 décembre 2006 2 12 /12 /décembre /2006 11:26

 

 

 

 Photob 001           Bacongo est un quartier ancien de Brazzaville. Il fut crée en 1909, ensemble avec l’agglomération indigène de Poto-poto. Ceci, afin « d’éloigner les autochtones de la cité européenne du centre ville » (BICKOUTA, 1997). Il fut érigé en commune indigène le 1er février 1944 par Félix EBOUE.

A sa création, sa population était homogène, essentiellement composée des originaires de la région du Pool. Ceci est confirmé par BALANDIER qui note : « en dehors des 36,6% des citadins d’origine, environ 57 % des populations proviennent des districts voisins du centre : Kinkala, Boko, Mayama, Linzolo… ». Pour sa part, Poto-poto était constitué par une population hétérogène du fait que plusieurs « membres des groupes ethniques du nord ont été à sa formation » (BALANDIER G., 1985).

Avec l’aspect d’un quadrilatère irrégulier, Bacongo fut partagé en 7 sous quartiers de superficies inégales, les plus anciens étant à la fois les moins étendus et les plus peuplés. Citons :

 

 1 - Dahomey            2 - Kondo                 3 - Mbama

 4 - Mamboni            5 - Bounssana           6 - Mpissa                    7 - Makélékélé   

 

           Deux études, l’une menée au quartier Dahomey et l’autre au quartier Total nous ont  permis de retracer l’histoire de l’urbanisation et du peuplement de l’arrondissement II. Ces études sont complétées par nos enquêtes orales.

Les premiers habitants de Bacongo furent tous des ruraux venus des régions situées au sud de Brazzaville constituées essentiellement des Kongo. Dahomey fut occupé en premier à cause de sa proximité avec le centre ville, ville européenne, lieu de prédilection pour l’emploi. En effet, les ruraux viennent en ville pour y travailler. Ceux qui « réussissent » en ville font venir les membres de leur famille restés au village. Après un hébergement temporaire ceux-ci deviennent « propriétaires » et peuvent à leur tour recevoir les nouveaux arrivants. L’urbanisation est essentiellement verticale. Dahomey ne va plus contenir l’ensemble de sa population à cause de sa superficie. Ainsi, d’autres quartiers vont voir le jour comme Kondo, Mbama et Boutsana (zone très éloignée, d’où son nom « tristesse »).

Vers 1950, à la suite d’une mesure gouvernementale, les habitants de Dahomey sont déplacés et installés au quartier Total, nom tiré de la station service Total. Aux alentours de la station service, les populations improvisent un marché qui devient le marché Total. Proche du marché une zone résidentielle sera implantée. Des maisons furent construites et reparties aux ménages en provenance de Dahomey. Ainsi, fut crée le quartier Total, anciennement pépé (avion), parce qu’abritant le premier aérodrome de Brazzaville.

Il y a deux assertions qui sont évoquées pour justifier ce transfert. La première stipule que le gouvernement craignait les contestations et les révoltes des habitants de Dahomey proche du palais présidentiel.

La deuxième stipule que le gouvernement comptait y construire des gratte-ciel comme ceux de Kinshasa qui donnent sur le fleuve Congo.  

 

             Les années 1960 vont connaître la création de Makélékélé qui va vite dépasser ses limites  et devenir ainsi une commune autonome. Par la suite, des nouveaux quartiers seront crées : la glacière et Mpissa. D’autres seront renommés : Boutsana devient St-Pierre (à cause de la présence sur le lieu d’un édifice religieux). D’autres encore vont naître après un nouveau découpage: l’Amitié (nom d’une école anciennement appelée l’école des filles); Permanence (nom d’un bar dancing) et Nkéoua (nom d’un ancien juge traditionnel).

De nos jours Bacongo est divisé en 9 sous quartiers : 

1 - Glacière                      2 - Dahomey                           3 - Mbama

4 - St Pierre                     5 - Permanence                       6 - Total

7 - Amitié                        8 - Nkéoua                              9 - Mpissa

 

           Sur le plan démographique, Bacongo comptait 73271 habitants, soit 36911 hommes et 36360 femmes pour près de 15 195 ménages, soit 4,8 personnes par ménage (C.N.S.E.E., 1996). Dans l’ensemble, le nombre d’enfants par femme à Bacongo est inférieur par rapport à celui de Brazzaville.

 

                     Taux de natalité                 Nbre d’enfants/ femme à Brazzaville
1974                  51,3°/00                                               7,1

1984                  42,2°/00                                                5,1

1990               32,9 / 35,2°/00                                         4,5

 

          En 1998, dans les conditions nettement meilleures, une étude réalisée à Total, comptait une proportion de 31 % des ménages très pauvres, 47, 6 %  pauvres et  21, 4 %  seulement n’étaient pas touchés par ce fléau. (MATINGOU B. , 1998)

 

          Aujourd’hui, Bacongo offre l’image d’une pauvreté majoritaire. La prolifération des petits commerces d’opportunité visibles dans toutes les rues; la présence  à tous les coins des enfants de la rue et des ‘’petites prostituées’’ sombrent encore le tableau qui ne prête guère à l’optimisme. Il faut dire que les habitants de Bacongo, comme ceux de tous les quartiers sud de Brazzaville, fief de l’opposition, payent le prix fort de leur soutien aux opposants politiques congolais.

Les Kongo, population majoritaire de notre zone de recherche, connus pour leur débrouillardise et leur bravoure y menaient une vie tranquille avant les années 1990. Puis vinrent les guerres : deux guerres civiles : celle de 1993 - 1994 et celle de 1997 qui a conduit les opposants en exile. Ces habitants devenus ’’orphelin’’ politiquement pouvaient encore compter sur leur bonne maîtrise des stratégies de survie. Et ‘’les affaires continuaient à bien marcher’’ jusqu’à ce jour du 18 décembre 1998. C’était le début d’une guerre civile entre une milice armée, appartement au pouvoir contre un groupe des rebelles armés en plein centre de Bacongo, au milieu des civils. Mais après deux jours de combat les rebelles se retirent de la ville pour se réfugier dans le Pool. Ce fut le début de  L’opération Hérode, nom du code de la mission reçue par la milice du pouvoir. Cette opération, comme l’indique son nom, visaient à tuer tous les garçons Bakongo âgés de 15 à 35 ans. On parle de plus de dix milles morts, jamais confirmés par le Gouvernement.  Cette guerre, aux conséquences en perte des biens mobiliers et immobiliers jamais évaluées, a laissé une population ruinée par des pillages, détruite par les viols et traumatisée par les braquages.

Quant aux origines de cette guerre, elles demeurent inconnues, ce qui fait dire à certains qu’elle fut organisée par le pouvoir et perpétrée contre les Bakongo pour les punir. Les punir, c’est à dire, les appauvrir à cause de leur opinion politique et de leur réussite sociale étonnante.  Si on en croit les rumeurs, le pouvoir utilise la pauvreté comme une arme en vue de maintenir ce peuple dans le silence et l’obéissance politique. L’insécurité y règne toujours, les coups de feu sont quotidiens et la peur généralisée à des fins politiques. A Bacongo, les initiatives individuelles sont bafouées, « l’avenir est dans un trou noir et profond » (l’expression couramment utilisée).

        


                                                                                       Brice MATINGOU, Publié in Inégalité des revenus et fécondité
                                                                                       des ménages entre 1994 et 2004: cas du quartier Bacongo
                                                                                       mémoire DEA, Université paris1 Sorbonne, 2004      

 

 

 

 

 

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12 décembre 2006 2 12 /12 /décembre /2006 11:17

 

 

 

 

Photob 001Dans une étude réalisée à Brazzaville par le R.P.S.A./ O.C. en 1998 un revenu de 1300 F CFA avait été retenu comme nécessaire pour couvrir les dépenses alimentaires et non alimentaires par personne et par jours. Notre court séjour nous a permis de mesurer cet indicateur et nous pensons qu’il peut donner  des bons résultats malgré l’augmentation du coût de la vie. Pour cela, il faut que les ménages déclarent leurs revenus. Toutefois, il faut souligner que certains ménages ne donnent pas des renseignements sur leurs revenus. Il s’agit dès lors de considérer l’indicateur «  ne savent pas » . En effet, il est logique de penser que plus le pourcentage de « ne savent pas » est élevé moins cette question est saillante dans l’opinion. Et, par conséquent le risque de fausser l’accord ou le désaccord entre pauvreté et fécondité sera élevé. Pour évaluer ce risque, nous allons calculer la valeur absolue du pourcentage de répondants qui ne savent pas. 

D’autres  indicateurs sont reportés dans le tableau analytique des variables et des indicateurs. L’analyse du tableau ci- dessous peut s’éclairer en considérant les éléments justificatifs suivants :

Pour vérifier les indicateurs retenus, il faut que les ménages à enquêter remplissent certains critères. Ces critères devraient nous aider à mieux appréhender la relation pauvreté et fécondité. Nos enquêtes s’intéressent au ménage composé d’un homme (non stérile) et sa femme (non stérile) née entre 1960 et 1980, vivant ensemble depuis au moins dix ans, ainsi que leur(s) enfant(s). Pour les ménages recomposés, seuls les enfants issus de la nouvelle union seront pris en compte. Ces critères de sélection doivent nous permettre de déterminer si leur fécondité est en régression, en stagnation ou encore en accélération.

Par contre, les jeunes ménages sont mis de côté par ce qu’à nos yeux, la relation entre la pauvreté et la fécondité s’apprécie mieux selon une certaine durée. Et, nous pensons qu’une durée de 10 ans est nécessaire pour avoir une bonne perception des données recherchées. De même, pour les ménages où la femme à plus de 45 ans l’absence du désire d’enfants, par exemple, peut avoir d’autres fondements (ménopause par exemple) que la baisse de revenu.

            De même, un écart de cinq ans entre deux enfants peut être interprété comme une fécondité maîtrisée quels que soient les moyens utilisés. Ce qui est tout à fait le contraire d’une fécondité « naturelle » réglée par le sevrage du nouveau-né. Et, une fois que celui-ci a apprit à marcher la mère peut se sentir apte à procréer. Un écart de deux à trois ans est souvent observé. A ce rythme, une femme qui a eu son premier enfant à 20 ans par exemple, dans les conditions normales peut compter jusqu’à 10 enfants avant sa ménopause alors que dans le premier cas le nombre maximum d’enfant serait faible, pas plus de cinq.

Il faut aussi souligner, le niveau scolaire de la mère. Nous avons tenu compte de la détérioration du niveau scolaire dans l’ensemble du système éducatif congolais. Ainsi, les mères ayant arrêté leurs études au collège dans l’ensemble peuvent agir de la même façon que celles qui n’ont jamais été au collège. Nous connaissons encore trop mal comment agissent les mères qui ont un BEPC mais qui n’ont jamais décroché le bac. Pour cette raison, nous les distinguons des autres pour mieux apprécier leur fécondité.

Enfin, l’interprétation des résultats de sondages doit tenir compte de l’erreur d’échantillonnage qui est d’environ 3% pour un échantillon standard de 1500 personnes. Nous ne pouvons être certains de la causalité de la pauvreté sur la fécondité que si le seuil critique dépasse la marge d’erreur d’échantillonnage. Par implication, il faut qu’au moins 53% des ménages pauvres réduisent ou accélèrent leur fécondité pour pouvoir dire qu’il y a accord ou désaccord entre pauvreté et fécondité.       

 

 

 

            Tableau n° 3 : Tableau analytique des variables et des indicateurs

 

 

 

Variable

Attribut

Mesure

Indicateur et seuil critique

 

 

V.I.: Revenu

    

   -

 

 

numérique

+ 1300 FCFA / personne /jour = non pauvre

-  1300 FCFA / personne /jour = pauvre

-   650  FCFA / personne /jour = très pauvre

 

 

 

 

 

 

V.D. :

Nombre d’enfants

  

 

 

 

 

    -

 

 

 

 

 

 

numérique

- 2 enfants dans les dix dernières années = ménage         nucléaire = fécondité réduite

 

 

 3 enfants dans les dix dernières années = fécondité stagnante

 

 

 + 4 enfants dans les dix dernières années = fécondité accélérée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

V.I.et V.D.:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Accord / désaccord

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

nominale

Accord = au moins 53% des ménages pauvres et très pauvres ont eu au moins 2 enfants dans les dix dernières années

 

 

Accord = au moins 53% des ménages pauvres et très pauvres ont eu plus de 2 enfants dans les dix dernières années

 

 

Désaccord = au moins 53% des ménages pauvres et très pauvres ont une moyenne d’enfants égale à la moyenne d’enfants des ménages non pauvres 

 

 

V. Intermédiaire:

Instruction des mères

  

diplôme

 

 

nominale

0 = sans diplôme + CEPE

1 = BEPC

2 = BAC et plus

 

 

 

 

 

 

V. intermédiaire

 et V.D.

 

 

 

 

 

 

Accord/

désaccord

 

 

 

 

 

 

nominale

Accord = au moins 53% des ménages réduits dont la mère a au moins le bac

Accord = au moins 53% des ménages élargit dont la mère n’a pas le bac

Désaccord = au moins 53% des ménages réduits dont la mère n’a pas le bac

Désaccord = au moins 53% des ménages élargit dont la mère a au moins le bac

 

 



                    Nous avons retenu un indicateur pour chaque variable d‘explication. Notre souci est de respecter autant que possible les exigences de précision, de fidélité et de validité. Compte tenu des moyens techniques limités que nous disposons, mais aussi pour ne pas allonger ce travail, nous avons retenu les indicateurs déjà utilisés par d’autres chercheurs. 


                                                         Brice MATINGOU, Publié in Inégalité des revenus et fécondité
                                                         des ménagess entre 1994 et 2004: cas du quartier Bacongo
                                                           mémoire DEA, Université paris1 Sorbonne, 2004    

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12 décembre 2006 2 12 /12 /décembre /2006 11:07

 

 

Photob 001                 A Bacongo, les ménages avec lesquels nous avions pu discuter nous témoignaient leur désarroi et leur désespoir quant à l’avenir. « Ici, tout le monde est pauvre ».

Face à toutes ces déclarations poignantes, notre souci majeur était de savoir de quelle pauvreté parle - t - on ? Qui est pauvre ?  En fait, qu’est ce que la pauvreté ? Peut - on encore la mesurer à partir des indices qui font la qualité de vie (possession d’un téléviseur, d’un congélateur ou d’une voiture par exemple) dans un quartier où toute la population a perdu ses biens ? Toutes ces questions exigent d’être prudent compte tenu de l‘histoire du quartier. Qui est pauvre à Bacongo et comment le mesurer ?   

Comment définir un concept comme la pauvreté, sans courir le risque de nommer pauvres ceux qui ne le sont pas réellement ? Mais, un autre risque serait de ne pas nommer pauvres ceux qui le sont en réalité. C’est là toute la difficulté. Il s’agit de définir la pauvreté en cherchant à répondre à la question : qui sont pauvres et qui ne le sont pas ?  Où sont les limites entre les uns et les autres ? Comment à partir de la qualification ou des qualifications arriver à la quantification ?

Pour répondre à  ces interrogations nous nous sommes reférés aux approches déjà proposées par d’autres chercheurs. L’objectif est de sélectionner celle qui répond au mieux, non seulement à notre recherche, mais aussi à notre milieu d’investigation. L’analyse de ces approches doit nous aider à mieux saisir ce fléau multidimensionnel : Pauvreté objective et subjective, pauvreté des potentialités et pauvreté humaine, pauvreté relative et pauvreté absolue, pauvreté conjoncturelle et pauvreté structurelle…

Cette complexité rend les recherches ardues. Dans ces conditions, notre étude ne peut pas  répondre de façon globalisante aux  attentes.

Notre thème est pauvreté et fécondité des ménages  dans un milieu qui présente, nous l’avons souligné, quelques particularités.  le tour des approches nous a permis de retenir l'approche monétaire qui nous  paraît la plus opérationnelle. Pour y arriver, nous allons analyser l’approche théorique de la pauvreté.

 

  

Notre recherche porte sur la pauvreté et fécondité des ménages. A ce titre, la pauvreté monétaire est bien indiquée pour ce que nous comptons vérifier. Il s’agit de vérifier s’il y a corrélation entre pauvreté et fécondité dans les ménages à Bacongo.  Pour ce faire, le seuil mixte est la plus adapté parce qu’il nous renseigne sur la satisfaction ou l’insatisfaction des besoins vitaux au sein des ménages. Le seuil mixte permet aussi de saisir le phénomène à travers les revenus ou les dépenses des ménages. Pour des raisons évidentes nous retiendrons la dimension ’’ revenu ‘’ parce que plus visible. Alors que les dépenses d’un ménage peuvent avoir pour source l’endettement. Dans ces conditions, il n’est pas évident d’imaginer une amélioration des conditions du groupe.

          Par ailleurs, saisir la pauvreté par les dépenses ne renseigne en rien sur les revenus, les dépenses effectuées représentent-elles la totalité ou la moitié des revenus des ménages ? Cette question importante dans l’analyse de la pauvreté reste sans réponse si nous considérons la dimension dépense.

En revanche, le revenu aide à effectuer les dépenses. Pour toutes ces raisons, nous allons travailler avec la dimension revenu. Nous sommes conscients des risques à encourir en faisant ce choix. Mais, nous l’avons déjà annoncé, nous n’avons pas la prétention de faire un travail parfait. Notre intérêt est de rendre compte d’une situation, la gravité de la pauvreté avec une marge d’erreur liée à la mesure utilisée.

 

 

 

 

La place du revenu dans une société fortement urbanisée

 

 

                Le revenu est essentiel dans la vie. Il permet d’acheter la nourriture, le vêtement, le logement… Il constitue le principal moyen de satisfaire les besoins qui font la qualité de vie en milieu urbain. Un revenu important confère un niveau de vie correct, une alimentation suffisante, un logement convenable, une eau salubre et un système sanitaire satisfaisant. Il peut être investi en vue d’être fructifié, « l’argent appelle l’argent » disait Pamelo MOUKA  (chanteur congolais). 

L’argent représente la principale dimension du bien-être pour les populations urbaines. Cela signifie qu’à Brazzaville, un indicateur monétaire peut être utilisé pour mésuser le niveau de bien-être car le degré de monétarisation de l’économie est très élevé et l’augmentation des revenus  des ménages peut constituer un meilleur moyen permettant d’améliorer la crise à Brazzaville. Par ailleurs, dans une enquête menée dans un milieu rural au Bénin par LARIVIERE S., & all (1994), la dimension argent vient en première position derrière l’enfant, l’emploi et la santé et dans un milieu rural cela ne pouvait pas être a priori imaginé. C’est dire de l’importance de cet indicateur pour saisir ce fléau.

 

                                                                                       Brice MATINGOU, Publié in Inégalité des revenus et fécondité
                                                                                       des ménagess entre 1994 et 2004: cas du quartier Bacongo
                                                                                       mémoire DEA, Université paris1 Sorbonne, 2004   
 

 

 

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12 décembre 2006 2 12 /12 /décembre /2006 10:55

 

 

 

 

             Photob 001  Il existe plusieurs études de cas sur la pauvreté et la fécondité dans la littérature. Ces études  menées dans différents coins du monde nous donnent des résultats tout à la fois complémentaires et contradictoires.

La question de savoir s’il y a une relation de cause à effet entre pauvreté et fécondité a donné lieu à ce qu’on appelle « les théories de transition ».   

             En effet, dans les théories classiques les plus anciennes, les facteurs de la baisse de la fécondité sont : les taux de mortalité, d’urbanisation, d’alphabétisation, la densité rurale et les rendements agricoles. Ces facteurs sont des variables assez communément acceptées pour définir précisément un processus d’industrialisation et de modernisation socio-économique.  COALES et HOOVER, intègre à la série des facteurs de modèles classiques : la culture, la religion et la communication. La prise en compte de ces phénomènes, qui ne sont pas de nature économiques, marquent l’introduction d’une dimension culturelle dans un schéma de relation jusqu’alors exclusivement dédié aux variables démographiques et socio-économiques.

              Un troisième modèle dit du « développement équitable », établi par REPETTO ajoute des facteurs comme : indice du salaire réel, distribution des terres, revenus moyens des individus sans terres, dépenses de mise en valeur foncière. Ce modèle montre l’effet de l’économique sur le démographique et insiste sur la structure de la distribution des richesses entre les différentes couches de la population. Il ressort au vu de cette analyse que la distribution des richesses peut être l’instrument susceptible de faire chuter le taux de fécondité. De même les fortes inégalités socio-économiques peuvent avoir un impact négatif sur la baisse généralisée de la fécondité.

Une autre théorie présentée par Les culturalistes va mettre en cause  l’idée d’une baisse de la demande parentale d’enfant consécutive à des changements macro- économiques: « Réduire sa fécondité doit être avantageuse. Les circonstances sociales et économiques doivent conduire la réduction de la fécondité à être perçue comme un avantage par le couple ». Ce modèle privilégie les idéaux au détriment du déterminisme économique. 


              Dans les années 80, un autre modèle a vu le jour en réaction à la thèse culturaliste : le courant des approches institutionnelles. Il prône l’importance des changements institutionnels dans l’évolution de la fécondité. McNICOLL, CAÏN, et KRIEGER, défenseurs de ce courant insistent sur la transformation des cadres institutionnels en vue de modifier les comportements de fécondité.

Aux « théories de transition » qui mettent en avant les améliorations socio-économiques comme déterminantes dans la baisse de la fécondité on oppose les situations observées dans certains pays où une croissance économique élevée ne s‘est jamais accompagnée d’une baisse de fécondité et où les familles élargies n’ont jamais cessé d’exister. Ces éléments ont permis de remettre en cause toutes les théories de transition.

              Par ailleurs, depuis le milieu des années 80, la pauvreté dans les pays du sud et ses conséquences sont apparues peu à peu  comme un nouveau paradigme. L’évolution de la fécondité dans ces sociétés dessine un panorama plus riche et plus subtil qu’on nomme parfois « la transition de crise ».

En matière de fécondité dans les pays pauvres, les recherches font état de différentes hypothèses, jamais soupçonnées par les théories classiques. Entre autres :

- Baisse de la fécondité sous l’effet de la crise

- Malthusianisme pour les groupes les plus démunis

- Diminution de la fécondité dans un contexte de crise socio-économique

- Transition de la fécondité par l’action politique dans les pays les plus pauvres.

 

    Auteur

Contexte géographique- Période

Relation observée

Mesure de la pauvreté

Mesure de la fécondité

 

 

Arguello

Costa Rica

Années 60

Fécondité plus élevée parmi les pauvres

Revenu mensuel du chef de ménage

Nombre moyen d’enfants nés vivants par femme de 20-49 ans

 Arthur et al.

Bangladesh rural

 

Années 60-70

 

Fécondité légèrement plus faible parmi les pauvres

Possession des terres

Pas précisé

CEPAL(1993)

cité dans Livi-Bacci

Guatemala

Années 80

Fécondité plus élevée parmi les très pauvres

Pas précisé

Indice synthétique de fécondité

Cohen et Housse

Sud Soudan

Années 80

Fécondité légèrement plus élevée parmi les pauvres

Indicateur composite

Parité par âge

Irfan

Pakistan rural

Années 70

Fécondités plus faibles parmi les plus pauvres

Revenu total du ménage

Parité par âge

Krishnaji

 

 

 

 

Inde rurale

Années 60

Fécondité nettement plus élevée parmi les pauvres

Revenu par personne

Taux global de fécondité légitime

(15-44 ans)

Krishnaji

Inde

Années 50-60-70

Fécondité légèrement plus faible parmi les pauvres

Revenu total du ménage

Pas précisé

 

 

 

 

Lipton

Villes indiennes

Années 60

Pas de relation claire

Pas précisé

Pas précisé

 

 

 

 

Lipton

Porto Rico, Iran…

Années

Fécondité plus faible parmi les très pauvres, et les plus faibles parmi les moins pauvres

Dépenses par personne

Pas précisé

Maloney et al.        

 

 

Bangladesh

Années 70

 

 

 

 

Fécondité moins élevée parmi les plus pauvres par rapport à la classe moyenne

Classe socio-économique

Pas précisé

Rodgers et al.

Bihar rural

 

Année 80

 

Fécondité légèrement moins élevée parmi les pauvres

Indicateur composite

Descendance finale extrapolée sur base des parités par âge

Schoemaker

 

Bidonville d’Asuncion (Paraguay)

 

Années 80

Fécondité nettement plus élevée parmi les pauvres.

Revenu moyen par adulte actif ; résidence dans bidonvilles

Indice synthétique de fécondité

Sçingh et al.

Brésil

Années 80

Fécondité très nettement plus élevée parmi les pauvres

Revenu par personne

Parité par âge

 

 

 

  

A la lumière de cette lecture de la littérature, il ressort que la relation entre pauvreté et fécondité est une relation complexe, contingente et ambiguë qui peut se résumer en trois points.

 

·        La pauvreté est un élément justificatif pour que les  responsables de ménages accélèrent leur fécondité. Dans ce sens, les enfants procurent une assurance- vieillesse. Ceci est contesté par d‘autres chercheurs qui pensent que les  plus pauvres des pauvres ont des vues à très court terme. Nous connaissons encore trop mal les éléments de réponse à cette  question dans le cas de Bacongo.

 

·        La pauvreté  est un élément justificatif pour que les acteurs des ménages réduisent leur fécondité. Dans ce sens, les coûts d’élevage des enfants de plus en plus élevés incitent à la limitation des enfants. Par contre, d’autres chercheurs suggèrent que les plus pauvres des pauvres ne calculent pas les coûts qui sont liés aux enfants. Là encore les éléments de réponses sont mal connus à Bacongo.

 

·        Pour d’autres chercheurs, il n’y a aucune étude sérieuse sur la question permettant d’affirmer la causalité entre pauvreté et fécondité de façon directe :

- En état actuel de connaissance, il n’y a aucune raison de croire que ce sont les pauvres    

  qui ont la fécondité la plus élevée.

 

- Par ailleurs, d’autres chercheurs encore  suggèrent que la relation causale entre pauvreté -  fécondité, n’étant pas directe, soit saisie  à partir des variables socioculturelles comme l’instruction des mères. En effet, un faible niveau d’instruction est responsable d’une forte fécondité pour plusieurs raisons parmi lesquelles l’incapacité d’utiliser les moyens contraceptifs (cette analyse semble d‘ailleurs faire l’unanimité). Ainsi, dans Vivre à Brazzaville, nous pouvons lire « les changements des mentalités féminines » sont « liés à la scolarité prolongée des jeunes filles dans la          capitale » p. 88. L’auteur continue, « très attachées à préserver leur (…) scolarité, les trois quarts d’entre elles souhaitent contrôler leur fécondité » p. 89. Le souci de réussir les études serait, selon l’auteur, le premier « motif des avortements clandestins » p. 92. Ce qui se traduit par « l’âge des premières grossesses » qui « tend à être retardé. Entre les deux recensements, c’est encore le taux de fécondité des 20-24 ans qui a le plus baissé. La scolarité dans le secondaire est le facteur décisif de cette évolution : au même âge, les jeunes mères sont deux fois plus nombreuses chez les femmes non scolarisées. » p 93. « La conséquence est une baisse globale de la natalité. Son taux a diminué de 10 points entre 1974 et 1984 (…) selon les projections, cette tendance devrait s’accentuer dans la dernière décennie du siècle » (DORRIEL- APPRIL, 1998).

                 Nous pensons que la baisse de fécondité constatée à Brazzaville ne peut pas se justifier sans aucune référence aux effets néfastes de la pauvreté. Pour nous, il est claire que des telles conclusions sont réductrices et n’ont pas tenu compte d’une variable peut être plus déterminant selon nous : la pauvreté. Mais, déjà in Transitions démographique et familiale nous pouvons lire, «…si la transition de la fécondité intervient où s’accélère en période de difficultés, ce sont les mutations antérieures en matières d’instruction…qui permettent cette évolution » (VIMARD P.).


                                    Brice MATINGOU, Publié in Inégalité des revenus et fécondité
                                     des ménagess entre 1994 et 2004: cas du quartier Bacongo
                                              mémoire DEA, Université paris1 Sorbonne, 2004   

 

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12 décembre 2006 2 12 /12 /décembre /2006 10:55

 

 

 Photob 001Il existe plusieurs études de cas sur la pauvreté et la fécondité dans la littérature. Ces études  menées dans différents coins du monde nous donnent des résultats tout à la fois complémentaires et contradictoires.

La question de savoir s'il y a une relation de cause à effet entre pauvreté et fécondité a donné lieu à ce qu'on appelle « les théories de transition ».   

En effet, dans les théories classiques les plus anciennes, les facteurs de la baisse de la fécondité sont : les taux de mortalité, d'urbanisation, d'alphabétisation, la densité rurale et les rendements agricoles. Ces facteurs sont des variables assez communément acceptées pour définir précisément un processus d'industrialisation et de modernisation socio-économique.  COALES et HOOVER, intègre à la série des facteurs de modèles classiques : la culture, la religion et la communication. La prise en compte de ces phénomènes, qui ne sont pas de nature économiques, marquent l'introduction d'une dimension culturelle dans un schéma de relation jusqu'alors exclusivement dédié aux variables démographiques et socio-économiques.

Un troisième modèle dit du « développement équitable », établi par REPETTO ajoute des facteurs comme : indice du salaire réel, distribution des terres, revenus moyens des individus sans terres, dépenses de mise en valeur foncière. Ce modèle montre l'effet de l'économique sur le démographique et insiste sur la structure de la distribution des richesses entre les différentes couches de la population. Il ressort au vu de cette analyse que la distribution des richesses peut être l?instrument susceptible de faire chuter le taux de fécondité. De même les fortes inégalités socio-économiques peuvent avoir un impact négatif sur la baisse généralisée de la fécondité.

Une autre théorie présentée par Les culturalistes va mettre en cause  l'idée d'une baisse de la demande parentale d'enfant consécutive à des changements macro- économiques: « Réduire sa fécondité doit être avantageuse. Les circonstances sociales et économiques doivent conduire la réduction de la fécondité à être perçue comme un avantage par le couple ». Ce modèle privilégie les idéaux au détriment du déterminisme économique.

Dans les années 80, un autre modèle a vu le jour en réaction à la thèse culturaliste : le courant des approches institutionnelles. Il prône l'importance des changements institutionnels dans l'évolution de la fécondité. McNICOLL, CAÏN, et KRIEGER, défenseurs de ce courant insistent sur la transformation des cadres institutionnels en vue de modifier les comportements de fécondité.

Aux « théories de transition » qui mettent en avant les améliorations socio-économiques comme déterminantes dans la baisse de la fécondité on oppose les situations observées dans certains pays où une croissance économique élevée ne s'est jamais accompagnée d'une baisse de fécondité et où les familles élargies n'ont jamais cessé d'exister. Ces éléments ont permis de remettre en cause toutes les théories de transition.

Par ailleurs, depuis le milieu des années 80, la pauvreté dans les pays du sud et ses conséquences sont apparues peu à peu  comme un nouveau paradigme. L'évolution de la fécondité dans ces sociétés dessine un panorama plus riche et plus subtil qu'on nomme parfois « la transition de crise ».

En matière de fécondité dans les pays pauvres, les recherches font état de différentes hypothèses, jamais soupçonnées par les théories classiques. Entre autres :

- Baisse de la fécondité sous l'effet de la crise

- Malthusianisme pour les groupes les plus démunis

- Diminution de la fécondité dans un contexte de crise socio-économique

- Transition de la fécondité par l'action politique dans les pays les plus pauvres.

  

 

 

A la lumière de cette lecture de la littérature, il ressort que la relation entre pauvreté et fécondité est une relation complexe, contingente et ambiguë qui peut se résumer en trois points.

 

·        La pauvreté est un élément justificatif pour que les  responsables de ménages accélèrent leur fécondité. Dans ce sens, les enfants procurent une assurance- vieillesse. Ceci est contesté par d'autres chercheurs qui pensent que les  plus pauvres des pauvres ont des vues à très court terme. Nous connaissons encore trop mal les éléments de réponse à cette  question dans le cas de Bacongo.

 

·        La pauvreté  est un élément justificatif pour que les acteurs des ménages réduisent leur fécondité. Dans ce sens, les coûts d?élevage des enfants de plus en plus élevés incitent à la limitation des enfants. Par contre, d?autres chercheurs suggèrent que les plus pauvres des pauvres ne calculent pas les coûts qui sont liés aux enfants. Là encore les éléments de réponses sont mal connus à Bacongo.

 

·        Pour d'autres chercheurs, il n'y a aucune étude sérieuse sur la question permettant d'affirmer la causalité entre pauvreté et fécondité de façon directe :

- En état actuel de connaissance, il n'y a aucune raison de croire que ce sont les pauvres    

  qui ont la fécondité la plus élevée.

 

- Par ailleurs, d'autres chercheurs encore  suggèrent que la relation causale entre pauvreté -  fécondité, n'étant pas directe, soit saisie  à partir des variables socioculturelles comme l'instruction des mères. En effet, un faible niveau d'instruction est responsable d'une forte fécondité pour plusieurs raisons parmi lesquelles l'incapacité d'utiliser les moyens contraceptifs (cette analyse semble d'ailleurs faire l'unanimité). Ainsi, dans Vivre à Brazzaville, nous pouvons lire « les changements des mentalités féminines » sont « liés à la scolarité prolongée des jeunes filles dans la  capitale » p. 88. L'auteur continue, « très attachées à préserver leur (?) scolarité, les trois quarts d'entre elles souhaitent contrôler leur fécondité » p. 89. Le souci de réussir les études serait, selon l'auteur, le premier « motif des avortements clandestins » p. 92. Ce qui se traduit par « l'âge des premières grossesses » qui « tend à être retardé. Entre les deux recensements, c'est encore le taux de fécondité des 20-24 ans qui a le plus baissé. La scolarité dans le secondaire est le facteur décisif de cette évolution : au même âge, les jeunes mères sont deux fois plus nombreuses chez les femmes non scolarisées. » p 93. « La conséquence est une baisse globale de la natalité. Son taux a diminué de 10 points entre 1974 et 1984 (?) selon les projections, cette tendance devrait s?accentuer dans la dernière décennie du siècle » (DORRIEL- APPRIL, 1998).

Nous pensons que la baisse de fécondité constatée à Brazzaville ne peut pas se justifier sans aucune référence aux effets néfastes de la pauvreté. Pour nous, il est claire que des telles conclusions sont réductrices et n'ont pas tenu compte d'une variable peut être plus déterminant selon nous : la pauvreté. Mais, déjà in Transitions démographique et familiale nous pouvons lire, «si la transition de la fécondité intervient où s'accélère en période de difficultés, ce sont les mutations antérieures en matières d'instruction qui permettent cette évolution » (VIMARD P.).

 

Une connaissance socioculturelle du terrain et notre enquête nous permettent de penser qu'une autre étude doit être menée sur ce sujet afin de vérifier la corrélation Pauvreté - Instruction - Fécondité. Une question nous vient à l'esprit :

 

Dans le cas de Brazzaville, le phénomène pauvreté est - il déclencheur ou accélérateur dans le changement de la fécondité ?

 

Cette question attire notre attention et mérite qu'elle soit prise au sérieux, parce que nous connaissons trop mal les facteurs d'explication de la relation Pauvreté - Fécondité.  

Toutes les questions soulevées dans le cadre notre lecture spécialisée sont autant des problèmes  qui, dans la mesure du possible, trouveront les éléments de réponses dans le cadre spécifique de Brazzaville. Au vu des doutes constatées dans les études empiriques reliées à notre thème particulier nous estimons qu'il est justifier d'entreprendre une nouvelle recherche. La problématique devrait nous aider à mieux aborder notre sujet de recherche.

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8 décembre 2006 5 08 /12 /décembre /2006 15:37

 

 

 

Photob 001 I- OBJECTIFS DE RECHERCHE

         Grâce à la lecture de l’ouvrage général de R. DUMONT, Démocratie pour l’Afrique, nous avons pu trouver les éléments de notre problème. Pour lui, la démographie accélérée du continent africain est la plus grande cause de pauvreté qui  va causer sa faillite. Il soutien que, le problème de pauvreté est lié à la croissance démographique incontrôlée. Dans cette optique, nos objectifs viseront à vérifier le degré de corrélation entre pauvreté et  fécondité. Étant entendu que corrélation n’est pas forcement causalité, nous analyserons, à cet effet, la relation de cause à effet entre pauvreté et fécondité, si relation il y a bien sûre.

 

Toute notre analyse aura pour cadre d’étude le quartier Bacongo. Notre étude est susceptible de fournir des éléments de comparaison avec d’autres études sur la question menées sur d’autres terrains. Elle pourrait, dès lors, contribuer à éclairer le débat politique pour que les discours démographiques soient moins réducteurs et prennent mieux en compte la complexité des phénomènes. Les enjeux d’une telle étude en Afrique noire sont aussi  la nécessité de réinvention théorique et de redéploiement thématique susceptibles d’ouvrir d’autres pistes par une approche qui restitue l’analyse des phénomènes de population dans la problématique du changement social.

Mesurer la pauvreté n’est pas un exercice aisé. Ceci tant du point de vue de l’approche, du point de vue de la dimension ou encore des dimensions utilisées que de la méthodologie d’étude. C’est donc aussi, pour tenter de vulgariser les questions relatives à la pauvreté des ménages, les recherches sur les pauvres que notre travail  va avoir un sens.

 

  II-  LES ELEMENTS DU PROBLEME :

 Le problème s’articule autour de deux concepts : pauvreté et fécondité. La définition du concept pauvreté va nous permettre de dégager les caractéristiques utiles à notre recherche. Ces caractéristiques nous aideront d’isoler analytiquement certains éléments ou axes de recherche associés à notre problème de recherche. De ce fait, nous pouvons articuler deux réflexions générales liées à notre recherche :

 

  ·        Les crises qui secouent l’édifice conjugal ou le ménage notamment la baisse ou le manque de revenus amènent les principaux acteurs du ménage, homme et femme, de tenter des nouvelles expériences pour faire face à ces situations. Nous pensons que ces ménages d’en bas dans leurs nouvelles expériences, que nous nommons stratégies, prennent des décisions relatives à la fécondité.

 

 ·             A supposer que les acteurs du ménage prennent des telles décisions, nous nous attendons à ce que la fécondité prenne un rythme soit dans le sens d’une    accélération ou dans celui d’un ralentissement.

 La question générale de recherche qui nous guidera peut donc être formulée de la façon suivante :  

 Est - ce que les principaux acteurs du ménage se plient à la pauvreté en matière de fécondité ?

 Le terme revenu est déjà plus précis que celui de la pauvreté. Il demeure néanmoins trop  imprécis pour faire un travail sérieux. Il s’avère donc nécessaire de l’expliciter dans notre cadre opératoire en précisant le revenu nécessaire pour couvrir les besoins alimentaires et autres besoins vitaux. Ceci, afin de tracer une ligne de séparation entre pauvres et non pauvres. La deuxième ligne de séparation déterminera les pauvres des très pauvres.

 

  En revanche, la fécondité doit se comprendre dans le sens du nombre d’enfants par femme. Ce nombre détermine la taille du ménage. Ainsi, une fécondité nombreuse se traduit par un ménage élargit encore appelé famille nombreuse. A l’inverse, une fécondité réduite se traduit par un ménage réduit encore appelé famille nucléaire. Le cadre opératoire devra nous aider à délimiter les différentes tailles    .

   En cherchant à préciser les éléments du problème que nous allons étudier nous cherchons à restreindre notre objet d’étude afin d‘avoir un problème spécifique. C’est dans cette perspective que nous avons choisi de traiter le premier problème qui regorgent un autre. Nous tenterons donc de répondre à la question suivante :

 

 Est - ce  qu’en proie au manque de revenus, nécessaires pour assurer les besoins essentiels du groupe, l’homme et la femme, dans le cadre du ménage,  adoptent des tactiques démographiques ?    

 Si oui ?  

 

 Développent - ils un  « malthusianisme de pauvreté » ?

 Ayant limité notre objet d’étude à un seul aspect portant sur la tactique de fécondité des ménages d’en bas face à la précarité monétaire, il s’est avéré dès lors nécessaire d’entreprendre une seconde lecture pour faire le point sur l’état des connaissances accumulées, et vu comment le problème a été abordé par d’autres chercheurs. Cette étape nous a permis aussi de recenser les différentes '' lacunes'' dans les recherches antérieures.

 

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